Chapitre 27

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J'avançais à pas de loup, me mouvant lentement, craignant des pièges imaginaires, une latte qui se dérobe, un lustre qui tombe. J'avançais craignant de voir un fantôme. Sans m'en rendre compte, j'avais posé ma main droite sur le mur, et je la laissais glisser sur celui-ci au fur et à mesure de ma progression.

 Peut-être espérais-je que mes doigts percent les secrets des cloisons, comme pour faire chanter le plâtre, leur faire délivrer les secrets. Rien ne me revint, la même odeur de renfermé flottait dans la maison, les meubles figuraient intactes, la décoration aussi. Le journal du jour était posé sur la table à côté de lunettes. 

Je me sentais étrangère à cet endroit, je ne le voyais plus de la même façon. Dans la cuisine, la cafetière avait gardé un peu de café avec elle, un peu de désordre s'était installé mais rien qui ne laissait présager la mort. J'eus alors un frisson. Si jamais je retrouvais leur corps ? Traversant les pièces tel un fantôme, j'arpentais la maison à la recherche de souvenir. 

Je suis montée et j'ai découvert avec stupeur que nos chambres n'avaient pas bougé, celle de Noah et la mienne. Le mot que je leur avais écrit pour annoncer mon départ figurait toujours sur mon lit. Pourquoi j'étais partie aussi vite ? Sûrement pour échapper à l'atmosphère nocive qui règne dans cette maison. 

Je suis de ceux qui pensent que les maisons ont une âme, elles gardent les secrets, renferment des énergies, celle-ci ne dégageait que des ondes négatives. J'avais la sensation qu'elle m'observait, que tous les matériaux qui la composait retenaient chacun de mes pas, de mes mouvements, se nourrissaient de mes émotions. 

Revenue dans le couloir après avoir inspecté mes affaires de jeunesse sans trouvailles concluantes, je me suis retrouvée devant la porte de la chambre de mes parents entre ouverte. 

Avec une lenteur pesante, j'ai délicatement poussé la porte, essayant de faire le moins de bruit possible. Je fus soulagée de ne trouver aucun corps mais déçue du spectacle vide de cette chambre. Le lit était fait, rien ne dépassait, aucune vie n'émanait de cet endroit. L'étage ne m'offrant rien, je descendis pour chercher un album photo dans les meubles du salon.

 Je dus me rendre à l'évidence après un certain moment, il n'y avait rien. J'ai alors tout remis en place comme à mon arrivée. Puis je suis sortie, refermant doucement la porte, laissant cette maison regagner son silence lugubre.

Je refis le tour pour rejoindre Max qui était resté sur ses gardes. Il prenait son rôle à cœur puisqu'il avait sursauté à l'entente de ma voix.

- Il n'y a rien, balançais-je dépitée en continuant d'avancer.

- Vraiment, aucun souvenir ? Demanda-t-il en emboîtant le pas.

- Rien.


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Laureen va-t-elle à nouveau baisser les bras ? 

Vous pensez qu'elle va revoir ses parents ? 

Ne Ferme Pas Les YeuxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant