Chapitre 5

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— Sweetheart ?

Mes doigts se figent sur les touches du piano dans une note aigüe à en réveiller les morts. Je relève la tête vers mon père et me force à lui sourire avant d'arrêter. C'est trop dur.

— Je peux entrer ?

J'hoche la tête et il rentre dans ma chambre à pas de loup.

Je l'observe du coin de l'œil et constate pour la première fois en deux ans qu'il est vraiment différent des souvenirs que j'ai de lui. Ses cheveux bruns sont parsemés de quelques mèches grises et il a légèrement laissé pousser sa barbe, mais ce n'est rien à côté du sourire sincère qu'il affiche en permanence. Le sourire d'un homme heureux et amoureux. Un homme que je ne connaissais pas.

Il s'assoit à côté de moi sur le piano et m'attrape délicatement les mains avant de les guider sur les touches.

— Te souviens-tu de la comptine que je te chantais pour te consoler quand tu étais petite ?

Je fronce les sourcils et il se racle la gorge avant d'entamer un couplet :

Ferme les yeux, ma douce enfant,

Écoute mon chant.

Ferme les yeux et écoute ton cœur qui palpite.

Écoute-le battre si vite.

Écoute-le battre si fort, oui tu es en vie,

Alors souris.

Ferme les yeux et laisse-le te guider.

Il est ta boussole dans l'obscurité.

Écoute-le, il a toujours raison.

Si tu perd ton chemin, il te guidera vers ta maison.

Tout deviendra possible si tu le suis.

Si tu suis...

Oui, si tu suis ton cœur.

Sa voix s'éteint, la dernière note retentit et je rouvre les yeux. Mon père me sourit à pleines.

— Tu ne m'as jamais chanté cette chanson, l'accusé-je.

Il hausse un sourcil et sourit malicieusement.

— Ah oui ? Vraiment ? Mince, je croyais. Tu ne la trouves pas jolie et tellement... vraie ?

Je plisse les yeux et le regarde partir avec la sérénité de quelqu'un qui a un coup d'avance sur toi. Alors qu'il s'apprête à sortir, je le rappelle :

— Papa ?

Il pivote vers moi, la mine sérieuse.

— Oui, ma princesse ?

Mackenzie qui passe dans le couloir à ce moment-là, hurle :

— Je croyais que j'étais ta seule princesse ! Sale menteur !

On pouffe puis il reprend son sérieux.

— Je t'écoute.

— Papa, et si notre cœur est détraqué ? Comment on sait s'il ne fait pas une erreur ?

Il me sourit tristement.

— Le cœur ne fait jamais d'erreur.

— Bien sûr que si ! C'est le cerveau lui qui ne fait jamais d'...

— Non, me coupe mon père. Il y a deux ans, quand tu m'as appelé, ton cerveau, il t'a bien dit de ne pas le faire ? Tous les papiers prouvaient que tu devais rester loin de moi. Mais ton cœur lui, il savait la vérité. Et regarde où il t'a guidée, Belle. Il t'a menée à ta maison, ta famille. Et même si parfois c'est dur, tu es heureuse ici.

Et puis au pire... Je t'aime [T2 TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant