Chapitre 62

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PDV MIA

-Tu es tellement... tellement...
-Tellement quoi Charlie, dis-je en me retournant brusquement.

Il saute de la voiture et me rejoint. Il se rapproche de moi et bizarrement, tente de me prendre dans ses bras. Je pensais qu'il allait s'énerver contre moi, mais apparemment il veut apaiser les choses. Ce serait trop simple. Je ne peux pas m'empêcher de le repousser en le défiant du regard.

-J'attends. Tellement quoi ?
-Tu es trop pessimiste.
-Comment ne pas l'être dans la situation ou nous sommes.
-J'ai toujours cru en mon rétablissement, même dans les pires moments de la maladie.
-Je ne vois pas à quoi ça sert. Je vais bien en ce moment et ce n'est pas pour ça que je pense pouvoir guérir. On va mourir Charlie ! Mets-toi ça dans le crâne. Pourquoi nous survivrions alors que tant d'autre sont morts ? 

Je recommence à marcher voulant m'aérer un peu les idées. Mais Charlie me suit.

-Je ne peux pas accepter que tu dises ça. Aie un peu confiance en la médecine Mia.
-Tu me parles de confiance ! Vraiment Charlie !

Je suis surement trop énervée pour continuer à discuter, mais je ne m'arrête pas pour autant. Prenant le risque de dire des choses que je regrette, je reprends la parole.

-Je ne compte pas faire confiance aux gens qui ont inventé un anti-virus que pour les riches. Non, pardon, pour les riches et ceux tellement mal en point que l'anti-virus n'arrive même plus à temps. C'est n'importe quoi. Ils ne font rien. Ça n'avance pas. Laisse-moi seul un moment s'il te plaît.
-Pourquoi est-ce qu'on est ensemble si tu ne crois même pas en notre futur alors.

Charlie a compris qu'il ne fallait pas qu'il me force à le regarder. Il marche seulement derrière moi.

-Je suis avec toi pour profiter des derniers moments qui me restent, c'est tout. Pas besoin d'avoir de futur.

Il s'arrête brusquement comme si je l'avais blessé. Je me retourne et le regarde enfin dans les yeux.

-Ton étoile morte ce soir, commencé-je doucement, nous n'allons jamais le savoir. Je serais morte bien avant que sa lumière s'éteigne pour la terre. Et toi aussi, tu le sais très bien.

Charlie se retourne sans me lancer un regard et marche vers la voiture. Il semble très énervé. Mais je m'en moque. C'est lui qui m'a poussé à dire ces choses. Je reste au milieu du champ pendant que lui rentre dans le Pick Up boudant comme un enfant. J'aimerais rentrer chez moi, mais je n'ai toujours pas vu Honey revenir. Je ne peux partir sans lui. Je décide d'avancer vers le fond du champ pour le retrouver. Hors de question que je rejoigne Charlie dans la voiture.

Au bout d'une cinquantaine de mètres parcourus, j'entends la portière de la voiture claquée. Charlie m'a surement entendu crier le prénom de mon chien parce qu'il se met lui aussi à l'appeler. Nous restons à une distance raisonnable l'un de l'autre. Je crois que lui aussi veut partir. Pourquoi m'aider sinon ?

Après une dizaine de minutes à hurler, aucun signe d'Honey. Je commence vraiment à m'inquiéter. Je suis épuisé. Il doit être deux ou trois heures du matin et cette soirée a été très longue. Je m'assieds dans l'herbe et commence à jouer avec quelques brins. Je sens Charlie s'approcher de moi et m'observer debout. Je n'ose pas lever les yeux vers lui, mais sa présence me rassure. Je suis toujours fâché, mais ce ne me dérangerait pas qu'il s'assoit à côté de moi. Je ne lui avouerai jamais bien sûr.

-Il va revenir.

Je sursaute au son de sa voix, ne m'entendant pas à ce qu'il prenne la parole.

-Je sais.

Je me relève et me place devant lui à une distance respectable.

-Quand il sera revenu, je veux que tu nous ramènes chez moi.

Je marche vers la voiture décidée à m'assoir dans un endroit plus confortable qu'au beau milieu du champ.

-Mia, dit-il en me suivant. Tu n'es pas obligé. Discutons. Je crois que nos paroles sont allées un peu trop loin a tous les deux. Ça m'énerve que tu penses comme ça mais j'ai compris que je ne pouvais pas te faire changer d'avis.

Et tu as eu des paroles blessantes, mais je sais que ce n'est pas ce que tu penses.

Je secoue la tête aux bêtises qu'il est encore entrain de me raconter. J'accélère le pas me rendant compte du long chemin que l'on avait parcouru.

-Laissez-moi redescendre un peu. S'il te plait.

Charlie s'arrête une nouvelle fois et fait tomber ses bras contre ses jambes en signe de protestation.

-Rappelle-toi que ce n'est pas de ma faute si tu es malade. Je n'y suis pour rien. Moi je suis là pour toi, comme tout ceux qui ont tenté de t'aider ces derniers temps. Résonne-toi un peu. Tu as l'impression que tout le monde est embêtant et bizarre, mais demande toi si ce n'est pas toi le problème plutôt.

Mon coeur manque un battement, touché par ce que vient de me dire Charlie. Mais mon cerveau décide de s'énerver, et non pas de se calmer et de reflechir. Je me retourne bien décidé à m'énerver contre lui une nouvelle fois dans la soirée. Mais je n'ai pas le temps car Honey me saute dessus me faisant tomber à la renverse. J'étais tellement absorbée par ce que me disait Charlie que je ne l'ai même pas entendu arriver.

Je l'attrape par le collier de peur qu'il ne parte une nouvelle fois sans revenir pendant deux heures, et l'amène au coffre de la voiture. Le temps que je l'attacher à l'arrière, Charlie est déjà monté à l'avant pour démarrer le Pick up.

Les dix minutes de trajet fut les plus longues que je n'ai jamais vécues. Aucun d'entre nous deux n'a dit un mot. C'est une tout autre ambiance qu'a l'allée. Je me demande comment nous avons pu en arriver là. Dire qu'il y a cinq heures, nous étions plus amoureux que jamais. Heureusement, Charlie a mis de la musique. Cela comble un peu l'atmosphère pesante du silence. Honey a décidé de hurler au rythme de la chanson comme un loup a la pleine lune.

La vie vaut d'être vécueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant