Chapitre 9

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Il arrive chez lui, et remarque le silence profond qui règne dans l'appartement. Il se souvient que sa mère est partie avec ses sœurs aînées, les plus petits sont avec des amis et son père travaille.

Il se jette sur son canapé et une mer de larme coule de ses yeux.

Il a envie de hurler, de tout renverser. De s'exprimer, de ne plus se laisser faire. Il voudrait changer, se faire accepter, être hétéro, que les autres ne l'insultent plus.

Être différent mais une différence que les autres aiment, pas une qu'ils blâment.  Trouver une place dans ce monde si plein. Être intégré, ne pas être marginalisé.

Mais je ne peux pas changer. Je ne peux pas changer ma personnalité... Mes goûts sont ce qu'ils sont. Et les autres ne m'accepteront jamais. Je suis gay. Je ne peux pas être hétéro. Je n'ai de place nul part.

Il va soigner sa cheville dans la salle de bain. Il s'appuie sur son pied valide pour attraper la trousse de soin, mais il perd l'équilibre et les ustensiles places sur la trousse tombent.

Eh merde. Je rate vraiment tout.

Il range tout en vitesse et tente de soigner son pied. Il attrape une bande et tourne un peu sa cheville pour la remettre totalement droite.

Le douleur l'arrête et il abandonne l'idée.  Il décide alors de placer une simple chevillère.

Il décide alors de prendre un bain, pour se détendre, mais au moment d'enlever son pull, tous les papiers qu'il avait trouvé dans son casier tombent. Il en prend quelques uns, et les met à la poubelle. Cependant, certains voient dans tous les sens et les mots le blessent, comme des couteaux qu'il prendrait dans le cœur. Il se baisse pour en attraper un et lit :

Vas crever. Tu le mérites sale gros PD. Tu sais ce qui pourrait tout arranger ? TON SUICIDE.

Ses larmes recommencent alors à inonder son visage. Il s'assoit sur le sol, détruit, et laisse son corps s'exprimer. Il tourne la tête et voit un petit objet métallique qu'il avait fait tomber. Il le ramasse et voit sa solution.

Une lame de rasoir, coupante.

Il a sûrement raison. Ils ont tous raison. Je devrai en finir.

Il porte la lame à son poignet, appuie et la déplace horizontalement. Un filet de sang coule, et Mika le fixe, sans émotion apparente apart la souffrance et la tristesse.

Alors c'est ça. Cette sensation. Se sentir vivant. La douleur n'est pas la même que celle de mes bleus. Non. Elle est saine, vivifiante.

Comme hypnotisé par cette douleur, il trace un nouveau trait. Puis un autre. Puis encore un autre. Et des traits de toutes les tailles apparaissent bientôt sur ses bras. Il continue, s'acharnant sur lui-même. Il entend la porte d'entrée claquer, et il trace le dernier trait plus violemment, plus profondément, ce qui lui arrache une expression de douleur bientôt remplacée par une expression de sérénité. Le sang qui coule le fait se sentir vivant, et il aime cette douleur.

Pas par un plaisir masochiste, non, c'est plutôt un plaisir libérateur, un plaisir unique.

Il nettoie la salle de bain, et sort de celle-ci avec une simple chevillère et les bras couverts de traces libératrices. Il se dirige vers le canard, et lui donne à manger. Il le caresse et ce moment le fait penser à la rencontre avec l'inconnu du parc.

J'aurais aimé le revoir... Connaître son nom. Le toucher peut-être... Goûter ses lèvres si...

Un claquement de porte l'arrache à ses pensées.

Everything changes in a blink of an eye (BXB)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant