Chapitre 70

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PDV MIA

    Je décide de ne pas rester trop longtemps à l'hôpital aujourd'hui. Je suis resté jusqu'à ce que Gabin et Valentin arrive. Je leur ai dit bonjour, puis je suis parti le plus vite possible. Je ne voulais pas rester à écouter les bêtises que peut raconter son frère.

    J'ai demandé à ma mère de venir me chercher. Mais c'est mon père que j'ai vu arriver. Je suis donc dans la voiture avec lui mais il ne me parle pas du tout.

    -Maman est ou ?
    -À la maison.

    J'attends un peu plus d'explication mais mon père n'argumente pas.

    -D'accord, dis-je lentement.

    Je regarde par la fenêtre, essayant d'ignorer la situation critique de la relation que j'ai avec mon père. Une fois arrivé, je descends vite de la voiture pour rentrer chez moi.

    -Attends.

    Je m'arrête de marcher et me retourne vers mon père.

    -Quoi, demande-je.
    -J'ai besoin de te parler.

    Je crois les bras et lance mon regard méprisant. Il est normalement consacré à ma mère mais tout change dans la vie.

    -Et de quoi ?
    Je remarque que je ne suis pas seulement déçu, je suis en colère. Je peux comprendre que j'ai mal agi à un moment. Mais de là à me le reprocher pendant des semaines. En plus maintenant que Charlie est à l'hôpital, il pourrait essayer de me comprendre.

    -Ta mère ne va pas très bien en ce moment. Je m'inquiète.

    Je croise les bras, contrariée de la conversation qui va démarrer. Ma mère se sent mal, d'accord, mais moi ? Ne s'inquiète-il pas pour moi ?

    -Et pourquoi ?
    -Je ne sais pas vraiment, Charlie tout ça. elle est bouleversée pour toi et pour Gabin surement. Je me suis dit que tu pouvais essayer de lui parler. Elle pleurait tout à l'heure, c'est pour ça que c'est moi qui suis venu te chercher. Tu pourrais lui dire que tu vas bien, ça la rassurerait.

    Je secoue la tête, sidérée par ce qu'il dit et baisse les yeux pour éviter son regard.

    -Qui te dit que je vais bien ?
    -Euh, et bien...

    Je repose mes yeux sur lui et vois bien qu'il ne sait pas quoi dire. Il reprend en haussant les épaules comme si ce qu'il disait semblait logique:

    -Je trouve que tu as l'air de bien t'en sortir. Tu me semble bien gérer la situation.
    -C'est normal que tu penses ça papa. Tu ne me parle plus depuis des semaines.

    Je me retourne pour me diriger vers la maison. Je sais ce que je dois faire pour ma mère. Pour mon père, par contre, j'abandonne.

    -Laisse tomber, je vais voir maman.

    Il commence à me suivre pour essayer de me rattraper mais j'accélère mes pas. J'entre dans la maison en trombe et cherche ma mère du regard. Elle n'est pas dans le salon alors je cherche dans les autres pièces de la maison.

    -Mia, attend, dit mon père qui me suit toujours. Je sais que je n'ai pas été vraiment présent ces temps-ci.

    Je me retourne vivement et mon père manque de me rentrer dedans.

    -« Pas vraiment été présent ». Tu te moques de moi ? Mon copain est dans le coma depuis presque deux semaines. Tu ne m'a pas lâché un mot depuis encore plus. Et tu oses me dire que tu n'as pas été « vraiment » présent.

    Je reprends à chercher dans la maison laissant mon père seul au milieu du couloir. Je marche rapidement, contrarié par ce que me dit mon père. Je ne le comprends plus. C'était l'homme que j'aimais le plus sur cette terre. Je ne m'imaginais pas vivre sans lui. Il arrivait aa me consoler dans n'importe quelles situations. Mais maintenant j'ai l'impression que mon pere est devenu un inconnu pour moi.

    -Je suis désolée, reprend mon pere derrière moi.

    Je n'avais pas senti qu'il continuait à me suivre. Je ne lui réponds pas car je trouve enfin ma mère. Elle est dans son lit, la couette remontée jusqu'au-dessus de sa tête. Je m'approche d'elle doucement n'étant pas sûre qu'elle soit réveillée. Je lui secoue l'épaule et je vois son regard se lever sur moi.

    -Oh, chérie. Tu es déjà là. Est-ce que ça va ? Et Gabin, tu l'as croisé ? Je suis désolée de ne pas être venu te chercher moi-même.
    -Ça va maman, ne t'inquiète pas. Tu veux venir avec moi ? J'ai quelque chose à te montrer.

    Elle se redresse doucement et me fait un sourire. Je lui prends la main et l'aide à se lever. Je n'avais pas vu comme elle était triste depuis l'accident de Charlie. J'étais trop occupé à penser à lui que je n'ai même pas pensé aux gens autour de moi. Je sais que ce n'est pas seulement à cause de lui. C'est aussi pour moi. Elle voit ce qui risque de m'arriver un jour ou l'autre. Presque tout le monde mourant du virus tombe dans le coma peu de temps avant. J'espère de tout mon coeur que ce n'est pas encore au tour de Charlie. En tout cas, ma mère doit surement me voir à la place de Charlie à chaque fois qu'elle entre dans l'hôpital. Et bien sûr, elle se voit à la place de Gabin. Je comprends qu'elle ait eu besoin d'une fois sans venir me chercher.

    -Tu m'amènes ou ?
    -C'est une surprise, viens. Je te guiderai en voiture.

    Elle sort de sa chambre et je la suis. En passant devant mon pere, elle lui prend la joue et y dépose un bisou. Moi je l'ignore en beauté, baissant les yeux pour ne pas croiser son regard.

    -Ou est-ce que vous allez, demande mon pere en nous suivant jusqu'au placard à chaussures.
    -C'est une surprise, elle va me guider en voiture, dit ma mère en souriant.

    Je sors en attendant que ma mère finisse de lacer ses chaussures et monte dans la voiture. Je prends le temps de regarder mon portable. Aucun message de Gabin, c'est que Charlie ne s'est pas réveillé bien sûr, mais c'est aussi qu'il n'a pas eu de nouveau problème. C'est déjà ca.

    Je releve les yeux et vois ma mère sortir de la maison. Le problème c'est que mon pere la suit. Ils grimpent tous les deux dans la voiture. Ma mère au volant et mon pere a l'arrière.

    -Qu'est-ce qu'il fait là, demandé-je en le désignant.
    -Il vient avec nous, ce te pose problème.
    -Non, dis-je en fronçant les sourcils. Démarre.

La vie vaut d'être vécueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant