Chapitre 67

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PDV MIA       

    Gabin se lève et m'invite à le suivre dans la chambre. Nous nous posons autour du lit, chacun sur un fauteuil. Je pose mes yeux sur le visage de Charlie. Il est beau, même avec un tube énorme dans la bouche.

    -Il me parlait d'étoile, de vie, de choses magnifique. Et moi je n'ai su parler que de mort, et de virus. Je me sens tellement nul.
    -Écoute Mia, nous avez un avis totalement différent sur ce qui vous arrive. Je le sais et je l'ai compris. Il faut juste que tu lui laisses le temps de comprendre, ce n'est pas une mauvaise chose. Si dans un couple, les deux personnes étaient tout le temps d'accord, je t'assure que ça ne durerait pas longtemps.
    -Je lui ai dit qu'il allait mourir, dis-je sans pouvoir me retenir de pleurer. Qu'est-ce que vous dites de ça ? Je dis à mon copain qu'il va mourir et les heures qui suivent il est intubé. Comment voulait vous que je puisse me regarder dans un miroir ? S'il meurt par ma faute, je ne me le pardonnerai jamais.

    Je sens le regard de Gabin me bruler. Il ne sait plus quoi dire. Je l'ai surement choquée. Personne n'est censé dire ça, surtout à une personne qui risque vraiment de mourir.

    -Il savait Mia.

    Gabin regarde maintenant son fils. Il lui prend la main et souris au visage détendu de Charlie.

    -Il a fait un bilan qui était assez mauvais. Il savait qu'il n'allait pas bien. Je pensais qu'il te l'aurait dit. Et tout cas, je crois qu'il avait prévu de le faire. Ce n'est pas de ta faute, et je sais qu'il ne pense pas ça non plus. Il m'a dit qu'il se sentait faible, qu'il avait du mal à respirer. Il a fait plusieurs crises d'asthme la semaine dernière. Je ne suis pas étonné qu'on en soit arrivé là. Ce n'est pas de ta faute. Tu as agi de manière impulsive, mais il n'est pas la à cause de toi.

    Je reste bouche bée à ce que me dit Gabin. Je n'avais aucune idée de ce qui se passait pour Charlie. Il ne m'a jamais parlé de tout ça. Je ne peux pas quitter du regard Gabin. Soudain, je me souviens que Charlie avait essayé de me parler la soirée des étoiles. Je lui avais dit de ne plus parler du virus pour la fin de la soirée.

    -Comment j'ai pu être aussi égoïste ? Je n'ai pensé qu'aa moi pendant toute la semaine. Je me plaignais de mes parents, de mon médecin. J'en étais presque à me plaindre d'aller trop bien alors que lui étais dans une mauvaise phase. Je suis une mauvaise copine, une mauvaise personne, c'est à moi d'être à sa place. Pourquoi lui alors qu'il est si gentil.

    -Mia.
    -Ce n'est pas juste, dis-je en hurlant.

    Je me lève et commence à faire les cent pas dans la chambre. Je donne un coup de pied dans le fauteuil, complètement hors de moi. J'ai du mal à respirer. Je ne comprends pas ce qui m'arrive. Je suis accablé par la honte, la tristesse et la colère. Charlie va aussi mal et je ne lui ai laissé aucune occasion de m'en parler. Je m'adosse au mur, essayant de reprendre ma respiration, mais impossible. Je n'arrive plus aaa respirer. Je vois Gabin se lever, totalement paniquer par ce qui est en train d'arriver. Il appuie sur la sonnette normalement dédiée à Charlie et s'approche de moi. Il prend ma tête entre ses deux mains et la dirige vers son visage.

    -Calmes toi Mia. Ca va aller.

    Alors que les battements de mon coeur ne se sont pas calmés et que je commence a voir flous, Marine entre dans la chambre. Elle comprend vite la situation et me donne un masque à oxygène qu'il y a dans chaque chambre. Elle me le pose autour du visage et me dit de respirer calmement. C'est beaucoup plus efficace que la ventoline que j'utilise normalement en cas de crise. Je réussis à reprendre on souffle au bout de quelques minutes. Gabin est assis sur un des fauteuils face à moi. Il me regarde comme si la crise pouvait repartir à tout moment. Je recule le masque que Marion a gardé plaqué sur mon nez.

    -Ça va mieux, merci.

    Gabin se lève et me prend dans ses bras.

    -Ne me refait plus jamais ça.

    Je souris et le rassure en lui disant que je vais essayer.

    -Rien n'est de ta faute. Tu ne peux pas gérer ta maladie et celle de Charlie en même temps. Charlie n'a pas voulu te le dire plus tôt pour ne pas t'inquiéter. Je sais qu'il ne t'en veut pas.
    -Comment vous le savez ?

    Il me recule pour pouvoir me regarder dans les yeux.

    -Il me l'a dit.
    -C'est vrai.

    Il se retourne pour rejoindre le fauteuil en face du lit de Charlie.

    -Quand je l'ai amené aa l'hôpital dans la nuit, il sentait surement que c'était différent de la dernière fois. Moi je n'avais pas compris, j'étais tellement paniqué que je n'ai pas vu que c'était pire qu'en février. En tout cas, il me regardait alors que je conduisais, et il m'a parlé de toi. Il a simplement dit « tu lui diras que je ne lui en veux pas, parce que je sais qu'a un moment elle va s'en vouloir. Et tu lui diras aussi que je l'aime ».

    Je me sens devenir toute rouge sous le regard de Gabin, et surtout sous celui de Marion. Même si je sais que je n'ai pas bien agi, le fait de savoir ce qu'en pense Charlie m'enlève un poids énorme de la poitrine.

La vie vaut d'être vécueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant