Chapitre 10

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Je me suis à nouveau réveillée dans cet état de paralysie horrible, essayant de bouger, crier et respirer sans le pouvoir. Mon corps réagit enfin, et le psy jusqu'alors en état de panique souffla un bon coup. Il se laissa tomber dans son fauteuil en frottant nerveusement son visage à l'aide de ses mains comme pour chasser ce qui venait de se passer. 

Je me suis redressée dans le but de mieux reprendre ma respiration. L'homme en face de moi se leva ensuite, alors que je pensais qu'il allait encore partir se rafraîchir, je fus surprise de le voir se déplacer vers une armoire au fond de son bureau. Il sortit alors un deux verres et une carafe à whisky. Il les pose sur la table et les remplis d'un quart chacun.

- Je ne bois pas d'alcool, intervins-je perplexe en fixant la carafe.

- Que se passe-t-il ? demanda mon interlocuteur en voyant ma fixation sur le liquide.

- L'eau de la rivière est un peu de cette couleur, remarquais-je doucement.

Le psy alors se rassit et se saisit de mon dossier et de son stylo pour le noter. Il se pencha ensuite pour attraper son verre et le boire d'une traite. Il massa ses tempes et me tendit une feuille et un crayon de mine. Je ne lui ai pas laissé le temps de parler, comprenant ce qu'il allait me demander et j'ai dessiné un démon d'eau.

- Avec tout ça, je vais commencer à paniquer quand il fera un peu sombre, plaisanta-t-il mal à l'aise.

Je ne répondis pas me contentant d'essayer de rendre le dessin le plus réaliste possible. Une fois fini, je lui tendis et il l'analysa assez longuement à mon étonnement. Il le rangea avec les autres et s'en remit à moi.

- Nous allons procéder comme hier d'accord ? Cette fois les apparis et l'ours ne sont pas intervenus au moins. Cependant les ombres sont un vrai problème, il n'y a rien qui les fasses fuir ?

- Elles ont peur de tout, de moi aussi quand elles sont face à moi mais pas de dos, m'exprimais-je encore un peu chamboulée.

- La prochaine fois nous y prêterons davantage attention, je pense qu'il faudrait vous retourner plus fréquemment pour vous assurer de leur position, me conseilla-t-il.

- Facile à dire, rétorquais-je vexée.

- Je vous le rappellerai, dit-il en ignorant la hargne de ma réponse, en attendant nous allons creuser sur cette rivière, que pouvez-vous rajouter ?

- Parfois il peut y en avoir plusieurs, je pense que j'ai tout dit quand j'étais dans l'autre monde.

- Il y a toujours des corps qui flottent ?

- Ils ne sont jamais très nombreux, à vrai dire, ils passent toujours en groupe de 5, plus ou moins grands. Je ne les vois pas à chaque fois.

- D'âges différents donc ?

- Oui, la majorité sont petits, entre 6 mois et 1 an je dirai. Il y en a juste un beaucoup plus grand, mais c'est celui qui passe toujours le plus loin, je ne peux donc pas en être sûre. Il ne s'agit peut-être que d'une illusion d'optique, clarifiais-je.

- En ce qui concerne les démons d'eau, ils sont toujours présents ? Vous n'en voyez jamais nager ?

- Ils sont toujours présents oui. Non, ils reposent tout au fond de l'eau comme des feuilles mortes, une fois j'ai marché sur l'un d'eux, depuis je râpe le sol à chaque pas.

- Je pense que nous en avons assez pour aujourd'hui, écourta-t-il, je vous remercie et on se donne rendez-vous ici demain à la même heure.

J'ai hoché la tête un peu surprise et me suis levée pour partir, étrangement soulagée. Savoir que je ne suis plus seule à connaître l'existence de ce monde me rassure un peu, c'est comme si plus j'en parlais, plus il perdait de son pouvoir sur moi.

***

La semaine s'est poursuivie, les séances journalières ont continuées nous ramenant toujours à un échec total. Je me décourageais de plus en plus. J'ai dû faire face à de plusieurs échecs et des désaccords sont nés avec le psy. Un jour où j'ai réussi à me déjouer des ombres, je fus revenue à une rivière où se situait une barque.

 Le psy, estimant tout connaître de ce monde où il n'avait jamais mis les pieds m'incita à la prendre car il était persuadé que je progressais et que ce monde s'affaiblissait. Il s'agissait là d'une œuvre des apparis encore une fois.

Ils m'avaient déjà dupé le jour d'avant en se transformant en piège lors d'une course poursuite avec l'ours. Je n'ai pas fait attention où je posais mon pied dans ma lutte pour survivre et le piège s'est refermé sur moi, broyant ma chair et mes os. J'ai hurlé de douleur et l'ours a ainsi pu me rattraper.

Je suis donc montée dans cette barque, contrainte, et je crus un instant m'être trompée quand j'eu presque traversé la rivière en ramant. Mais le choc fut brutal quand la barque s'est dérobée sous moi me faisant tomber dans l'eau et mourir à nouveau sous l'œuvre des démons d'eau.

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Que pensez vous de ce chapitre, un peu ennuyant ou ça va ? 

Ne Ferme Pas Les YeuxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant