Chapitre 73

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PDV MIA

    -Qu'est-ce que c'est censé vouloir dire, demande Gabin ?

    Je tourne mon regard vers lui. Il a l'air inquiet. Je sais répondre à sa question. Mais ce n'est pas à moi de le faire. Je prends la main de Gabin dans la mienne en espérant le soulager un peu.

    -Charlie est dans le coma depuis plus de trois semaines maintenant M.Jones. Tous les examens que nous avons faits montraient qu'il n'y avait pas d'amélioration.

    Je me redresse sur ma chaise, mal à l'aise. Ce qu'il dit me brise le coeur, mais j'essaye de le montrer le moins possible. Pour Gabin. En face de moi, il y a trois des docteurs de Charlie. Enfin, pour être exact, il y a docteur Filip, le vrai médecin de Charlie. Et deux autres qui l'assistent sur le cas. Je ne les vois presque jamais, sauf pour ce genre de réunion. Depuis que Charlie est à l'hôpital, j'en ai assisté à trois. Une chaque semaine environ.

    -Mais, le dernier bilan que nous avons fait est plutôt pas mal, continue le docteur.
    -Plutôt pas mal ? Vous vous foutez de moi. Qu'est-ce que ça veut dire ça ?
    -Ce que je veux dire, c'est que si ça continue dans ce sens la... Je pourrais envisager d'arrêter le coma artificiel de Charlie dans les prochains jours.

    Gabin tape du point sur la table ce qui fait sursauter les médecins. Ce n'est pas de la colère, c'est de la joie. Il a l'air tellement heureux. Je ne peux m'empêcher de sourire. Il tire ma main qu'il avait toujours dans la sienne et je me retrouve dans ses bras en un rien de temps.

    -Je le savais Mia. Bien sûr que mon fils allait se réveiller !

    Je rigole en le serrant dans mes bras. Moi aussi, j'y croyais, depuis toujours.

    -C'est n'est pas aussi facile que ça M.Jones. En réalité il y a tout un protocole. Je sais que ce vous semble un énorme pas en avant, et ça l'est. Mais tout n'est pas terminé. Nous ne pouvons pas savoir si Charlie va réellement survivre à tout ça, et surtout, s'il sera comme avant. Malheureusement, parfois, les patients se réveillent et ont une déficience cérébrale. Ça peut aller de la perte de mémoire, jusqu'à l'handicap sévère. Quelquefois, sans que nous n'arrivions à l'expliquer, les personnes atteintes du virus se réveillant du coma ne savent plus marcher. Il faut tout leur réapprendre. Ca peut aussi être...

    Gabin se retourne lentement vers docteur Filip. Ce dernier s'arrête de parler et fait une petite grimace, s'attendant surement à recevoir des reproches.

    -Écoutez docteur. Mon fils est l'être le jeune homme le plus courageux que je n'ai jamais rencontré. Vous le savez tout autant que moi, mon fils est fort. Quand il avait 14 ans, il a appris qu'il était malade. C'est lui qui a réussi à me consoler, vous y croyait ? J'étais effondré qu'un nouveau malheur s'abatte sur notre famille, et lui m'a aidé à y croire. Il s'est approché, et m'a dit tout calmement « ne t'inquiète pas papa, je vais bien. Je suis encore là, alors je vais en profiter. Ne pleure pas, profites-en avec moi. ». C'est des années après que j'ai réalisé la maturité que mon fils pouvait avoir face a sa maladie. La maturité qu'il a toujours eue ! Alors oui, il va se réveiller, parce que mon fils est extraordinaire.

    Je n'arrive plus à quitter Gabin du regard. J'ai les larmes aux yeux mais ne peux m'empêcher de sourire à nouveau. Le docteur hoche la tête et Gabin me prend de nouveau la main pour me faire sortir du bureau.

    -Tu te rends compte Mia. Charlie va revenir !

    Je n'ai rien dit depuis le début de ce rendez-vous. Mes mots ne veulent pas sortir. A vrai dire, je ne sais même pas quoi dire. Je suis tellement heureuse, mais en même temps j'ai une peur énorme. Et si le docteur avait raison ? Et s'il ne réveillait finalement pas, ou il pourrait être différent, ne plus de rappeler de moi.
Gabin redresse ma tête en me prenant par le menton. Il me sourit gentiment et prend mes joues dans ses mains. Il fixe son regard dans les miens et me dit:

    -Je t'interdis d'être défaitiste maintenant. Nous voyons le bout. Tu ne peux pas laisser tomber. Valentin a abandonné, regarde ou il est maintenant. Il ne me parle plus et ne saura peut-être jamais que son frère est encore en vie. Sauf si je le lui dis, et crois-moi je ne compte pas le faire sauf s'il m'appelle pour s'excuser. Bref, en tout cas, garde espoir jusqu'au bout s'il te plait.

    -Plus besoin de parler, vous m'avez convaincu quand vous m'avez comparé à Valentin.
Gabin lève un sourcil, et je me souviens d'un coup que c'est quand même son fils. Je n'ai pas le droit de le traiter comme ça devant lui. Les moments de plaisir où je peux déferler ma haine sur Valentin sont réservés avec Marion.

    -Désolée, dis-je en tentant un petit sourire.
    -Aucun problème, répond-il en haussant les épaules. Il l'a bien mérité.

    Nous marchons dans le couloir, continuant de parler du rendez-vous. J'essaye d'aborder le sujet que le médecin nous a évoqué. Charlie ne sera peut-être plus comme avant. Gabin en a conscience et ce qui m'importe le plus. Il n'y a rien de pire qu'avoir des espoirs totalement détruit ensuite.

    En arrivant devant la chambre de Charlie, je vois ma mère assise sur une chaise.

    -Coucou maman. J'arrive tout de suite, dis-je en entrant dans la chambre de Charlie.

    Je danse un peu dans la salle, plus qu'heureuse, en racontant à Charlie ce qui vient d'être dit ces dernières minutes. Je lui dis que je suis fière de lui. Il va pouvoir revenir permis nous. Je lui fais un bisou sur le front et sors de la pièce. Il ne faudrait pas que je fasse attendre ma mère encore plus.

    Quand je sors, je vois ma mère dans les bras de Gabin. Elle a l'air heureuse, il lui a surement dit que Charlie allait pouvoir sortir du coma artificiel. Elle se dirige vers moi et me fait à mon tour un câlin.

    -Je suis tellement contente pour toi ma chérie, pour Gabin, et pour Charlie bien sûr.

    Elle prend ma tête entre ses mains et dépose un bisou sur ma joue. Je dis au revoir à Gabin et nous sortons de l'hôpital dans la meilleure des ambiances.

La vie vaut d'être vécueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant