Chapitre 58

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PDV MIA

Sur le retour de l'hôpital, j'envoie un message à Charlie alors que nous sommes toujours dans la voiture. Nous avons environ 30 km à faire. c'est l'inconvénient d'habiter dans la campagne. Nous sommes loin de tout.

Je me suis toujours demandé comment ça se passerait si je devais aller à l'hôpital dans une extrême urgence. J'ai déjà dû y aller pour de fortes crises d'asthme, mais jamais quelque chose de très grave. Je n'ai jamais été en insuffisance respiratoire ou point d'avoir besoin d'être sous respirateur, ou au point d'avoir besoin d'assistance médicale dans les minutes qui suivent. Alors parfois ça me fait peur. Je m'endors en me disant que je pourrais me réveiller dans la nuit sans pouvoir être aidé parce que j'habite ici. Mais parents m'ont toujours rassuré. Ça ne les inquiètes pas trop apparemment, sinon, nous habiterions plus la depuis longtemps.

Mais les médecins ont pris en compte notre éloignement du centre. Ils nous ont donné une grosse bonbonne d'oxygène avec tout le matériel pour me mettre sous respirateur. C'est juste pour essayer de me garder en vie jusqu'à l'hôpital si besoin. J'ai bien dit « essayer ». Je n'y crois pas trop.

Je sors de mes pensées et retourne à mon message. Je ne sais pas trop comment tourner ça, alors j'essaye de ne pas trop réfléchir et écris quelque chose de simple et rapide.

Mia: désolée pour tout à l'heure. Je vais bien ne t'en fait pas. J'ai dû vite raccrocher car mon père est arrivé. Je suis retourné voir le docteur et il m'a dit ce que les résultats montrent. Je vais bien.

Je pose mon portable sur le siège d'à côté et essaye de m'endormir adossé à la fenêtre. À chaque fois que je vais à l'hôpital je suis fatigué tout le reste de la journée. Je ne sais pas si c'est les produit que l'on m'injecte pour le scanner ou toutes les émotions accumulées dans ce genre de situation, mais en tout cas je suis épuisée.

Alors que je commence à m'endormir, j'entends mon portable vibré. Je me redresse et le prends pour lire le message.

Charlie: Je suis content que tes résultats soient positifs. J'en été sur ! On se voit toujours samedi j'espère ! Tu me manques... j'ai prévu quelque chose qui va surement beaucoup te plaire.

J'avais totalement oublié que Charlie avait préparé quelque chose. Vu la situation et l'atmosphère pesante dans la voiture, je ne suis plus sure que mes parents accepte que j'y aille. Je ne supporte plus de ne pas pouvoir voir plus Charlie. S'il n'y avait que moi, je le verrais tous les soirs. Mais avec ma mère, c'est impossible. Je lâche mon portable des yeux et m'adresse d'abord à mon père. Même si lui aussi est fâché contre moi, il y a un peu plus de chance qu'il accepte que ma mère. Surtout voyant comment elle évitait mon regard pendant que le docteur parlait. Elle est non seulement en colère, mais aussi blessé. Alors il y a peu de chance qu'elle accepte de son plein gré. Si mon père la convainc, j'ai peut-être une chance.

-Je sais que vous êtes fâché pour ce que j'ai pu dire ou faire, mais ça me tient vraiment à coeur alors s'il te plait papa, accepte.

Il ne bouge pas mais je sais qu'il m'écoute. Ma mère tourne la tête vers mon père qui conduit. Elle sait que je m'adresse à lui en premier. Ça a toujours été comme ça. Enfin, à partir du moment où j'ai compris que ma mère n'acceptait jamais sauf si mon père réussissait à la convaincre.

-Charlie veut m'emmener quelque part ce week-end et...
-Hors de question.

Je m'arrête en pleine phrase, bouche bée. Mon père ne m'a même pas laissé annoncer mon projet qu'il me dit directement non. C'est la première fois. Je ne suis absolument pas habituée. On dirait le propos d'une fille pourri gâté, mais je vous jure que non. Avant, je ne sortais jamais, ou presque pas. Je demandais seulement à voir Cass. Et quand j'en parlais à mon père, s'il n'était pas d'accord, il me laissait au moins finir de lui parler avant de m''expliquer pourquoi ce n'était pas possible. Là, il ne veut même pas en attendre parler. Ça risque d'être compliqué.

-Mais, pourquoi ?
-Pourquoi ? Pourquoi Mia ? Vraiment ? Tu veux que je te rappelle la dernière heure que l'on vient de passer.

Je baisse les yeux honteuse. C'est la première fois que je vois mon père aussi énervé. A part quand il m'a retrouvé devant l'hôpital, bien sûr.

-Je sais, je n'aurai pas dû parler comme ça.
-Ce que tu aurais dû faire, c'est exprimé ce que tu ressens en parlant calmement. Je crois que nous sommes des parents assez a l'écoute pour qu'on puisse t'aider dans des moments pareils. Tu ne peux pas agir contre nous comme ça. Nous sommes tes parents, tu nous dois un minimum de respect. Je ne sais pas ce qui t'arrive en ce moment, mais tu as beaucoup changé. Je ne te reconnais plus. Tu n'es plus ma petite fille. Aujourd'hui, tu m'as fait honte.

Je ressens un picotement au coeur. Que mon père ait honte de moi est une des pires choses. J'ai toujours tout fait pour qu'il soit fier de moi. Ma vie se résume à des actions faites pour que je sois un fardeau le moins possible. Je suis malade, c'est suffisamment dur à gérer alors j'ai toujours eu de bonnes notes, toujours été une petite fille exemplaire. Je regarde les yeux de mon père dans le rétroviseur. Il a le regard très dur.

-C'est qui m'arrive papa ? J'essaye d'être heureuse. De profiter de ma vie pendant qu'il est encore temps. Si je ne suis plus ta fille parce que je suis un minimum heureux, je ne peux rien y faire.
-Je n'ai jamais dit ça, hurle-t-il ce qui fait sursauter ma mère ! Ce n'est en rien ton bonheur qui me pose problème. Mais ta réaction face aux choses que tu découvres. Tu ne peux pas tout envoyer valser seulement parce que tu te sens bien et heureuse. Ta santé prime et primera toujours. Et c'est comme ca Mia, tu ne peux rien y faire.
-Je le sais ca.
-Alors agis comme telle !

J'ai les larmes aux yeux. Je ne sais plus quoi dire. Je crois que je ne vais pas voir Charlie ce week-end. Je m'arrangerai pour le voir à la fin des cours. Il a une voiture, c'est simple pour lui de venir. Pour l'instant, je dois laisser mes parents se calmer un peu.

Je ne parle plus et pense à ce que Charlie avait bien pu prévoir pour samedi, déçu de ne pas pouvoir y aller.

-Mathieu.

Mon père tourne la tête vers ma mère qui n'avait pas parlé depuis le début de la conversation.

-Tu devrais la laisser y aller.

Nous regardons tous les deux ma mère, choqués. Mon père est obligé de regarder la route alors il lui parle sans la regarder. Mais moi, j'ai les yeux rivés sur elle. C'est la première fois qu'elle contredit mon père qui m'interdit de sortir. C'est tellement rare que je commence à me dire que j'ai mal entendu.

-Laisse lui voir Charlie ce week-end.
-Quoi ? Pourquoi ?

Ils commencent a parler comme si je n'étais pas là. Mais je ne perds pas une miette de leur conversation. Je ne comprends pas pourquoi ma mère agit comme ca, mais ca me convient parfaitement.

-Elle dit qu'elle veut vivre sa vie. Je trouve ca bien. Mia a toujours été très défaitiste. Toujours a caché sa vraie personnalité. Elle n'acceptait jamais les nouvelles personnes dans sa vie. Enfin elle vit comme une jeune de 17 ans et nous devrions l'en empêcher.

Qui est la personne qui parle et qu'a-t-elle fait de ma mère ? Je n'y crois pas. Elle va vraiment me laisser faire ce que je veux ? Je n'avais jamais réalisé comme elle s'était rendu compte de ce que je ressentais. Elle a compris que je ne laisse personne entrer dans ma vie.

-Je te préviens Mia, tu peux le voir vendredi soir, mais toutes la journée de samedi je veux te voir travaillé. C'est bientôt le bac je te rappelle.

Ok, je suis sûr que c'est bien ma mère. Elle ne peut s'empêcher de parler de devoir. Mais ca me va. J'espère que ca ne posera pas d'inconvénients à Charlie que ce soit le vendredi.

-Merci maman,dis-je hésitante de peur qu'elle change d'avis d'une seconde à l'autre.

La vie vaut d'être vécueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant