49. Peur

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Katsuki avait le goût des lèvres sucrées d'Eijirô sur les siennes, il se mordilla la lèvre inférieure en pensant aux surprises qu'Eijirô pourrait lui offrir à son retour.

Il revoyait ses mêmes lèvres sucrées sucer son membre ardemment, sans que ses yeux ne l'eussent quitté une seconde.

Un véritable plaisir, un plaisir qu'il avait envie de goûter à nouveau, une nouvelle addiction.

Mais de celle-ci, non jamais, au grand jamais,
Il ne pourrait s'en passer.

Il se balançait sur sa chaise en jetant un regard lasse les exercices qu'il venait de terminer en un rien de temps.

Leur professeur n'avait rien de plus intéressant à leur donner ?

Quelque chose qui les mettrait sur le cul.
Qui ferait chauffer leurs cerveaux jusqu'au mal de tête.

Quelque chose qui leur donne l'envie de se donner à fond.
De se surpasser.
D'utiliser toutes leurs connaissances.

C'était si facile.
Trop facile.
La vie n'était-elle pas un long chemin de challenge ?

Ou fallait-il s'inventer ses propres challenges ?

Et s'il arrêtait de prendre ses pilules ?
Son cœur rata plusieurs battements tandis qu'il sentit la nausée le prendre d'un seul coup.

Sa main serra son stylo et sa mâchoire se contracta, un goût métallique envahit sa bouche.

Dégueulasse

La vérité était que Bakugô avait peur.
Peur de devenir un Surplus.
Perdre ce qui faisait de lui un Élu.

La mort était peut-être la seule chose qui l'effrayait,
Après le fait de perdre Eijirô.

Cette faim qui lui avait rongé l'estomac.
Ce souffle qui était devenu plus court.
Son beau corps d'Apollon qui s'était amoché.

Il ne pourrait pas recommencer.
Cette expérience l'avait brisée.
Avait été un choc trop grand pour son âme.

Il avait essayé.
De s'abandonner totalement.
D'arrêter cette absurdité et de comprendre le fonctionnement de ses ancêtres.

Qui profitaient pleinement de leurs vies puisqu'ils ne vivaient que dans les environs de quatre vingt dix ans.

Mais voilà, au lieu de lui ouvrir les yeux sur le monde.
Cette tentative lui avait noué l'estomac.

Eijirô ressentait-il cela tous les jours ?
Appréhendait-il constamment la mort ?

~~~

Momo et Mina discutaient, la rose écoutait difficilement ce que lui révéla la brune.

Des Surplus qui tentent de s'échapper.
Impensable, surtout venant de filles timides comme Kyoka et Tsuyu.

Mina ne comprenait pas pourquoi elles voulaient partir et surtout pourquoi Tōru suivait leurs bêtises. L'internat les avaient accueillies à bras ouverts.

Avant elles n'avaient rien.
Elles n'avaient pas de maison.
Une famille certes, mais une famille qui souffrait.
Qui tous les jours devait se battre pour trouver de quoi taire les hurlements de leur estomac.

Qui souriait le jour mais pleurait tous les soirs.
Qui essayait de garder la face haute mais qui pourrissait comme des fruits de jour en jour.

Tōru était-elle à la recherche d'un idéal ?
Pourquoi continuer de rêver ...?
Pourquoi en vouloir toujours plus ?
Ce que l'on lui avait offert n'était-il donc pas suffisant ?

Les deux amies étaient comme des sœurs et souvent celles-ci s'étaient imaginées dans la peau de Légales.
Mais en grandissant, Mina avait chassé ces rêves.
Tandis que Tōru continuait d'y rêver.

De dévorer des yeux les vitrines lorsqu'elles pouvaient sortir de leur internat-prison.

« C'est stupide....Elles ne peuvent pas s'échapper, elles le savent très bien ! » Déclara Mina

« Hum...Je ne sais pas...Regarde Akashi....Il a disparu....Et plus personne ne parle de lui depuis...»  Répondit la Déléguée

« Non...Ce n'est pas pareil...Madame Toga s'est occupée de lui....Il est mort Momo, je sais que c'est difficile à entendre, mais c'est comme ça.» Poursuivit la jeune femme aux pupilles jaunâtres

« Oui....Sûrement...Mais il connaissait un moyen de s'échapper...De partir d'ici...Et il voulait que je m'en aille avec lui.» Révéla la plus grande

« Sérieusement ?» Questionna l'adolescente aux cheveux courts, la bouche grande ouverte

« Oui, mais j'ai refusé. »

« Et il t'a dit où se trouvait cette fameuse sortie ?» L'interrogea sa confidente

« Non, il m'avait juste dit de le rejoindre dans la cantine, mais je ne suis jamais venue.»

Elles se turent quand les autres filles entrèrent dans la chambre. L'ambiance était lourde et peu agréable, les petits secrets qu'elles se racontaient la nuit s'était effacés, tout comme les histoires qu'elles se racontaient et les petits ricanements qui se faisaient entendre lorsque Mina faisait des blagues.

Mina ferma les yeux en regardant une dernière fois Kyoka, elle ne pouvait s'empêcher de penser qu'elle avait sa part de responsabilité dans cette histoire.

Et que son ex petite-amie était devenue comme cela à cause d'elle.
Et de tout le mal qu'elle lui avait fait.

Chacun son histoire ✔️Où les histoires vivent. Découvrez maintenant