Chapitre 11

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Sorry~Justin Bieber

Je rejette l'appel. En deux ans, ma mère ne m'a appelée qu'une dizaine de fois, et si j'ai bien retenu une leçon, c'est que ça finit toujours mal. La première fois, j'ai détruit le Mac de mon père, la seconde, elle m'a tant énervée que j'ai demandé à Lei de pirater le Facebook de ma mère pour poster des photos ridicules d'elle. Même si cette douce vengeance me fait à chaque fois sourire, ce n'est qu'une faible compensation comparait à toutes les fois où j'ai dû consulté un psychologue après nos conversation.

Mon téléphone retentit à nouveau et je finie par décrocher :
— Si t'appelles pour me critiquer, tu peux aller te faire voir !
Un silence me répond avant que la voix de ma mère n'emplisse l'ascenseur :
— Ravie de voir que tu n'as pas perdu ton mordant.

Je soupire puis me relève. C'est comme si j'entendais déjà sa voix me dire de me tenir droite.
— Pourquoi appelles-tu ?
—Oh... heu... juste pour savoir si tu vas...
— Si je vais avoir mon diplôme ? C'est déjà fait, tu peux cocher cette case de ta liste, ne t'inquiète pas, coupé-je sèchement.
— Non... c'est pas ça ! Je... est-ce que tu... vas bien ?

J'écarquille les yeux, ahurie. Ma mère qui hésite et prend de mes nouvelles !? Soit elle est gravement malade, soit elle a mis au point un nouveau plan de manipulation.
— Parce que ça t'intéresse maintenant ?
— Ça a toujours été le cas... c'est juste que... je...

Je pince les lèvres, en attente de la fin de sa phrase. Mais elle n'arrive pas. Au lieu de ça, je l'entends éclater en sanglots, un sons qui m'est étranger la concernant. Si insolite que je ne sais pas quoi faire. Je me contente de l'écouter pleurer pendant plus de deux minutes. C'est si long que je suis contrainte de demander à l'ascenseur de m'emmener au trentième étage pour ne pas débarquer au bureau avec ma mère qui pleure au téléphone.
— Maman, je... je suis au travail. Je vais devoir te laisser.
—Non ! s'écrit-elle. Je veux dire... ne me laisse pas. Pas déjà.
J'inspire calmement.
— Qu'il y a t-il ?
— Tu me manques, Belle.
Je fronce les sourcils, étonnée de l'entendre m'appeler par mon surnom. Elle s'y est toujours refusé. C'est la première fois qu'elle le fait.
— Je ne te crois pas.
Je l'entends renifler.
— Et tu aurais bien raison...
Je fronce un peu plus les sourcils, au point qu'ils doivent presque se toucher.

— Je m'en veux de t'avoir fait tout ça... J'ai été si... ignoble.
C'est un euphémisme.
— Je n'aurais pas dû te forcer à être ce que je n'ai pas pu être. J'aurais dû te laisser faire tes propres choix, te laisser vivre...
Un silence s'installe et je l'entends à peine, c'est presque un murmure :
— J'aurais dû me comporter comme une bonne mère.
Je baisse les yeux sur mes mains et cligne des yeux.
— Oui, mais tu n'as rien fait de tout ça. C'est pourquoi je ne reviendrai pas, inutile d'insister.
— Non... ce n'est pas ce que ...
Je soupire puis raccroche. Je ne vais pas me laisser manipuler aussi facilement.
J'inspire puis, dès que l'ascenseur s'arrête au dixième étage, j'entre dans l'espace bureau d'une démarche assurée. Je m'assois derrière mon ordinateur sans prêter attention à Jayden qui me dévisage depuis sa place.
— Tu en as mis du temps. Où étais-tu ?
— Mêle-toi de ce qui te regarde.
— Désolé... mais je t'attendais pour te dire ce que j'ai trouvé. Mais tu n'as pas l'air d'aller bien, ça m'inquiète.
Je me retourne et le fusille du regard.
— Je vais très bien, ça se voit que... mais je ne peux terminer mon mensonge car ma voix part en vrille, me trahissant. Non, ça ne va pas.
— Belle...
— Ma mère vient de m'appeler.
Il fronce les sourcils, un pli d'inquiétude venant barrer son front.
— Que te voulait-t-elle ?
Je secoue la tête.
— Je ne sais pas. Me manipuler pour que je rentre sûrement. Mais elle était si différente que j'ai bien failli marcher.
Il me fixe en silence.
— Que veux-tu dire ?
— Elle a pleuré.
Il écarquille les yeux et se laisse choir dans son siège en sifflant.
— Ah oui... Ça change de son côté frigide.
Je pince les lèvres en me rendant compte que j'en ai trop dit. Pourquoi je me confie à lui ?
— Qu'as-tu trouvé ?
Il fronce les sourcils avant de soupirer.

Et puis au pire... Je t'aime [T2 TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant