Aurélien n'arrivait pas à dormir. A cette heure-là, quand les petites heures du matin n'étaient pas encore arrivées, il traînait dans sa chambre sans arriver à trouver le sommeil. Ennuyé, il avait frappé à la porte de son frère et ils étaient partis tous les deux dans l'herbe fraîche du jardin.
— C'est beau hein.
— Ouais. Mais on se les gèle un peu, tu trouves pas ?
— C'est les risques du métier. T'as des clopes ?
— Euh ouais, sur moi, en plus, t'as de la chance, avait affirmé Nico en palpant son jean, mais par contre je crois pas que ce soit une bonne idée.
— Steuplé...
— Bon d'accord. Mais juste une. La seule des vacances.
Nico avait sorti deux cigarettes et son briquet BIC rouge. Il avait laissé son frère allumer la sienne et s'était allongé au sol, dans l'herbe brûlée. Le blond l'avait rejoint à peine quelques secondes après.
— La vache. Ça fait du bien.
— Tu l'as dit. C'est cool, ici le soir, remarqua Nicolas
— Ouais. J'aime bien venir au milieu de la nuit. C'est calme.
— On se fait chier, quand même, tu trouves pas ?
— Ben non. Moi j'suis bien avec Jérémie. C'est juste toi.
— 'flemme de suivre ce tocard partout où il se fourre.
Nico n'appréciait pas vraiment son cousin. C'était un crâneur avec ses cheveux noirs bouclés qui amadouaient les meufs du coin. Tout ça parce que son père avait des origines sud-américaine et qu'il en jouait pour charmer les filles. Ce côté espiègle qu'il arborait sans cesse le saoulait. Et il était un peu jaloux aussi. Parce qu'à seize piges, Nicolas ressemblait à un de ces puceaux nerds, alors qu'on aurait pu donner la majorité à ce môme. Nico en faisait une affaire purement personnelle.
Finalement, ils s'étaient quittés et chacun était rentré dans sa chambre.
Le blond n'arrivait toujours pas à saluer le marchand de sable. Le réveil sur sa table de nuit en chêne devait indiquer des heures pas possibles. Il y jeta un coup d'œil. Trois heures. Il allait en chier le lendemain quand Jerem allait l'emmener dans ses escapades pas possibles. En plus, il avait encore ce goût pâteux du tabac dans sa bouche. Ça puait, il le savait. Il récupéra sa lampe poche à piles et parti en direction de la salle de bain pour se rincer le visage. Dans le miroir, il observa son faciès. Ce n'était pas comme s'il passait son temps à se regarder. Il ne le faisait pratiquement jamais, d'ailleurs. Le seul miroir de sa maison était dans la chambre de ses parents et il n'y allait que pour les grandes occasions où il devait se peigner où vérifier que sa seule chemise n'était pas devenue trop petite, avec le temps. Ses cheveux avaient viré au gras. Il ne les avait pas lavés depuis un moment. Ses yeux étaient larmoyants, et ses boutons d'acné prenaient de l'ampleur. Il ressemblait de plus en plus à une calculette. Il demandera à sa mère de lui acheter une crème à la pharmacie pour la rentrée.
Il fallait vraiment qu'il dorme. Par précaution, il se décida à faire ses dents pour la deuxième fois de la soirée pour masquer l'odeur forte de la cigarette qui restait. Il entreprit de faire le moins de bruit possible, dans le noir, à regarder par la petite fenêtre les arbres qui restaient statiques en entendant de temps à autre le bruit des hiboux qui hululaient. Il retourna dans sa chambre sans trouver le sommeil, regardant par la fenêtre ce qui se tramait au-dehors. Au bout d'un temps qu'il n'aurait pu mesurer, où il oscillait entre contorsions dans son lit et plages de lecture du Club des cinq qu'il avait déjà lu des dizaines de fois, il jeta un regard par la fenêtre. Le soleil commençait à se lever.
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Et ils danseront dans les ténèbres
General FictionAurélien a quatorze ans, quelques réflexes de grand et une bande de potes soudée avec qui il passe ses journées dans le parc de son quartier marseillais. Quatre gamins qui regardent le foot avec admiration en jonglant entre les cours, les amis et la...