Chapitre 56

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PDV MIA

-Alors parce que je suis malade depuis 8 ans je ne devrais plus stresser dans un scanner ? La musique me détend parce que, oui je n'entends pas les bruits autour, oui je peux me concentrer sur autre chose que les choses qui tournent autour de ma tête, je ne pense pas aux mauvaises nouvelles que ces radios vont encore m'annoncer et parce que je peux me rendre compte de combien de temps je passe dans cette machine de malheur. Je ne vois pas en quoi c'est bizarre. Maintenant si vous voulez bien, commençons. Je voudrais savoir les résultats au plus vite.

Elle me regarde encore plus mal qu'auparavant et se retourne. Je comprends qu'on va enfin démarrer et je me recouche. D'habitude, ils préviennent quand on lance la machine, mais cette fois-ci, elle ne s'en donne même pas la peine. Je vois les gros cercles commencer à tourner et la musique démarre dans mes oreilles. Heureusement que ce n'est pas l'infirmière qui choisit parce qu'elle m'aurait sûrement mis les musiques les plus nulles possible.

D'habitude, je donne ma playlist à l'infirmier. C'est souvent le même garçon, Jean. Je l'aime bien. Mais cette fille-là, je crois que l'on ne va pas trop s'entendre. J'ai un centième de musique. J'ai appris combien de temps durer chaque chanson environ. À chaque fois, je peux savoir à combien de temps de scanner je suis quand la chanson se termine. Je peux ainsi savoir quand je vais sortir. Mais aujourd'hui je ne peux pas parce que je ne connais pas les chansons.
J'essaye alors de compter le plus précisément possible. Mine de rien, ça fait passer le temps.

-Asseyez-vous.

Mon père et ma mère me regarde et je prends une chaise pour me mettre devant le bureau du docteur Marcel. Que je sois dans une bonne passe ou pas, à chaque fois que je suis à ce bureau, je stresse. Après tout, c'est ici que tout a commencé. Je ne sais jamais ce que va m'annoncer le docteur. Et malgré le fait que je ne l'aime pas, même après 8 ans, ce qu'il va me dire c'est la vérité, et je ne peux pas la changer.

J'ai les mains moites et je sens mon cœur s'accélérer. Je ne devrais pas être dans cet état. Je me sens bien en ce moment. J'ai l'impression que je vais bien en tout cas. Mais ce monsieur en face de moi a le pouvoir de tout changer. Et depuis toute petite, je déteste le pouvoir qu'il a. Il contrôle ma vie. C'est lui qui m'annonce si les bonnes nouvelles, et les mauvaises. Bien sûr, c'est d'abord le virus qui a ce pouvoir. Mais pour moi, le fait que ce soit le docteur Marcel qui me l'annonce est insupportable. Je préférerais que le docteur parle à mes parents et qu'ils m'annoncent les choses a dire après. Que tous les trois. Mais ce n'est pas possible.

Je n'ai jamais demandé parce que j'ai trop peur que ma mère me cache des choses sur ma santé. Je sais qu'elle en serait capable. Alors je préfère donner ce pouvoir à un docteur que je n'aime pas, plutôt que de risquer de ne pas tout savoir.

-Alors, Mia. Comment tu te sens ?
-Très bien.
-Mais encore ?
-Vraiment très bien.

Ma mère me lance un regard mauvais comme pour me prévenir. Je ne dis pas ce qu'elle veut. Il faudrait que je sois moins optimiste pour elle. Mais j'en ai mare d'être défaitiste. Je voudrais avoir de l'espoir. Croire en mon rétablissement un jour ou l'autre.

-Elle espère guérir sans l'anti-virus.

Je tourne la tête vers ma mère, choquée. Hier, en rentrant des cours, je n'ai pas vraiment repris notre conversation. Ni sur la mère de Charlie, ni sur le virus. J'aurai peut-être dû, elle n'aurait sûrement pas dit des choses comme ça aujourd'hui.

-Mia..., commence le docteur.
-C'est n'importe quoi, dis-je en me levant de ma chaise énervée. Je n'ai jamais dit ça. Je ne suis pas bête maman. Comment peux-tu croire que je vais penser guérir alors que personne ne l'a fait avant. Je sais que je suis malade. Je sais que je vais mourir. J'espère juste que ce soit le plus loin possible

Je me rapproche de ma mère et me place devant sa chaise.

-Tu comprends quand je parle ou quoi, hurlé-je.
-Mia. Calmes toi, dit mon père.
-NON. C'est insupportable. Elle est tout le temps derrière moi pour les mauvaises choses. Je n'en peux plus. Maman, s'il te plait. Laisse-moi juste profiter du moment où je me sens bien. Je veux vivre un peu.

Je suis au milieu de la pièce et je regarde ma mère. Elle a la tête baissée et les mains sur le bureau du docteur Marcel. Enfaite, je me rends compte qu'elle n'a pas changé de position depuis qu'elle a parlé la dernière fois. Depuis que j'ai commencé à m'énervé. Je n'ai jamais fais ca. Je suis d'un tempérament plus que calme. M'énerver contre ma mère pour lui faire comprendre ce que j'ai pense n'est pas du tout dans mes habitues. Qu'est ce qui me prend ?

Je me rassieds doucement à ma place et ma mère continue à éviter mon regard.

-Je comprends que le fait que tu te sentes bien peut faire naître un sentiment d'espoir Mia. Mais ne te repose pas sur ça d'accord. Il ne t'arrivera surement rien, mais j'ai déjà vu plusieurs cas ou tout ça passer bien comme toi puis tout a dégénéré très vite. Si tu penses trop au fait que tu vas bien, la chute sera d'autant plus douloureuse quand tu vas rechuter.

-Vous êtes en train de me dire que je devais faire comme si je n'allais pas bien parce que je suis sûre que je vais replonger.
-C'est à peu près ça.

Je secoue la tête et me tourne vers mon père. Je cherche un infime signe dans son regard qui ma fasse comprendre qu'il pense comme moi. Mais rien. J'y vois juste de la tristesse, et bien sûr, de la pitié. Mais j'en ai mare de tout ça moi. Pourquoi tout le monde me voit comme la pauvre petite fille malade ? Même quand je me sens un peu près bien il ne voit que mon virus. Je me lève et commence à me diriger vers la porte de sortie. Je me retourne une dernière fois et dis:

-Continuez à parler. J'espère que vous allez vous rendre compte à quel point ce que vous me demandez est totalement débile.

Puis je pars et claquant la porte.

La vie vaut d'être vécueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant