La vie vaut d'être vécue

Chapitre 65

PDV MIA

Je cours dans les couloirs de l'hôpital, avec Cassie juste derrière. J'ai l'impression de ne pas vraiment être présente. Mon cerveau guide mes pas mais je ne contrôle rien du tout. Tout ce que je sais, c'est que Charlie est ici.

-Je cherche Charlie Jones.
-Bonjour tout d'abord, Charlie se trouve dans la chambre 143.
-Merci, dis-je sans m'attarder sur la remarque de la secrétaire.

Je continue à courir en regardant le numéro des chambres. Au bout du couloir, je vois le père de Charlie. Je fonce vers lui.

-Ou est-il ?
-Mia, calme toi. Il est là, dans la chambre. Mais attend...

Je ne le laisse pas finir sa phrase et déboule dans la chambre. Qu'il y ai une infirmière ou pas, je m'en moque. Tout ce que je veux, c'est le voir. M'excuser pour te ce que j'ai dit, qu'on oublie tout et que ça reprenne comme avant.

J'avance jusqu'à son lit mais comprends qu'il y a un problème. Il n'est pas seulement endormi. Il est sous respirateur artificiel. Je ne comprends pas. Comment son état a pu empirer à ce point en une journée ? Je l'ai laissée hier, il allait très bien. Et maintenant il est dans un lit d'hôpital incapable de respirer sans aide.

J'entends Gabin entrer dans la chambre et se mettre à côté de moi. Ces bras entourent mes épaules et il me serre contre lui.

-J'ai essayé de te prévenir. Charlie est dans le coma depuis ce midi.

Je n'arrive même plus à voir tellement les larmes ont rempli mes yeux.

-Comment c'est arrivée ?
-Son état a dégénéré cette nuit. Il n'arrivait plus aa respirer, comme en janvier. Alors je l'ai amené à l'hôpital. Et il toussait tellement qu'il a craché du sang. Ensuite ils l'ont amené faire une IRM. Ils ont trouvé beaucoup de mucus, bien de trop. Le virus a avancé. Au départ il était seulement sous oxygène avec un masque. Mais il a fait un arrêt respiratoire. Ils ont été obligés de l'intuber. Ils l'ont plongé dans un coma artificiel, ils ne savent pas s'il pourra de nouveau respirer seul un jour.

Je me tourne vers le père de Charlie. Cet homme en qui j'ai totalement confiance, qui est devenu important pour moi depuis le début de l'année. Son regard manque cruellement de vivant. Il regarde Charlie comme s'il l'avait déjà perdu. Je ne peux pas m'imaginer une seule seconde que Charlie ne se réveille pas, c'est au-dessus de mes forces.

Beaucoup de personnes arrivent à l'étape du coma quand le virus attaque trop les poumons. Dans ces cas les plus graves, les médecins font tout pour permettre que le patient se réveille sans risque. Mais c'est très compliqué. Je ne suis pas médecin alors je ne comprends pas tout. Je sais juste que le pire pour une personne ayant le virus, c'est que les médecins en viennent au coma artificiel.

-Son pronostic vital est engagé ?
-Oui Mia.

Je m'assieds sur la première chaise que je trouve parce que mes jambes commencent réellement à trembler. Je suis à bout de forces. J'ai l'impression d'avoir combattu trois fois Voldemort en moins de dix minutes. 

-Qu'est ce que les médecins ont dit ?
-Il faut attendre.
-Pardon ?

Je me relève comme si je venais de retrouver toutes mes forces. Les propos des médecins me mettent hors de moi. Ils ne savent jamais rien, il faut toujours attendre. Mais l'attente est synonyme de mort au stade où en est Charlie. C'est hors de question que je reste ici sans rien faire. Je sors de la chambre décidée a trouver un médecin à qui dire ce que je pense. Gabin me rattrape et me bloque avec ses mains.

-Ça ne sert à rien Mia. Ce n'est pas comme ça que tu vas aider Charlie. Ils m'ont dit plonger Charlie dans le coma était la seule solution. Ca arrive aux personnes attente du virus.
-Oui ! Les personnes en phase terminales ! Mais pas Charlie. C'est hors de question que je m'en tienne à ça comme explication.
-Ils font déjà tout pour l'aider. Ils lui donnent ce qui lui ait nécessaire pour battre ce moment. Il va y arriver.
-Avoir son pronostic vital engagé vous êtes sûr de savoir ce que ça veut dire ? Parce que moi oui, et là je ne suis pas sûr qu'il y arrive aussi facilement.

Il y a deux secondes j'aurai parié que Gabin perdait déjà espoir. Mais là il me semble différent. Comme s'il avait déjà étudié toutes les options. Il a l'air persuadé que la seule solution est d'attendre.

-Mia. Je te promets que tu pourras assister à tous les bilans des médecins. Mais pour l'instant il faut que tu te calmes. Tu devrais peut être demandé à ton amie de te ramener chez toi.

-Hors de question, dis-je en retournant dans la chambre. Je reste ici.
-Mia, il est 20h, tu pourras revenir demain.

Je me retourne vers lui et baisse les yeux. Je sais qu'il a raison. Mais je n'arrive pas à me dire que Charlie va rester seul ici. Je ne pourrais pas réussir à dormir. C'est impossible. Je devrais rentrer chez moi alors que celui que j'aime est entre la vie et la mort. Les larmes recommencent à monter, troublant ma vue. Gabin le remarque et s'approche de moi pour me prendre dans ses bras. Je me laisse aller quelques instants bercé par les mouvements de son câlin. Je me défais de ses bras et me ressaisis. Je ne peux pas craquer aussi vite. Je pense que ça va durer un moment et je dois tenir. J'essuie mes larmes et souris à Gabin.

-Je reviendrai demain à la première heure.
-Bonne nuit Mia.

Je regarde une dernière fois Charlie et m'en vais avant de changer d'avis.
Cassie est assise sur une chaise juste devant la porte de la chambre. Quand elle me voit arriver elle se lève et me prend dans ses bras.

-Je suis désolée Mia. C'est vraiment pas juste. Mais ne t'inquiète pas, il va se réveiller. C'est Charlie, il est tellement gentil, rien ne peut lui arriver, ce serait inhumain.

Je hoche la tête et tente un petit sourire.

-Allez vient je te ramène. Je peux dormir avec toi si tu veux. Comme ça demain je te dépose ici.
-Oui, merci.

Elle me prend la main et nous nous dirigeons en dehors de l'hôpital. Je réfléchis à sa phrase sur Charlie. Je sais qu'il est gentil, mais le virus est inhumain. Il peut prendre les meilleures personnes qu'il existe sur terre sans avoir la moindre pitié.