Trésors cachés

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Les décombres de Northridge cachent des trésors insoupçonnés. Des gens bienveillants et un endroit où il fait bon vivre. À première vue, la cité ressemble à un tas de bâtiments en ruine mais quand on y vit, on s'y sent rapidement chez soi. Le temps semble ralentir son rythme pour laisser aux réfugiés l'occasion de vivre paisiblement. Tout est différent de tout ce que j'ai connu et bien que mes proches me manquent, je ne me suis jamais senti aussi chez moi. J'ai vécu dans la citadelle presque toute ma vie et pourtant, un mois à Northridge me fait sentir comme si cette ville était mon foyer depuis toujours. Tamara agit comme une mère protectrice pour tout le camps. Callum est devenu un camarade de confiance aux milles et une histoires aussi invraisemblables les unes que les autres. Pour ce qui est d'Aaron, il se rend souvent dans les villages voisins à la recherche d'informations concernant les déplacements des chevaliers, comme un ange gardien sur la cité. Entre les tâches qui m'ont été assignées et les ses allée-retours dans les autres villages, Aaron trouve toujours un peu de temps pour moi. Ces moments volés sont des rêves que je fais éveillée.

Z: ... tu ne m'écoutes pas la!

Je lève les yeux vers Zara qui pose les mains sur les hanches avec un air désapprobateur. Elle a fini de tisser une bonne partie de la toile pour ma tente alors que mes rêveries ne m'ont pas grandement aidé à avancer le travail. Tamara est gentille et généreuse mais n'osera jamais me dire que j'empiète dans son espace personnel. J'ai demandé de l'aide à Zara pour confectionner ma propre tente mais je suis constamment distraite et elle ne se gêne pas pour me le rappeler. Ma nouvelle amie est brutale et direct, elle ne ressemble en rien à la douce Charlotte ou à Liana la plus distinguée de toute mais je l'aime tout autant. Zara lève les yeux au ciel et me reprend le travail de tissage que j'ai entre les mains.

K: Désolée je...

Z: Ouais ouais, épargne ta salive!

Je me mords la lèvre et me retiens de rire devant son air ennuyé. Zara est devenue une amie précieuse et me distrait de la tristesse que j'éprouve en repensant à mes proches encore à Oaklane. Ils me manquent tous horriblement mais je ne regrette pas d'être partie. Si j'étais resté, j'aurais dû dire adieux à ma liberté et aurais été forcée de porter un masque le restant de mes jours. Un masque que j'ai laissé derrière moi quand j'ai quitté le palais. Terminer les grand mots et les réprimandes sur mon comportement indigne d'une jeune demoiselle. Ici, je peux être moi-même, je ne crains pas pour ma réputation puisque je n'en ai aucune à protéger. Apprendre à vivre loin de tout ce que je connais a été un défi de taille mais également un bonheur. J'ai appris à survivre mais aussi à être indépendante. Zara me montre la cueillette et comment chasser le petit gibier à l'aide de collets et Tamara m'enseigne la préparation et l'utilisation des plantes médicinales. Ces deux femmes sont tout simplement extraordinaires.

Mes journées sont bien occupées, le jour est entièrement réservé aux tâches qui me sont confiées soit la cueillette et la préparation de remèdes. Le soir, les réfugiés se regroupent là où le marché de Northridge devait se tenir et nous mangeons tous ensemble. Nous profitons de la noirceur pour nous détendre. Contrairement à la forêt entourant la citadelle ou les ressources manquent, Northridge nous permet de ne manquer de rien. Les terres sont fertiles et tout le monde mange à leur faim. Les individus qui habitent les ruines semblent réellement heureux. Aucun d'entre nous ne se plaint de sa condition malgré le peu que l'on possède.

Le son d'un cor se fait entendre. Ils ont terminé de préparer le repas du soir et cela met fin à nos tâches et occupations pour la journée. Zara abandonne la toile et bondit sur ses pieds.

Z: Il était temps! Je meurs de faim!

Je ricane et me lève à mon tour. Zara est guidée par son estomac alors que moi c'est l'opportunité de voir Aaron qui me m'enchante. Mon voleur se fait discret mais je suis toujours impatiente de le retrouver. Au centre de la ville, plusieurs réfugiés sont déjà assis sur le sol avec un petit bol entre les mains. Le bouillis qu'ils ont préparé sent très bon! Je me sers une petite portion et rejoins mon amie par terre. Bien que la nourriture soit délicieuse, je mange avec peu d'appétit. Je le sens, son regard sur moi et je sais que si je lève les yeux, je serais incapable de continuer mon repas. Depuis que le mur entre nous s'est effondré, je mange peu et mon esprit divague sans cesse. Les papillons dans mon ventre s'envolent au moindre baisers volés.

Sherwood StoriesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant