La vie vaut d'être vécue

Chapitre 50

PDV MIA

    Je tourne le dos aux personnes curieuses qui regardent la scène et m'enfonce dans les profondeurs du jardin pour essayer de trouver un endroit calme ou discuter. Mon coeur bat à une vitesse incalculable. J'ai peur de ce qu'il va me dire. Je ne sais pas ce qui me ferait le plus mal. Qu'il me dise qu'il m'a vraiment trompé, ou qu'il m'ait caché le fait qu'il a eu une relation sérieuse dans cette ville et avec cette fille.

    Je marche vers je ne sais où, sans me vraiment regarder si Charlie me suit. Je sais qu'il le fait. Après être passé devant un groupe qui fume tout et n'importe quoi, un couple qui s'embrasse très franchement, j'arrive enfin dans un endroit avec personne autour. J'ai l'impression que ce jardin n'a pas de fin. Comment on peut avoir une maison aussi grande ?

    Heureusement pour nous, la lune est assez pleine, elle éclair donc un petit peu. De plus, nous avons aussi la lumière de la maison et des lampadaires (oui, il y en a dans le jardin).

    Je m'assieds dans l'herbe sans avoir vérifié l'état du terrain. Au point ou j'en suis, avoir les fesses sales ou par m'importe peu. Charlie s'assoit à côté de moi. Il ne se met pas trop loin, mais garde une bonne distance quand même. Ne pas pouvoir le toucher alors qu'il soit juste à côté laisse un vide en moi. J'arrache un brin d'herbe et commence à « l'éplucher ». Je ne peux pas rester sans rien entre les mains. Cette situation est beaucoup trop stressante.

    -C'est n'est vraiment pas ce que tu crois Mia.

    J'émets un petit rire totalement faux.

    -C'est vraiment le genre de phrase-type que disent les personnes qui se reprochent quelque chose. Tu n'es pas d'accord ?

    Je n'ose pas le regarder. J'ai peur de voir dans son regard que j'ai raison de m'inquiéter. Ou encore pire, que je n'arrive plus à le comprendre. Il baisse la tête et semble réfléchir à ce que je viens de dire.

    -Je te jure que tu n'as pas de raison de t'inquiéter. Il ne se passe rien entre Lucie et moi. Et il ne s'est jamais rien passé. Enfin rien de sérieux en tout cas. Et tout ça était bien avant que je te rencontre.

    Je reprends ma respiration et me rend compte que j'avais arrêté de respirer depuis un bout de temps.

    -Je ne comprends pas vraiment.
    -C'était au nouvel An. Nous étions chez un ami du lycée et Lucie était là. Elle me tourne autour depuis le début de l'année mais je n'ai jamais vraiment voulu concrétiser avec elle. J'ai lui ai dit plusieurs fois mais elle n'a jamais vraiment compris. J'avais un peu trop bu à cette soirée, je ne savais plus vraiment ce que je faisais. J'en ai entendu parler de ce bisou. Lucie s'était encore imaginé beaucoup de choses alors j'ai directement mis les choses au clair le lendemain.

    Je lève enfin la tête et le regarde dans les yeux. Il a toujours le même regard, doux.

    -J'ai regretté. Non seulement j'avais pu blesser Lucie en lui donnant de faux espoirs. Mais en plus j'étais redevenu l'ancien Charlie pendant une soirée.

    -J'ai vu comment elle te regardait à la fête foraine. Elle veut toujours plus que de l'amitié avec toi. Je n'ai jamais été en couple, mais je sais que ce genre de chose se passe à deux, non pas à trois. Enfin c'est ce que moi je recherche. Alors si tu penses que tu dois faire un choix entre nous deux, ce sera sans moi. Je préfère être seul qu'avec une personne qui n'est pas sure de vouloir être avec moi et seulement moi.

    Charlie se met à rire. Il part même dans un fou rire. Il se moque de moi ? Je lui dis que je ne veux pas de lui qu'ai moitié et lui me rit au nez. Il est incompréhensible.

    -Super, dis-je ne me levant pour partir. Je n'aurai jamais dû accepter de te parler.

    Je me lève et commence à partir. Je marche en réfléchissant pour ne pas repasser devant le couple qui s'embrassait. Je n'imagine pas où ils en sont en ce moment.

    -Attends Mia ! Pars pas !

    Je me retourne brusquement et il manque de me rentrer dedans. Je suis très énervée. Tout à l'heure, je réagissais mal parce que j'étais blessée. Mais là je suis simplement en colère. Il sait que je ne suis pas à l'aise de parler de ce genre de chose, notre « couple ». Le fait qu'il soit le premier. Et lui rigole le peu de fois où je commence à me confier.

    -Quoi ? Qu'est-ce que tu as à dire encore ?
    -Euh... Bah je saissais pas, je croyais devoir te courir après encore un peu. Je ne pensais pas que t'allais m'écouter. J'avais encore un pue de temps pour penser aux bonnes paroles.

    J'ai souffle en baissant les bras. Mais qu'est-ce qu'il me raconte. J'ai envie de rire tellement il est mignon mais je ne peux pas. Il ne prendrait pas au sérieux alors que je suis réellement agacée de son comportement. Il me sourit de ses magnifiques dents blanches et s'approche de moi. Ma tête se recule, mais mes pieds ne bougent pas d'un poil.

    Mon cerveau m'envoie les signes pour partir, mais mon coeur ne veut pas. Il veut faire tout pour que je sois proche de lui. Ce serait pas mal si ces deux parties de mon corps pouvaient se mettre d'accord parce que je ne vais pas survivre longtemps.

    -Écoute Mia, dit-il en posant ses mains le long de mes bras. Je m'en moque. Des gens curieux qui nous regardaient tout à l'heure, des gens qui veulent faire des « trouples » ou plus — ils font ce qu'ils veulent, de ce que pense notre famille, de l'anti-virus, en encore plus de Lucie. Ce qui m'intéresse c'est toi. Je te veux toi. Par-dessus tout et n'importe qui. Alors mets dans ta jolie petite tête que, si tu l'acceptes bien sûr, nous allons rester encore un petit bout de temps ensemble.

    Je souris timidement en baissant les yeux. Je suis sure à 90% que je suis rouge comme une tomate. Il remonte ses mains près de mes joues et relève ma tête pour me forcer à le regarder dans les yeux.

    -Je t'aime Mia.

    J'écarquille les yeux. Il a vraiment dit ça ? C'est la premier fois qu'un garçon me dit qu'il m'aime. Mon coeur manque un battement. J'ai même peur qu'il n'y survive pas. Cette soirée est un ascenseur émotionnel. D'abord mes amies qui ne veulent plus se voir, puis au final qui deviennent amies aussi. Puis Charlie qui me rend triste, et enfin son premier je t'aime. Je ne sais pas comment réagir. Je l'aime aussi, bien sûr. Je le sais depuis un bout de temps je crois. Alors pour la deuxième fois de la soirée en présence de Charlie, mon coeur prend le dessus sur mon cerveau. Il agit à sa place sans me laisse le temps de réfléchir.

    -Je t'aime aussi, dis-je ne sautant à son cou pour l'embrasser.