Il était évident que je paniquais, je ne voulais absolument pas retourner dans ce monde et encore moins être manipulée par quelqu'un que je ne connais même pas. Ma jambe se mit à remuer frénétiquement sous le stress de cette proposition.
- Calmez-vous, je vais vous poser quelques questions en attendant, vous prendrez votre décision après, vous n'êtes pas obligée de l'accepter, m'indiqua-t-il.
J'ai hoché la tête en signe de réponse, mais l'alternative ne m'enchantait pas, je déteste parler de moi.
- Que faites-vous dans la vie ?
- J'écris des livres pour enfants et des articles, répondis-je sans grande conviction.
- Très bien, votre famille est-elle courant de ce qui se passe ?
- Non.
- Vos parents ne savent pas ce que vous traversez ?
- Non.
- Je vous demande pardon, sont-ils décédés ?
Non.
- Oui.
- Vous aviez de bonnes relations avec eux ?
Au fil de l'interrogatoire, il posait ses questions de plus en plus vite.
- Pas vraiment, nous ne sommes pas restés en contact après mon départ de la maison.
- Vous avez des souvenirs de votre enfance, quelque chose en particulier dont vous vous rappelez.
- Je ne me souviens de rien.
- Vous avez des frères et sœurs ? poursuivit-il sur le même ton monotone.
- J'avais un frère, il est décédé quand j'avais 11 ans, il en avait 7.
- Que s'est-il passé ?
- Un accident d'après ce qu'on m'a dit mais je ne me souviens pas...
- A partir de quand vous n'avez plus de souvenirs ?
- Je ne me souviens de rien qui se soit passé avant que je n'aie quitté la maison de mes parents, admis-je.
- Vous n'avez aucun souvenir de votre enfance ? me demanda-t-il surpris.
- Je me souviens seulement d'un jour où mon père coupait du bois dehors, ma mère cuisinait et ça sentait bon dans toute la maison. Elle fredonnait une vieille chanson, la java bleue car c'était la chanson préférée de sa mère. Mon frère courait dans la maison tirant un ballon derrière lui, faisant résonner son rire dans toute la maison.
- C'est un bon souvenir. Comment vous sentez vous quand vous vous le remémorez ?
- Nostalgique, triste, déclarais-je morose.
Mon interlocuteur marqua une pause pour réfléchir à la façon dont il devait orienter la conversation. Il m'avait posé beaucoup de questions jusque-là et il avait déjà rempli une feuille de notes sur ce qu'il obtenait de moi. L'expression de son visage me laissait comprendre qu'il restait troublé face à mon cas. On aurait juré qu'il regardait un problème de mathématiques impossible à résoudre.
Je pouvais presque lire dans ses pensées rien qu'en analysant son attitude. Les sourcils froncés sur ses notes et sur le rapport, relisant chaque mot deux fois pour bien comprendre. La main frottant sa mâchoire comme s'il voulait en extirper une réponse mais rien. Ses lèvres bougeaient de façon presque imperceptible à chaque mot qu'il lisait. Par où commencer ? Sur quel sujet les recherches doivent-elles être approfondie ?
Je fus surprise de le voir relever les yeux vers moi. Il baissa sa main, et entremêla ses doigts avant de continuer son interrogatoire.
- Quand êtes-vous rentrée dans ce monde pour la première fois ? m'interrogea-t-il, pensant avoir trouvé la bonne voie.
- Aussi loin que je me souvienne, depuis toujours.
- Avant le décès de votre frère aussi ?
- Oui, lui aussi allait dans ce monde.
- Avez-vous vécu un traumatisme, vous souvenez vous d'une terrible sensation, un accident qui aurait pu causer votre perte de mémoire ?
- Pas à ma connaissance.
- Je pense que ce n'est pas anodin que vous ne vous souveniez plus de cette partie de votre vie, voyez-vous, la nature est bien faite, parfois quand on traverse des épreuves insurmontables, insoutenables notre cerveau fait en sorte de limiter les ravages. Pour nous protéger il efface une partie de notre mémoire pour que nous ne revivions plus jamais ce choc si intense, m'expliqua-t-il intrigué. Cependant, il ne l'efface pas vraiment, il place ces souvenirs dans un coffre-fort très bien caché.
Il fit une pause, frottant à nouveau sa mâchoire, réfléchissant aux mots qu'ils devaient employer.
- Cette boîte de Pandore ne peut rester cacher indéfiniment, elle fait tout pour ressortir tôt ou tard, de façon inconsciente bien souvent. Pour certaines personnes, il faut juste un déclic, un événement et ils sont submergé par ces événements affreux qui reviennent à eux, pour d'autres c'est petit à petit. Ce monde est votre boîte de Pandore, l'ouvrir ne rendra pas votre vie meilleure car vous devrez affronter quelque chose d'extrêmement douloureux. Mais ça ne peut pas être pire que ne pas la confronter. De plus, même s'il faudra du temps, vous arriverez à surmonter ce choc, je vous y aiderai. Mais nous avons besoin de savoir ce qu'il s'est passé et pourquoi ce monde est apparu. Pour cela, vous allez devoir m'aider à trouver quel message il veut vous faire passer, révéla-t-il.
Je ne répondis pas, analysant chacun de ses mots pour être sûre de bien comprendre. Il est vrai que jusqu'à présent je ne m'étais jamais vraiment demandé la cause ou l'origine de ce monde, j'avais consacré toute mon énergie à l'éviter. Peut-être avait-il raison sur certains points.
- Vous devrez affronter une nouvelle situation sûrement terrible, mais je ne pense pas que ça puisse être pire que ce que vous vivez dans cet autre monde n'est-ce-pas ? Je pense sincèrement que l'hypnose pourrait nous aider à y voir plus clair. Vous pouvez me faire confiance, je ne cherche qu'à vous aider, se justifia-t-il forçant son air compatissant. Alors, qu'en pensez-vous ?
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Vous avez déjà essayé l'hypnose ? C'est efficace selon vous ?
Je ne suis pas fan de ce chapitre mais pour que ce soit un petit peu crédible je ne pouvais pas plonger dans le cœur du sujet comme ça...
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Ne Ferme Pas Les Yeux
Ficción GeneralMaltraitée durant son enfance par ses parents, Laureen n'a plus aucun souvenir de cette période de sa vie. Un monde ignoble dans lequel elle entre dès qu'elle ferme les yeux se charge pourtant de lui faire revivre toute la souffrance enfouie de son...