Une cage dorée

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Quand on m'a jeté dans cette chambre, j'ai tout saccagé. Ma colère était vive. Je savais à l'instant où Ezra a exigé aux gardes de m'emmener que j'avais perdu le contrôle sur ma vie. J'avais perdu l'opportunité de faire mes propres choix. J'étais devenue la propriété du palais et plus précisément du prince. La première journée, j'ai essayé de fuir et puis, j'ai réalisé que je ne pouvais aller nul part.

Si je retournais chez moi, ils seraient venus me chercher à nouveau et j'aurais couvert mon père de déshonneur. En fuyant au camps, je les aurais mis en danger et ils s'en seraient pris à mon père. Dans tous les cas, je suis prise au piège.

Le deuxième jour, je me suis mise à broyer du noir. Incapable de penser à autre chose que ma liberté perdu et l'impossibilité de revoir Aaron et Tamara. J'ai pleuré toute les larmes de mon corps si bien que mes yeux brûlent par leurs sécheresses. J'ai été incapable de manger ou d'avaler quoi que ce soit. On m'a fait préparer un bon nombre de plats tous aussi alléchant les uns que les autres mais je les aie fait retourner en cuisine. Outre les servantes du palais, personne n'est venu me voir. Est-ce que la solitude est ma punition pour avoir été honnête envers moi-même?

J'ignore comment me sortir de ce mauvais pas et j'ai bien conscience que personne ne me viendra en aide. Je déprime et ne peux m'empêcher de penser que cet endroit est la fin de toute liberté que j'ai pu avoir par le passé.

Le soleil se couche à l'horizon pour la troisième fois depuis qu'on m'a enfermé ici. Au moins j'ai accès à une grande fenêtre qui donne vu sur la ville d'Oaklane. Je peux voir les habitants circuler et admirer le soleil et les étoiles. Celle-ci commencent à montrer le bout de leurs nez lorsque j'entends la porte de ma chambre se déverrouiller. La servante du palais est venue chercher les plats auxquels je n'ai pas toucher. Elle s'empresse de refermer la porte à clé avant de repartir en cuisine.

Une autre journée qui se termine et mon malaise ne fait que grandir. Je ne sais pas à quoi m'attendre. Si ça se trouve, ils sont déjà en pleine planification de mariage. Autrement pourquoi me retenir ici sans visiteur? Après tout, la famille royale a tous les droit. Ils pourraient très bien exiger ma main à mon père et celui-ci y serait forcé. J'ose croire que Ezra ne s'abaissera pas à cela mais vue ses derniers agissements, je ne suis plus certaine de connaître cet homme si bien que je ne le prétendais.

La porte s'ouvre à nouveau, cette fois je me retourne et croise le regard d'un prince qui semble bien vulnérable. Je soupire et reprend mon observation du ciel. Je n'ai nul envie de parler au responsable de ma tristesse.

E: On m'a dit que tu n'avais pas toucher à tes repas.

Je ne bouge pas d'un poils. Peut-être avec un peu de chance, il quittera ma chambre. À son tour, il soupire et s'approche. Je le sens poser sa main son avant-bras mais je me dégage de son toucher comme s'il m'avait brûlé. Je sens que ma réaction le blesse mais cette fois je m'en moque. Il ne s'est pas gêné d'appeler les gardes pour me détenir prisonnière. Encore heureux que je n'ai pas été mené au cachot.

E: Puisses-tu, tendre amour, puiser la force de pardonner ces gestes qui t'ont tant déplus et ton cœur m'appartenir car le miens ne cesse d'être mutilé par ton indifférence.

K: Ce sont de beaux mots mais une colombe peut-elle aimer celui qui la détient alors qu'elle ne voit que les barreaux de sa cage?

E: Katherine...

K: Mademoiselle Knightley serait plus convenable.

Du coin de l'œil, je le vois serrer les paupières et froncer des sourcils. Le retour des bonnes manières devrait être suffisant pour lui faire comprendre la distance que je veux prendre. Néanmoins il semble prêt à se battre. Délicatement, il passe son bras dans le bas de mon dos et se glisse entre la fenêtre et moi. J'espère qu'il peut voir à quel point il m'a blessé. Il pose une main sur ma joue et je dois me retenir pour ne pas m'en dégager.

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