Chapitre 41

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Chaque jour, j'avais de plus en plus matière à écrire. Bien sûr il m'arrivait de faire face à des moments sans inspiration mais ils ne duraient jamais bien longtemps. J'avais presque fini mon œuvre salvatrice. Dans le dernier chapitre, je réservais la meilleure partie, comment j'arriverais à quitter cet affreux monde, entre autre comment j'échapperais à mes parents pour toujours.


Un jour, avant de partir à l'école, perturbée par quelque chose, j'ai oublié de fermer ma chambre à clefs avant de partir. Au bout d'un moment, on baisse sa garde. Je l'ai longtemps regretté. Mes parents, sans emplois à cause de leur addiction à la boisson, en avaient profité pour réaliser leur inspection dans ma chambre. Je ne me doutais pas ce jour-là qu'ils trouveraient ma petite œuvre écrite, et je pensais encore moins qu'ils auraient la volonté de la lire jusqu'au bout. Pourtant c'est ce qu'ils ont fait.

Après une longue et difficile journée, je ne m'attendais pas à retrouver mes deux parents dans une colère noire. Ce soir là je fus mutilée, brûlée et frappée. Mon géniteur, dépourvu d'humanité, accomplissait son art devant les yeux impassibles de ma mère. Il me hurlait dessus, mais sous la violence des coups mon ouïe semblait diminuer et mes yeux se fermer.


Tout était si bizarre, tout ce que je venais de vivre ressemblait à un rêve, pourtant j'étais persuadée d'avoir souffert le martyr à chaque coup reçu. Les journées, certains moments, tout défilait à une vitesse et je n'avais pas de souvenir de ce qui se passait entre tout ça.

J'étais consciente que ce n'était pas réel, mais à la fois ça paraissait si vrai, les odeurs, les couleurs, absolument tout, et c'est ça qui me laissait le doute, qui me laissait croire que je vivais vraiment à ce moment toutes ces choses. C'était comme pendant un rêve, je sais que je rêve mais pourtant, j'y crois dur comme fer, même si des choses sont incohérentes, même si le temps passe extrêmement vite.

J'ai repris conscience avec une étrange sensation, quelque chose écrasait mon corps et appuyait sur ma bouche. J'étais allongée sur un sol froid. Un sentiment de panique envahit mon esprit, mon cœur était serré, je peinais à respirer. Puis, sans ouvrir les yeux je reconnu l'odeur du tabac froid qui imprégnait mon géniteur. C'est alors que j'entendis sa voix.

- Ne ferme pas les yeux.


Mon corps se redressa violemment dans un sursaut, toutes mes forces s'étaient réunies, le choc avait réactivé mes muscles. Pourtant l'air qui parvenait à mes poumons me brûlait, et chaque respiration était une torture, mon ventre se tordait en des nœuds finement serrés, causant des crampes insupportables.

Mes muscles étaient crispés et ne répondaient plus, mes yeux étaient grands ouverts, pourtant je ne voyais rien d'autre qu'une lumière dans une pièce blanche, tout était flou. Une ombre se tenait à côté de moi et me parlait mais mon ouïe avait disparue.

Mon cœur venait de m'être arraché, on venait de me transpercer la peau, casser les côtes et après l'avoir poignardé, on me l'a arraché. Jamais je ne me rappelle avoir subi une telle souffrance, et mon âme s'est envolée, laissant mon corps vide et dévasté. Le temps s'est ralenti, et alors que j'étais sûre de ne plus en avoir, j'entendais mon cœur tambouriner, c'est la seule chose qu'il m'était permis d'entendre.

Après plusieurs minutes mes sens se sont mis à fonctionner presque normalement. Pourtant j'avais toujours aussi mal. Mon cœur battait toujours aussi fort mais je pouvais entendre une voix sans déceler de qui il s'agissait, ni ce qu'il me disait. Je sentis alors que j'étais mouillée dans le bas du dos jusqu'au pied.

La personne avec moi me porta et me déposa dans la baignoire avant de m'asperger d'eau froide. J'ai su qu'elle était froide parce que la voix masculine l'avait précisé, mon corps ne ressentais plus rien, ni le froid, ni le chaud.

Il me fallut près d'une heure pour me débarrasser de cet état de choc. Max était revenu et m'avait trouvée par terre. Si j'étais trempée c'est parce que ma vessie avait lâché sous la peur. Il faisait toujours nuit, j'avais pourtant l'impression d'être partie pendant des semaines, mais ceci n'aurait duré qu'une journée.

Ce bain avait calmé les choses mais n'avait pas atténué la douleur, il m'était impossible de parler, des barbelés encerclaient ma gorge. Je ne pouvais pas pleurer non plus, j'étais vide. Un vase vide, brisé. Aucune émotion, aucune sensation ne m'animaient.

Max a pris soin de moi dès lors, tentant par tous les moyens de me faire manger mais je ne ressentais plus la faim et mon corps meurtri rejetait tout. Il dormait avec moi la nuit, je ne devais dormir que quelques heures et mon sommeil était toujours interrompu par des terreurs nocturnes. Néanmoins ces terreurs étaient les seuls moments où je sortais de mon mutisme. Je n'étais plus qu'une épave, et je souffrais à en mourir.

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Le retour à la réalité est difficile pour Laureen.
Max et elle sont toujours à l'appartement loué en ce qui concerne cette scène.
À demain pour les 4 derniers chapitres 👋🏻👋🏻

Ne Ferme Pas Les YeuxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant