Chapitre 24

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Un peu paniquée et pour je ne sais quelle raison, j'avais jeté mon téléphone sur le canapé, comme s'il m'avait brûlé les mains. La sonnerie s'est stoppée, coupant ma peur aussi mais mon cœur ne ralentit pas. 

J'ai alors saisi l'appareil en question et je l'ai regardé un instant, ne sachant pas quoi faire. La sonnerie retentit à nouveau me faisant sursauter au passage. Cette fois, avec une main tremblante, j'ai décroché.

« - Allô, Laureen ? »

Je fus soulagée d'entendre sa voix, une partie de moi pensait que sa femme aurait été capable de m'appeler.

« - Oui ? répondis-je faiblement.

- C'est Max, écoute, je n'arrête pas de repenser à hier et je pense que si tu es venue chez moi ce n'est pas par hasard. Comme tu n'as pas le courage de me demander je ne vais pas te laisser le choix. Je vais t'aider, affirma-t-il.

- Comment ça ?

- Tu habites toujours à la même adresse ? demanda-t-il ignorant ma question.

- Oui.

- J'arrive, je t'expliquerai en face. Tu n'as pas intérêt à te sauver ou ne pas m'ouvrir. A tout de suite. »

Il me raccrocha au nez, ne me laissant pas le temps de lui demander de remettre à plus tard sa venue. J'étais quelque peu chamboulée par sa détermination soudaine. Autrefois, il m'avait laissé partir sans poser trop de questions, il avait juste accepté et tourné la page.

Quinze minutes d'angoisse passèrent avant que j'entende le bruit de la sonnette. J'ai pris le temps de m'arrêter devant un miroir pour remettre mes cheveux en place avant de lui ouvrir. Il m'accueillit avec un sourire franc, et il brandit fièrement un petit sac contenant des pâtisseries. 

Il ne me laissa pas le temps de lui proposer d'entrer, il avait fait un pas en avant, m'obligeant à reculer. Il analysa rapidement l'intérieur de ma maison avant de retirer son écharpe et son manteau pour venir les caler sous son bras.

- Tu as changé pratiquement tous tes meubles, remarqua-t-il étonné.

- Oui, un peu de changement ne fait pas de mal, mentis-je.

Bien sûr que j'ai changé mes meubles, j'ai complètement détruit les anciens.

- Je t'ai ramené des macarons, tu adores toujours ça ? Dit-il en réhaussant à nouveau le sac pour accompagner ses paroles.

Je fis oui de la tête avant de l'inviter à s'installer sur le canapé et de le débarrasser de ses affaires. En bonne hôtesse, je lui ai proposé à boire et j'ai ramené des assiettes pour qu'il n'y ait pas de miettes. Je m'assis en face de lui attendant qu'il avoue ses intentions. Mais il se servit à manger avant de parler. Je fis alors de même pour ne pas le froisser, après tout l'intention était touchante. J'étais encore plus ravie en m'apercevant qu'il avait pris soin de sélectionner mes parfums préférés.

- J'ai préféré prendre ça parce que je me doutais que tu aurais déjà pris ton petit-déjeuner, m'expliqua-t-il.

- C'est parfait !

Un petit silence s'installa, aucun de nous ne savait comment aborder les choses et après tout ce temps nous ne savions plus trop comment nous comporter en compagnie de l'autre.

- Merci de m'avoir laissé entrer, déclara-t-il avant de prendre son verre pour boire, je pensais que tu ne m'ouvrirais pas.

J'ai ris un peu gênée de sa remarque, c'est vrai que j'avais un peu hésité.

- Bon, alors quel est le plan ? poursuivit-il en souriant.

- Pardon ?

- Par où on commence ? On se rend chez tes parents ?

J'eus une sorte d'électrochoc, ça faisait des années que je ne m'étais pas rendue chez mes parents, ni même dans la région où ils sont. Mais ce qui me surpris le plus fut le « on ». J'ai dû faire une moue bizarre car il se sentit obligé de développer.

- Ecoute Laureen, je te l'ai déjà dit mais si tu es venue chez moi ce n'est pas par hasard, répéta-t-il. C'est que tu as écouté la pulsion qui te disait que je pourrais t'aider. J'ai été un peu idiot de réagir comme je l'ai fait mais il faut avouer que tu n'es pas facile non plus. Il y a des années j'ai baissé les bras alors que tu avais besoin de moi. Je ne referai pas la même erreur.

Il avait accompagné ses mots d'un regard sincère et rempli de remords. Après tout sa présence m'avait toujours apaisée, et Max est bien la seule personne qui a réussi à m'apprivoiser. 

- Mes parents n'habitent pas dans la région Max, on ne peut pas faire l'aller-retour dans une journée, déclarais-je tentant inconsciemment de le faire abandonner.

- Je me souviens.

- Et donc ?

- Ça ne change rien, tu ne te débarrasseras pas de moi, affirma-t-il avec un grand sourire.

- Ta femme n'y voit aucun inconvénient ? M'assurais-je voulant savoir dans quoi je mettais les pieds.

- Laura ne le sait pas, je lui ai dit que j'avais un congrès dans un autre pays pendant deux semaines et peut-être plus, avoua-t-il un peu honteux.

- Je ne veux pas créer de problème.

- Laureen, arrête de trouver tous les prétextes pour que je laisse tomber. Plus vite on aura réglé cette histoire et moins il y aura de problème. Alors tu vas chercher tes affaires, prends de quoi tenir plusieurs jours et on est parti.


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