Chapitre 69

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PDV MIA

Le lendemain, je suis devant l'hôpital, mais je n'arrive pas à entrer. Rien que le fait qu'il y ait une grande chance que Valentin soit là me met des frissons dans le dos. Je suis confiante, je sais que Charlie va se réveiller un jour, en tout cas je l'espère. Alors entendre dire le contraire par son propre frère me met hors de moi. Le voir va me mettre de mauvaise humeur.

-Il ne faut pas hésiter à entrer mademoiselle.

Je me retourne et tombe nez à nez avec un vieillard. Je ne le connais absolument pas et je me demande ce qu'il a voulu dire.

-Pardon ?
-Je vois bien que vous hésitez à entrer. Croyez en mon expérience, quand on hésite une fois, on n'y va plus jamais. La personne qui vous attend la dedans a surement besoin de vous, alors allez y sans réfléchir.

Il tourne son regard vers l'hôpital et sourit.

-Je prie chaque jour pour ne plus devoir entrer dans cet hôpital de malheur. Mais ce ne sert à rien de prier à l'extérieur, vaut mieux passer du temps avec ceux qu'on aime à l'intérieur. Vous comprenez ?

Je hoche la tête, surprise de la situation. La franchise des personnes âgées m'étonnera toujours. Ils ont compris au fil du temps que ça ne servait à rien de cacher ce que l'on pense vraiment. Il faudrait que je fasse ça moi aussi.

-Regardez- moi faire.

Il commence à avancer alors que je le regarde attentivement. Il court presque jusqu'à la porte d'entrée puis se retourne vers moi. Il lève les bras victorieux et pousse un crie comme s'il avait gagné une course. Je rigole et le suis. Il a raison après tout. J'arrive à la porte où ce monsieur m'attend.

-Allez-y, dit-il en souriant.
-De quoi ?
-Hurlez de joie.

Je souris et secouant la tête.

-Hors de question.
-Ça fait du bien, je vous promets.

J'hésite quelques instants. Après tout, pourquoi pas. Je pousse un petit cri de joie et souris fière de moi.

-Vous vous moquez de moi. C'était quoi ça ? Nul. Recommencez.

Il hurle à pleins poumons se faisant retourner plusieurs personnes. Honteuse, je lève mes bras vers lui espérant qu'il baisse d'un ton et m'approche du vieil homme.

-Chut ! Arrêtez !
-Allez-y ! A vous.
-Non je ne peux pas faire ca.
-Dépêchez-vous.
-Youpi, chuchoté-je en levant les bras.
-Non, il faut crier pour que ça marche.

Cette fois-ci je crie de bon coeur, voulant satisfaire l'homme en face de moi.

-C'est mieux. Vous vous sentez comment ?

Je réfléchis à ce que ce crie à bien pu m'apporter. Cet homme a raison. Je me sens rempli de bonne énergie. Libérer du poids qui me pesait depuis quelque temps.

Je me tourne vers le monsieur et je le vois me sourire. Il commence à partir en mettant ses mains dans ses poches.

-Pensez-y. Hurler ça fait du bien parfois. Au revoir mademoiselle.
-Au revoir monsieur. Et merci.

Il n'a pas le temps de me répondre car il est déjà parti. Je me dirige vers l'ascenseur pour rejoindre la chambre de Charlie. Je m'arrête aa l'accueil du service et m'adresse à la secrétaire.

-Bonjour, j'aimerais savoir s'il y a déjà quelqu'un en visite pour Charlie Jones.
-Laissez-moi regarder, dit en regardant son carnet. Non il n'y a personne. M.Jones a dit qu'il allait arriver en début d'après-midi.
-Parfait, merci beaucoup.

Je continue aa m'enfoncer dans le long couloir donnant sur les portes de chambre. Je m'arrête devant celle de Charlie. Je m'apprête aa entrer mais remarque qu'elle est entrouverte. Je m'approche doucement et entends des voix dans la chambre. Je reconnais celle de l'infirmière que j'ai rencontrée la dernière fois: Marion. Il y a aussi de la musique. Pas trop forte pour ne pas déranger les autres chambres, mais assez pour que je l'entende.

-Allez, c'est parti. On danse Charlie. Les mains en l'air.

Je pousse un peu la porte et aperçois Marion en train de danser devant le lit de Charlie. Elle bouge dans tous les sens au rythme de la musique. En même temps, elle est en train de refaire son lit. Je souris devant ce que je suis en train de voir. Elle manque de tomber en glissant sur le sol mais se rattrape au dernier moment aux barreaux du lit. Elle rigole et regarde Charlie

-C'était moins une. Je sais ce que tu me dirais Charlie. « tu ne peux pas t'empêcher d'être maladroite, tu es sure que tu es capable de me piquer dans la bonne veine, je devrai peut-être changer d'infirmière ». Tu dois être en train de te moquer de moi ou que tu sois. Tu as intérêt à te réveiller pour que je puisse de dire ce que je pense moi.

Elle secoue la tête et reprend aa gigoter en rattrapant les draps sales par terre. Comprenant qu'elle s'apprête aa partir, je toque à la porte. Elle lève la tête vers moi et me souris timidement.

-Je peux entrer ?

Elle coupe la musique et hoche la tête.

-J'allais partir, j'ai terminé.
-Je vous ai entendu. Danser et parler avec lui.
-Oh, dit-elle laissant un blanc pesant. Et alors ?
-Vous faites ca avec tous vos patients ?
-Ceux que j'apprécie beaucoup, oui. Pourquoi ?

Je hausse les épaules et m'installe dans le fauteuil auprès du lit de Charlie.

-Vous croyez qu'il m'entends ?

Elle me regard d'un air triste et pose les draps qu'elle avait récupérés. Elle prend la chaise et la place à cote de moi. Je dois la regarder bizarrement parce qu'elle se justifie:

-J'allais partir en pause, je peux la passer la ?
-Hum, si vous voulez.
-Je ne crois pas qu'il nous entende, j'en suis sûr. Tu ne te rends pas compte du nombre de fois où j'ai écouté un patient me raconter ce qu'il avait vécu pendant son coma. J'aime parler avec Charlie parce que je sais qu'il va retenir et que ça le motive forcément.

Je n'arrive pas aa tourner le regard d'elle. Elle a des yeux tres beaux. Ils sont comme envoûtant.

-Merci.
-Pourquoi ?
-De parler avec moi. Je n'ai pas ete tres correcte la dernière fois. Je sais que vous ne pensiez pas mal en parlant au passé de Charlie. Vous avez l'air de l'apprécier.
-Je suis désolée si j'ai pu te blesser. Et oui, je l'aime bien. C'est un gentil garcon.

Je souris à sa remarque. Nous passons un bon quart d'heure aa discuter. Elle me demande de lui raconter comment nous nous sommes connues avec Charlie et c'est ce que je fais. Elle me parle de son métier plus que passionnant. Elle me raconte plusieurs anecdotes qu'elle a vécues avec ses patients. Il y en a des drôles, mais aussi des tristes.

-Je dois te laisser, j'y retourne. Ça m'a fait plaisir de parler avec toi Mia. Si tu as une envie de discuter, je suis la.
-Merci Marion.

Elle s'en va et je sors mon livre. Au bout d'un moment, je m'arrête. Si Marion a réellement raison, Charlie doit entendre un simple silence alors que je suis là. Il se demande peut-être si je suis partie en même temps que Marion. Il se sent surement très seul. Je me replonge dans mon livre, mais cette fois-ci, je lis a voix haute.

La vie vaut d'être vécueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant