Il lève donc la tête vers le jury et voit que celui-ci sourit. Le stress lui tord toujours le ventre et il tente de retrouver une normale respiration. Il se tord les mains en arrière et torture ses doigts.Les juges échangent quelques mots entre eux sans que Mika entende quoique ce soit puis s'adressent à lui.
Juge 1 : Très bien monsieur Penniman, merci. Était-ce un morceau original ou une reprise ? Je n'ai pas reconnu le morceau.
Il tourne la tête vers ses collègues pour savoir leur avis.
Juge 3 : Oui, je n'ai pas reconnu non plus. En tout cas, vous avez du talent, c'est bien. Très bien.
Mika rougit en baissant la tête.
Juge 2 : Oui je pense aussi que c'était un morceau de votre composition n'est-ce pas ?
Mika hoche la tête de haut en bas d'un mouvement presque imperceptible.
Les juges sourient devant le malaise évident du garçon. Il est très timide et gêné de se tenir devant eux. Il a l'impression de se tenir devant des juges de paix qui doivent décider de si il doit être sauvé de sa vie actuelle ou non. Il appréhende mais a hâte de connaître leur avis sur sa potentielle admission dans leur prestigieuse école de musique.
Les hommes présents semblent entendre l'interrogation muette du garçon et prennent la parole.
Juge 2 : Monsieur Penniman, nous sommes tous d'accord ici pour dire que vous avez beaucoup de talent. Si tout était inventé comme vous semblez nous le dire, c'est très impressionnant. Mais voyez-vous, c'est une école assez élitiste et si vous n'êtes pas capable de lire les partitions, cela va poser problème même si il pourrait y avoir une solution. Nous aimerions parler avec vos parents avant que vous fassiez un malaise, sûrement.
Il finit sa phrase par une plaisanterie mais Mika se sent réellement défaillir. Il se tient au piano mais se sent soudain très mal. L'addition du stress, de l'angoisse, de la douleur et de la fin des antidouleurs donne un mélange très désagréable. Il aurait envie de vomir si il était dans un autre contexte. Ses côtes sont sont en feu et il a très envie de reprendre sa morphine. Il se lève et attrape sa canne. Aussitôt, les juges semblent perplexes.
Juge 1 : Vous avez des difficultés pour marcher ?
Mika ne répond pas à la question et part, suivi de prêt par le jury. Ils parcourent le petit couloir et Mika voit sa mère arriver. Il lui saute dans les bras et Joannie le serre contre elle avec émotion. Elle est émue que son fils ait passé le test si prestigieux de l'école de musique.
Le jury s'adresse maintenant à elle.
Juge 3 : Madame Penniman ? Voudriez-vous bien me suivre pour que nous parlions de Mika ? Nous aimerions éclaircir quelques points.
Joannie : Bien sûr.
Elle se tourne vers son fils et lui embrasse le front doucement.
Joannie : Vas donc prendre l'air. Tu es si pâle que j'ai l'impression que tu vas faire un malaise.
Mika sourit légèrement. Sa mère n'est pas si loin de la vérité. Il la regarde s'éloigner avec les juges et il s'assoit sur une chaise à l'intérieur de l'école. Il regarde attentivement les détails de la décoration. Il aime beaucoup la décoration. Quand il était petit, à Paris, il était somnambule et la nuit, il déplaçait les meubles de la maison en faisant une sorte de scène de théâtre. Après il fuguait et était ramené chez lui par les éboueurs. Une enfance pleine de remous mais une enfance heureuse à Paris, jusqu'à ce que son père ait été obligé de rester à l'ambassade pour des raisons de sécurité.

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Everything changes in a blink of an eye (BXB)
Jugendliteratur"T'es du vide." "Tu sers à rien." "T'es encore là ?" "Tu ne manqueras à personne." Ce ne sont que des mots. Mais ces mots peuvent blesser. Ils créent des fissures. Qui se creusent à chaque insulte. Et réparer celles-ci est parfois impossible. À moi...