Chapitre 72

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PDV MIA

Nous sommes en fin de semaine, et ça en fait maintenant deux que Charlie est dans le coma. Je me dirige une nouvelle fois vers cette chambre d'hôpital. Je suis sûr que je pourrais faire le chemin les yeux fermés maintenant. J'ai réussi à passer le moins de temps possible avec Valentin. Je m'organiser pour rester avec Charlie quand il n'était pas là. Ce qui s'est avéré pas si compliquer que ça puisqu'il ne se donne pas beaucoup la peine de venir voir son frère. Il m'insupporte au plus au point. Tout chez lui m'exaspère. Rien que sa tête me donne envie de le virer de la chambre à coups de pied. Bien sûr, je ne peux pas faire ça, Gabin me prendrait pour une folle. Mais je suis sûr qu'il n'en pense pas moins que moi. Je n'arrive pas comprendre comment deux frères peuvent être éduqués aussi différaient. Charlie est si gentil, alors que Valentin... il... c'est un con tout simplement, ou plutôt une personne dénuée d'intelligence, pour être moins vulgaire.

Je jette un coup d'œil à l'accueil. La secrétaire est là. Depuis quelques jours elle est habituée à ce que je lui demande si les Jones sont là. Elle hoche la tête pour me signaler que oui. Je hausse les épaules pour lui faire comprendre que ce n'est pas grave. Elle me sourit et je lui dis merci en chuchotant.

Je m'approche de la chambre mais attends pour entrer. Je cherche Marion dans le couloir. J'essaye de me convaincre que je veux la voir parce que je l'aime bien, et non pas pour reculer le moment ou je vais devoir entrer dans la chambre. Malheureusement, je ne la vois pas. Je pose ma main sur la poignée, mais j'entends Valentin hurler sur Gabin. Bien sûr, je ne peux m'empêcher d'écouter.

-Je n'en peux plus ! D'accord !
-Calmes toi Val, dit Gabin beaucoup plus calmement que son fils.
-Quoi, t'as peur que je le réveille ?

Je n'imagine même pas le regard que doit lui avoir lancé Gabin. En tout cas, ça n'empêche pas Valentin de continuer à crier.

-Tu t'attendais à quoi ? Il allait forcément arriver un moment ou il allait mourir. Tu me fais pitié à rester ici, à croire qu'il va se réveiller. C'est terminé papa. Et l'autre gosse qui te fait croire que Charlie va revenir, tu devrais vraiment arrêter de l'écouter. Elle est inutile.

Merci, je pense pareil de toi, me dis-je tout bas.

-Tu n'as pas le droit de dire des choses pareil. Mia et sa famille sont avec moi depuis le début, je leur en suis très reconnaissant. Tu avais dit que tu allais venir voir Charlie, pas que tu allais me crier dessus toute l'après-midi.

J'entend le fauteuil faire de bruit, signe que Gabin c'est assis dedans.

-Je ne veux pas être ici. J'ai su ce qui allait se passer dès qu'on a appris pour Charlie. Je suis parti le plus vite possible pour ne pas voir ça.
-Ça quoi, Valentin ?
-Charlie allait de moins en moins bien, toi t'effondrer encore plus. Je suis désolée de te le dire, mais ta vie c'est vraiment de la merde.
-Moi, au moins, je ne fuis pas.

Valentin avait arrêté d'élever la voix, mais je l'entends souffler et  je comprends qu'il va recommencer à crier.

-Tu ne fuis pas papa ? Tu te fous de moi ? Tu étais là sans vraiment l'être pendant cinq ans ! Tu ne nous répondais plus. Tu t'en foutais de nous. Il a fallu que Charlie tombe malade pour que tu nous remarques encore.

J'entends le bruit d'une main contre une joue et j'ai d'abord peur que ce soit Valentin qui est frappé. Mais je comprends vite que c'est l'inverse quand j'entends Gabin s'excuser. Je souffle intérieurement contre Gabin. Moi je n'aurai pas demandé pardon, j'aurai retapé plus fort.

Calme toi Mia, calme toi, me dis-je tout bas.

