Chapitre 8

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L'ennui me gagnait à nouveau dans cette immonde salle d'attente. Il n'y avait rien de nouveau à découvrir, rien pour me distraire. De plus, les personnes présentes avec moi me dévisageaient, sûrement à cause de cette immonde cicatrice qui ornait mon visage à présent. Evidemment, j'étais la dernière patiente, le psy estimant que je suis un « cas particulier » ne souhaite pas imposer de limite de temps à nos consultations.

Le temps s'écoulait effroyablement lentement, augmentant considérablement mon angoisse. Allait-il encore m'hypnotiser ? C'était certain. Allait-il réellement pouvoir m'aider ? Probablement pas mais il était la seule chance que j'avais. Si jamais je réalise que ces consultations ne m'apportent rien, je peux toujours partir.

 Il se faisait tard, le docteur avait près d'une heure de retard qui plus est. C'en était trop pour moi, je mourrais de chaud, à tout moment mes jambes menaçaient de me lâcher et mes tics nerveux avaient repris le contrôle de mon corps. Je songeais sérieusement à partir cette fois, l'accumulation de cette pression n'arrangeait en rien mon état. 

Finalement, le moment fatidique advint. La porte du bureau s'ouvrit, laissant une femme sortir puis le docteur qui m'adressa un grand sourire. Je ne pouvais m'empêcher de penser à cet instant que si j'avais été moins stupide je serai partie avant. Je me suis levée et j'ai serré la main à mon « libérateur » avant de rentrer dans son bureau pour m'installer dans le fauteuil comme si cet endroit m'était familier et que j'y venais souvent. Je redoutais cependant d'avoir droit à une seconde cession d'hypnose.

- Bonjour Laureen, j'espère que vous allez bien, avez-vous dormi la nuit dernière ? commença-t-il d'une voix faussement compatissante.

- Autant que c'est possible, non je n'ai pas dormi.

- Je dois avouer que moi non plus, se confia-t-il, votre cas m'a bouleversé, j'y ai pensé toute la nuit, cherchant à démêler toutes ces informations. Je veux que vous sachiez que rien ne quittera ce bureau, je suppose que vous ne voulez pas que cela s'étende.

- Non en effet, répondis-je stressée.

- Bon, si vous êtes toujours d'accord, j'aimerai que nous retournions dans l'autre monde aujourd'hui. Je pense qu'il faut axer nos séances sur la maison que vous devez rejoindre. J'y ai pensé toute la nuit et je suppose que c'est la clé qui manque pour ouvrir le coffre, qu'en pensez-vous ? m'indiqua-t-il sérieusement.

- Je pense que je n'ai pas le choix, rétorquais-je plus sèchement que je ne l'aurai voulu.

Ma remarque causa chez lui un rire gêné. Je fus amusée à l'idée que si je mourrais dans son bureau, avec toutes ces marques sur mon corps, on penserait sûrement que c'est lui le responsable. Je restais prévoyante et j'avais déjà déclenché l'enregistreur vocal de mon téléphone avant de rentrer dans cette pièce. 

Je n'ai pas eu le courage d'écouter le premier enregistrement, et je n'aurai peut-être pas le courage d'écouter celui-ci non plus. Cependant ça me rassurait de savoir que ce qu'il se passe, pendant que je suis dans l'autre monde, ne peut pas m'échapper.

Je savais qu'il allait falloir retourner là-bas et je fus prise d'une grande panique. Il fallait à tout prix que je gagne du temps, que je trouve une excuse pour éviter cela. Je me suis levé d'un bon ce qui surprit beaucoup mon interlocuteur.

- Désolée, j'avais oublié, j'ai une urgence aujourd'hui, balbutiais-je en tentant de remettre mon manteau.

- Ne rentrez pas dans votre carapace, me conseilla le psy, vous pensez que vous agissez pour vous protéger mais vous ne ferez qu'empirer les choses. Je serai avec vous Laureen, quoi que vous traversiez, vous n'êtes plus seule maintenant. Laissez moi vous aider je vous en prie, m'implora-t-il en parlant toujours calmement.

Je me suis alors laissé tomber dans le fauteuil. Je devais être forte, au moins pour aujourd'hui, après je ne reviendrai jamais me promis-je. J'ai alors déplié mes jambes pour les allongées sur le divan, j'ai posé mes mains sur mon ventre, respiré un grand coup et j'ai fermé les yeux. Le docteur n'a pas eu le temps de réciter son charabia, j'étais déjà dans l'autre monde. Le vent glacial venait frapper mon corps. Je pris alors une grande respiration et j'ouvris les yeux pour faire face à la forêt.

- Comment est le décor Laureen ? Il y a du brouillard ?

Il y avait un léger brouillard oui, bien moins épais que la dernière fois, je n'ai pas tardé à voir la lumière que je devais suivre. Le vent vint alors souffler sur les arbres pour murmurer à mon oreille.

- Ne.Fais.Pas.De.Bruit.

J'ai donc posé un pied devant l'autre pour suivre ma quête, en faisant attention de me déplacer toujours à pas de velours. Cette fois je marchais d'un pas plus rapide, le brouillard n'obstruait plus ma vision. Les ombres ne tardèrent pas à me suivre.

 Pour l'instant, il n'y en avait que trois, mais elles prospéraient vite, je le savais. J'ai continué de marcher encore, pendant longtemps sans que rien ne se passe. Il régnait un silence de mort et ça ne présageait rien de bon. Les apparis ne s'étaient pas fait entendre ce qui me paraissait suspicieux, mais il fallait que je reste attentive, ce ne sont pas les seules créatures que je dois redouter. La forêt pouvait parfois être interminable, je marchais des heures, sans jamais en voir le bout. Mais cette fois, ce n'était pas le cas. 


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A votre avis, sur quoi Laureen va tomber cette fois ? 

Ne Ferme Pas Les YeuxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant