Nous n'avons pas refait de séances d'hypnose car le psy pensait qu'il serait mieux de travailler en parallèle sur mes souvenirs d'enfance. Le problème c'est que je n'avais aucun souvenir. Je n'étais pas satisfaite de la façon dont le psy voulait gérer les choses. Le procédé me paraissait trop lent et sans résultats.
J'ai alors choisi, dans mon impatience, de travailler davantage sur le mal qui me ronge sans son aide. Je continuais les séances mais je ne m'impliquais plus autant. J'avais fait développer les dessins que j'avais photographiés pour les accrochés sur le mur de mon bureau. Je les avais bien espacés pour pouvoir faire des liens et noter les souvenirs qui correspondent. J'avais également rajouté des éléments que je n'avais pas dessiné.
Cela m'avait pris une journée pour bien organiser les choses. J'espérais que la mémoire me reviendrait plus facilement mais je fus déçue de constater que rien n'est survenu. Rien du tout, j'avais accentué certains souvenirs autour de l'école mais le reste de ma vie demeurait un mystère, j'avais des images floues. Le fait de ne pas me souvenir me rendait de plus en plus nerveuse, le manque de sommeil jouait énormément aussi.
Face à ce néant qui me désolait, j'ai dû me résoudre à m'impliquer davantage dans mes séances chez le psy. J'avais attendu deux heures dans la salle d'attente, la seule chose qui m'avait fait rester était ma volonté absolue de connaître la vérité.
Désormais la boîte de pandore était trouvée, n'attendant plus qu'à être ouverte. Ça devenait une obsession, j'avais besoin de savoir, c'était viscéral. Maintenant que j'avais mis un pied dedans, maintenant que j'avais trouvé ce coffre enfoui que mon cerveau a pris le soin de cacher, il me tardait de l'ouvrir, peu importe le mal qu'il contenait, il ne pouvait pas être pire que celui que je vis.
D'autant plus que l'anniversaire de la mort de mon frère approchait. Quand je fus enfin dans le bureau du psy, lui aussi semblait un peu lassé par mon cas, nous n'avions pas trouvé de réponses depuis les ombres et les apparis et cela l'agaçait presque autant que moi. Il a alors décidé de retenter l'hypnose, provoquant chez moi un étrange soulagement. Le fait de partager mon calvaire avec quelqu'un me rassurait peut-être. J'avais l'impression de ne pas être folle. Enfin, le moins qu'il m'était possible de l'être.
J'ai fermé les yeux, la rage au ventre. Je voulais en finir avec tout ceci. Je ne voulais plus jamais avoir à remettre les pieds chez ce thérapeute, ne plus jamais entrer dans ce monde. Je ne veux plus être la personne que je suis, la personne qui se cache, qui fuit ses démons.
Je suis arrivée dans ce monde, plus déterminée encore à atteindre cette foutue lumière. Comme devenue accroc je ressentais ce manque, le manque de la sensation qui m'a envahi quand je me suis rapprochée de la maison. J'avais besoin de la voir encore, de sentir l'air qui se réchauffe autour de celle-ci. J'en avais besoin plus que tout au monde.
Un pas après l'autre, hypnotisée par la lumière qui s'amplifiait à chacun de mes mouvements, mon cœur ne me soufflait qu'une envie, courir la rejoindre. Je ne pouvais cependant pas commettre d'imprudence. J'avais été tellement obnubilée par cette lumière que je n'avais pas prêté attention au vacarme des apparis.
J'avais gardé un œil sur les ombres mais elles ne m'inquiétaient plus vraiment. A vrai dire elles me semblaient affaiblies, elles se déplaçaient moins vite. Perdaient une à une l'intérêt de me suivre. Je compris alors qu'elles ne seraient plus un problème. J'avais trouvé qui elles étaient, j'avais trouvé leur faiblesse.
Elles n'ont plus de pouvoir sur moi. Fallait-il que je fasse de même pour les autres créatures pour enfin atteindre la maison ? Représentaient-elles toutes un monstre de mon enfance ? Je n'en savais rien, tout ce qu'il fallait en l'instant était d'approcher encore de cette maison pour délivrer un peu plus mon cœur, pour me sentir vivre à nouveau, libérer mon cœur et mon âme de toute cette souffrance, de ce mal qui m'oppresse.
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A votre avis, que renferme la fameuse maison d'où émane la lumière qui la guide ?
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Ne Ferme Pas Les Yeux
General FictionMaltraitée durant son enfance par ses parents, Laureen n'a plus aucun souvenir de cette période de sa vie. Un monde ignoble dans lequel elle entre dès qu'elle ferme les yeux se charge pourtant de lui faire revivre toute la souffrance enfouie de son...