-Je vais beaucoup mieux Valentin.
-Dis-tu après m'avoir tapé.

-J'ai retrouvé mes amis, reprend Gabin en ignorant ce que lui dit son fils. J'ai réussi à passer du très bon temps avec Charlie, lui aussi est heureux. Mia est une personne très bien pour lui. Tout se passe bien au lycée. J'aime mon nouveau travail. Je vais bien. Et tu ne sais rien de tout ça, parce que tu n'es pas là. Tu n'as même pas répondu a notre appelle le jour de l'anniversaire de maman.

-Tu vas bien ? Je n'en suis pas sûr. On va faire un marché. Je vais te dire une chose, si tu sens ton coeur s'accélérer à mes paroles, si tu te sens mal, n'importe quoi, tu me le dis et j'ai gagné.

Je sens mon coeur s'accélérer. Je le sens mal, très mal. Je suis sûr que Valentin est près a tout pour convaincre son père, même a lui faire du mal.

-Mia, qu'est-ce que tu fais.

Je me retourne et vois Marion au bout du couloir. Je sursaute, et mets mon doigt sur ma bouche. Elle comprend qu'il faut qu'elle se taise. Je lui intime de me rejoindre et c'est ce qu'elle fait. J'adore cette fille.

-Qu'est ce que tu racontes Valentin. Ne joue pas à ce petit jeu avec moi. On ne s'amuse pas.
-J'ai un aveu a te faire papa.

Je retiens ma respiration et je regarde Marion. Elle a l'air de ne rien comprendre à ce qui se passe.
-Celui qui a tué maman. Tu sais, avec une balle dans le coeur, pile devant les yeux de mon cher petit frère.

J'essaye d'avaler ma salive, mais je n'y parviens pas tellement ma gorge est sèche.

-Il est sorti de prison, reprend-il. Il est libre comme l'air. Dans la magnifique ville de Tevada.

J'entends ses pas qui se rapprochent de Gabin.

-Qu'est-ce que tu dis de ça mon cher papa. L'assassin en liberté, alors que maman toujours six pieds sous terre. Tu ne ressens rien là ?  Même pas un brin de colère.

J'ouvre la porte en grand, folle de colère que Valentin puisse traiter son père comme ça. Je me dirige vers Gabin. Il est blanc comme un linge. Je n'imagine même pas ce qu'il doit ressentir. Il se dirige droit vers les toilettes et se met à vomir. Marion court vers lui pour essayer de l'aider comme elle peut. Elle lui caresse le dos lentement. Alors que je l'entends essayer de rassurer Gabin, je me tourne vers Valentin. Je suis tellement énervée, que ça doit immédiatement se voir dans mon regard. Ça ne doit faire ni chaud, no froid à Valentin qui me fait un petit sourire. Il tente de me contourner pour marcher vers la sortie.

-Tu es la pire ordure qui soit. Je ne comprends même pas comment on peut agir comme ça.
-Qu'est-ce que tu racontes ? Mêle-toi de tes affaires.

Il commence à partir mais je le suis et le pousse dans le dos de toutes mes forces. Il trébuche à peine et se retourne très énervé. Oups, je n'aurai peut-être pas dû faire ça. Trop tard pour regretter.

-C'est quoi ton problème ?
-Pourquoi tu fais ça ?

-J'ai juste dit la vérité à mon père. Le mec est dehors, mangeant les bons petits plats que sa mère lui prépare, alors que la mienne ne peut plus rien faire. Mon frère va mourir, et je n'y peux rien. Tu devais te mettre ça dans le crâne, petite.

Il s'approche de moi et j'ai vraiment envie de reculer tellement il me fait peur, mais mon corps ne bouge pas.

-Laissez tomber, Charlie est mort.

Il me fait un petit sourire en coin qui me met des frissons dans tout le corps et se retourne pour partir. Je ne le quitte pas des yeux jusqu'à ce qu'il disparaisse du couloir. Une fois que je ne le vois plus, je m'effondre au milieu de l'allée et pleure tellement je suis en colère. 

La vie vaut d'être vécueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant