Chapitre 5

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Je continuais d'avancer en surveillant les ombres. Je savais qu'elles ne seraient pas longtemps la principale chose dont je devais m'inquiéter. Le vent soufflait doucement mais le brouillard ne se dissipait pas. J'essayais de contrôler ma respiration pour apaiser mon cœur, il faut à tout prix que je reste calme, je ne dois pas faire de bruit.

Les apparis ne sont jamais de cet avis. Ce sont les créatures les plus cruelles ici, d'une lâcheté sans pareille. La forêt est plus qu'effrayante ce soir, je ne vois pas au-delà de 5 mètres à cause de cet épais brouillard. Si je suis traquée, je ne peux pas le voir et je ne peux pas toujours compter sur le vent pour m'épargner.

 Je n'ai jamais vu à quoi les apparis ressemblent, mais ils font tout pour que je meurs, pour qu'on me trouve. Leurs sournoiseries causent ma perte à chaque fois. Comment savoir qu'ils sont là ? Ils m'informent toujours en émettant des bruits d'animaux, effleurant les arbres, faisant crisser les feuilles. Ils font tout leur possible pour rajouter à ma terreur. 

Il faut que je sois encore plus vigilante, ils ne contenteront pas de m'effrayer avec leurs supercheries. Si je ne dois pas faire de bruit, ils se transforment en piège à ours ou gibier, broyant ma chair et mes os pour que je hurle et qu'on me trouve. Quand je dois fuir, ils se transforment en toute sorte d'obstacle et de pièges me ralentissant au maximum. Les apparis me blessent mais ne me tuent pas, ils font en sorte que les autres créatures de ce monde s'en chargent.

J'ai de plus en plus peur, les apparis grognent, hurlent à la mort, rient, respirent fort. La pire chose quand on sait qu'on est seule, est d'entendre des voix, des pas, des grognements. J'ai mis beaucoup de temps à comprendre ce qu'ils étaient. Au début, je pensais que quelqu'un était là, encore une créature immonde alors je courais, j'appelais à l'aide et je finissais par être trouvée. 

Ils savent parfaitement imiter des voix, celle de mon frère, d'un ami ou d'un étranger demandant de l'aide, ils m'ont piégé d'innombrables fois grâce à cette ruse mais cette fois je ne suis plus dupe. Ce qui m'inquiète maintenant, c'est qu'ils pourraient imiter la voix du psy.

J'avançais toujours à pas de velours, les feuilles mortes craquaient sous mes pieds mais j'essayais de faire le moins de bruit possible, j'avais froid et mes pieds nus commençaient à me faire mal. Je commençais à trouver étrange le fait que rien ne se soit encore passé quand soudain, je vis une ombre, quelques mètres devant moi. Ce n'est pas un bon signe, elles n'osent jamais me confronter, sauf quand elles sont trop nombreuses.

- Oh Hé ! Il y a quelqu'un ? Demanda l'ombre d'une voix masculine.

Voilà leur premier piège, cette fois les ombres et les apparis se sont associés pour rendre la partie plus intéressante. Les ombres ne parlent pas, elles savent que les apparis s'amusent à me piéger mais qu'ils ne finissent pas le travail. Elles savent qu'ils préfèrent me torturer et laisser les autres finir le travail. S'ils s'associent, c'est que les ombres sont assez nombreuses pour me tuer.

- Je suis perdu et j'ai très peur, supplia la voix. S'il vous plaît, implora-t-il à nouveaux.

Je dois faire demi-tour, mais si je tourne le dos à cette ombre, elle va en profiter et me pousser, elles sont rapides et on ne les entend pas. Si je ne bouge pas, elles m'attaqueront toutes. J'étais en état de panique totale, avancer sans savoir quand la guillotine tombera, sachant que ça peut arriver à tout moment. J'avais du mal à respirer, mon cœur s'était à nouveau emballé mais mon souffle fut coupé quand je sentis celui d'une créature derrière moi. Je me suis donc arrêtée de respirer, les yeux remplis de larmes, attendant la sentence.

- Cours, me dit la même voix masculine des apparis, sans crier, d'une façon sadiquement calme.

Mes jambes ont donc œuvré contre ma volonté, j'ai couru du plus fort que je pouvais. Les rires, les voix et autres bruits des apparis se sont intensifiés, résonnant de plus en plus fort dans cette forêt. Les sons venaient parfois de loin, parfois de tout près, mais je courais du plus vite que je pouvais. 

Je ne voyais rien, mon visage était griffé par les branches, j'étais à bout de souffle, mes jambes et mes poumons me faisaient souffrir mais je n'écoutais plus mon corps. Je ne devais absolument pas m'arrêter de courir, car maintenant, il est réveillé. Le vent s'est levé un peu plus fort jusqu'à souffler de toutes ses forces me donnant raison. Il arrive. Je continuais de courir, me tordant les chevilles, me prenant les pieds dans les racines ou tout autre piège des apparis qui continuaient à rire de plus en plus fort.

 Puis j'entendis ce que je redoutais, le grognement qui n'était pas celui des apparis, le vacarme causé par cette bête dans cette forêt. J'entendais le bruit lourd de chacun de ses pas dans sa course effrénée pour me rattraper. J'entendais ses bruits de plus en plus fort, de plus en plus près, puis je pouvais même entendre son souffle, et enfin sentir l'air chaud s'expirant de sa bouche sur mes jambes nues. Il était juste derrière moi. La forêt n'était plus silencieuse, elle était remplie de bruits diaboliques. J'aurai juré que des tambours retentissaient, augmentant le stress de la situation.

- Cours. Plus. Vite ! m'encouragea le vent en soufflant encore plus fort.

......

- Il. Va. Te. Rattraper ! me hâta-t-il.

......

- Trop. Tard, chuchota à nouveau le vent comme s'il se délectait de mon malheur.


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Vos avis sur les ombres ? Les apparis ? Qu'est ce qui l'a rattrapé selon vous ? 

Ne Ferme Pas Les YeuxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant