Chapitre 61

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PDV MIA   

    Nous retournons à la voiture, maintenant, il est assez tard pour que l'on aperçoive les étoiles. Charlie avait raison, il y en a plein ce soir. Je monte dans le coffre du Pick Up et m'allonge sur une des couvertures qu'il a placées. Bientôt rejointe par Charlie, nous regardons les étoiles au-dessus de nous, main dans la main.

    -Connais-tu des noms de constellations ou d'étoiles ?

    Je me tourne vers lui et souris en pensant à ma réponse.

    -Qu'une.
    -Laquelle ?

    -Cassiopée. Quand on était petite, Cassie adorait regarder les étoiles. Nous pouvions passer des heures allongés dans nos jardins le soir. Mais tout ce qu'il l'intéressait c'était la constellation Cassiopée. Elle est très difficile à repérer parce qu'il y a plein de petites étoiles autour d'elle. On l'a vu pour la première fois il y a quelques années, alors qu'on cherche depuis longtemps. Je n'en pouvais plus d'entendre parler que de ça. Je ne sais aucune autre constellation ou étoile à part celle de base bien sûr. Et toi ?

    -Je ne suis pas très doué en astrologie, mais je peux réparer les plus faciles. La grande ourse bien sûr, dit-il en pointant son doigt sur la fameuse casserole. Puis j'arrive à voir Orion, avec la ceinture au milieu. La galaxie d'Andromede parfois. Enfin bref, j'aime bien regarder les étoiles.

    Un silence s'installe entre nous pendant que j'essaye de réparer ce qu'il m'a montré. C'est compliqué. J'ai l'impression que tout se ressemble, rien ne fait des formes.

    -Tu te rend compte que quelques-unes de ces étoiles sont déjà mortes à cette heure ci, reprend Charlie. Enfin, avec la vitesse de la lumière, pour nous elles éclair toujours, mais en réalité elles se sont éteintes.

    Il s'arrête de parler, semblant réfléchir à ce qu'il va dire ensuite. Je le regarde attentivement.

    -Peut-être qu'une étoile est morte ce soir. Mais nous allons nous en rendre compte que dans une dizaine d'années.
    -Dans une dizaine d'années, répété-je doucement.

    Il hoche la tête en signe de réponse.

    -Est-ce que tu as prévu de faire quelque chose de spécial avant la fin de ta vie ?

    Charlie se relève d'un coup, surpris par ma question.

    -Pourquoi tu me demandes ça ?
    -Je ne sais pas, répond seulement.

     Il se recouche lentement et souffle un coup. Il reprend une grande respiration comme s'il allait avoir besoin de courage pour la suite de la conversation.

    -Je n'y ai jamais vraiment réfléchi J'essaye de ne pas repousser les choses que je veux faire au lendemain vu la situation.

    Je laisse peser un blanc et c'est à mon tour de prendre une grande respiration. Ce que je m'apprête à lui dire je ne l'ai jamais avoué à personne.

    -Nager avec les dauphins.

    Charlie sourit en haussant les épaules. Je ne lui donne pas le temps de répliquer que je reprends déjà la parole.

    -Voir une aurore boréale.

Cette fois-ci, Charlie hausse un sourcil, étonné. Il se demande surement ce que je suis en train d'énumérer

    -Faire un lâcher de lanternes. Pas celle qui tue les dauphins bien sûr sinon ma liste se contredirait elle-même

    Il se redresse commençant à s'énerver un peu.

    -Qu'est-ce que tu me fais Mia? C'est quoi ca ?

    Je me redresse à son niveau et continu ignorant sa remarque.

    -Passons aux choses impossibles maintenant: voler.
    -Tu ne peux pas avoir prévu tout ca. Ce n'est pas bon pour le moral d'avoir pensé à une liste aussi précise des choses que tu veux faire avant de mourir.
    -Etre a deux endroits à la fois. Voilà ma liste. Moi j'y ai réfléchi.

    Charlie secoue la tête et attrape mes bras de ses mains.

    -Tu n'aurais pas du ! Parce que tu ne vas pas mourir.

    Je me recouche ne voulant pas entrer dans ce sujet. Charlie toujours assis baisse la tête, comme triste. Il se replace à côté de moi et me prend la main.

    -Quand on s'est rencontrés à la fête foraine. Tu t'en souviens ?
    -Bien sûr, répondé-je.
    -Je t'ai beaucoup de questions à la suite. Tu y as toutes répondu.

    Je souris à se souvenir me rappelant comment Charlie était stressé.

    -Toute sauf une, reprend-il doucement.
    -Ah oui ? Laquelle ?

    Il se tourne vers moi et plonge son regard bleu dans le mien.

    -Qu'est-ce que tu veux faire plus tard Mia ?

    Je souris gênée. Je me souviens maintenant. Je sais pourquoi je n'y ai pas répondu.

    -C'est marrant que tu te souviennes de ca.
    -Répond moi maintenant.
    -Je ne sais pas.
    -Tu ne sais pas ou tu ne veux pas prévoir ?

    Je bascule ma tête sur le côté pour ne pas le regarder en face. Je sais à quoi il pense. Et il a totalement raison.

    -Je n'ai jamais cherché à savoir ce qui me plairait de faire comme métier parce que je sais que jamais je ne pourrais l'atteindre.

    Je sens que Charlie commence à s'énerver. Je n'en peux vraiment plus de parler de futur et de virus et de nous. Je préférerais que l'on vive le moment présent. Mais il n'a pas l'air de mon avis.

    -Je ne comprends pas comment on peut penser comme ça.
    -Vas-y, dis moi ce que tu veux faire toi, dis-je commençant à m'énerver moi aussi.
    -Architecte, riposte-il immédiatement.

    Je me lève contrarier et descends de l'arrière de la voiture. Charlie se lève à son tour et me regarde partir.

La vie vaut d'être vécueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant