Chapitre 52

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PDV CHARLIE

    Je me réveille avec Mia enlacée à mon torse. Je ne peux plus bouger de peur de la réveiller. Alors je la regarde dormir.

    Avant, je ne comprenais pas, quand dans les films, les couples se regardaient dormir. Mais maintenant je sais. Voir Mia si apaisée c'est la meilleure chose. On ne peut comprendre que quand on aime réellement une personne je crois. Je souris alors elle fronce le nez comme quand elle est contrariée. Moi, je trouve ca mignon.

    Nous ne sommes pas seuls dans la pièce. Il y a cinq ou six autres personnes qui dorment sur des matelas éparpillées dans le salon. La soirée s'est finie très tard. Je ne sais pas vraiment quelle heure il est. Je dirai peut-être 10H30.

    Il faut que je rentre chez moi, mais j'ai l'impression que je suis le seul réveillé. Au moins dans cette pièce-là. Je regarde un peu autour de moi en essayant de bouger le moins possible.

    -Bonjour.

    Je rabaisse mes yeux vers Mia qui me regarde avec ses grands yeux verts. Je n'ai jamais vu des yeux aussi beaux. Je pourrais m'y plonger pendant des heures. J'ai l'impression qu'il y a plein de couleurs différentes. Au début, on croirait qu'ils sont vert émeraude. Mais quand on les regarde de plus près, on peut voir que plus l'iris est proche de la pupille, plus elle devient claire. C'est magnifique.

    Je lui souris et lui fais un bisou sur le front. Elle se raccroche à moi encore plus fort. Je ne croyais pas ca possible vu comment elle me tenait de base.

    -Il faut que j'y aille.

    Elle secoue la tête, pose sa tete contre mon torse et me sert pour me faire comprendre qu'elle veut que je reste. Je rigole et relève sa tete pour la regarder dans les yeux.

    -Je peux te ramener si tu veux.
    -Je dois prévenir Cass alors, dit-elle en souriant.

    Elle m'embrasse et se lève. Puis, elle tente de passer discrètement entre les gens encore endormi.

    Je m'étire et me lève à mon tour. Je range nos sacs de couchages en attendant que Mia revienne. Puisqu'elle met un peu de temps, je me dirige vers la cuisine pour nous trouver quelque chose à manger avant de partir.

    -C'est bon, on peut y aller.

    J'attrape des pitchs et suis Mia jusqu'à la porte. Une fois dans ma voiture, je donne la nourriture à Mia et démarre.

    -Trop cool ! J'aime trop ca. En plus c'est au chocolat.
    -Tu aimes ca autant que les petits filous ?

    Je lui lance un regard sur le côté, amusé. Elle secoue la tete en riant.

    -Qu'est-ce que tu as pensé de moi ce jour-là ? Parce que moi j'ai eu énormément honte tu sais. On ne peut pas faire des courses mal habillé tranquille dans cette ville. J'ai bien retenu la leçon.
    -Ce que j'ai pensé ?

    Je réfléchis quelques instants et me mets à sourire en voyant le regard que Mia me fait en attendant la réponse.

    -Je me suis dit que ce legging te faisait un très très beau cul.

    Elle fait un petit rire gene et me dit que c'est n'importe quoi.

    -En réalité, je me suis dit que j'avais de la chance d'avoir enfin obtenu ton numéro, et surtout que tu étais belle même habillé n'importe comment. Ce n'est pas donné a tout le monde ca.

    Je la vois rougir et nous arrivons devant chez elle. Je lui dis au revoir et lui propose qu'on se revoie le week-end prochain. Elle accepte puis rentre chez elle.

    Une fois chez moi, je sais ce qui m'attend. C'est la même chose tous les ans. J'ai réussi à ne pas trop y penser pendant la soirée et ce matin parce que j'étais avec Mia, mais là, je sais que c'est inévitable.

    Quand je vais rentrer dans ma maison, je verrai mon père en train de faire des lasagnes. Il sera surement habillé avec une chemise blanche. C'est une journée-type des 10 avril qui commence. L'anniversaire de ma mère.

    Après dix ans, mon père fait toujours les même choses pour lui rendre honneur ce jour-là. Je trouve ca triste et beau à la fois. Cet homme a perdu l'amour de sa vie et il sera toujours triste. Mon frère et moi lui avons laissé l'occasion de consacrer une journée entière à notre mère une fois par an. Les premières années, chaque occasion était bonne pour ne faire que de parler de notre mère. Pas de l'accident bien sûr, mais de sa vie. Sauf que ça devenait beaucoup trop oppressant pour nous. Alors on a décidé de ne faire ça qu'une fois par an, pour son anniversaire.

    J'entre et l'odeur des lasagnes me saute au nez. C'était le plat préféré de ma mère. Il n'y aura que moi et mon père à en manger parce que mon frère ne rentre pas pour ce genre de chose. Il l'a fait les deux premières années. Puis il a fini par dire que c'était trop cher juste pour une journée. Alors il n'est plus venu. Nous l'appelons pendant une heure quand même. Pour qu'il soit un peu avec nous. Mais je suis sûr qu'un jour, il nous dira qu'il n'a plus le temps pour ça.

    -Hey Charlie ! Salut.
    -Coucou papa.

    J'entre dans la cuisine et enlace mon père. Je sais qu'il en a besoin. Savoir qu'au moins un de ses fils et encore présent avec lui. Si je n'étais pas là, ce serait vraiment horrible pour lui ce genre de journée. C'est pour ça que je me suis promis de ne jamais louper cette journée.

    -Ça a l'air trop bon papa. C'est prêt dans longtemps ? J'ai le temps d'aller au cimetière avant ?
    -Dans une heure encore. Tu peux y aller. Où est Mia ?

    Ma mère a été enterrée à Tevada. J'avais toujours trouvé ça bizarre qu'ils l'enterrent dans la ville de mes grands-parents et pas dans la nôtre. Mais depuis j'ai compris, c'est la sienne aussi. Depuis que j'habite ici, je vais souvent au cimetière. Avant je n'avais jamais l'occasion parce que c'était beaucoup trop loin. Nous y allions pour ce jour-là avec mon frère. Mais mon père ne venait jamais. Même aujourd'hui alors que la tombe est à 3 kilomètres. C'est bien la seule chose dont il n'est pas capable. Pour lui, cette journée est faite pour se souvenir de la vie de ma mère et non pas sa mort. Alors le cimetière n'existe pas pour lui. Je ne l'ai jamais vu y retourner depuis l'enterrement. Je le soupçonne d'y être aller quelques fois pendant la nuit, alors qu'il pensait que je dormais. Je ne vois pas trop où il aurait pu aller autrement. D'autant plus qu'a chaque fois ou je l'ai entendu, il y avait un nouveau bouquet de fleurs sur la tombe.

    -Ok, je reviens dans trois quart d'heure alors. Je ne l'ai pas dit à Mia..
    -Oh, pourquoi ?
    -Je n'ai pas réussi.
    -Tu ne crois pas que ça te ferait du bien de l'avoir près de toi pour une     journée comme ça ?
    -Si si. Mais je ne veux pas le déranger pour ça.





Petit chapitre plus tot parce que le confinement c'est chiant mais ca donne beaucoup de temps.
Restez chez vous les amis, bisous bisous

La vie vaut d'être vécueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant