Une étrange correspondance

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Le château est devenu ma prison et la bibliothèque, mon échappatoire. Personne n'ose venir me déranger. Séleste suit la reine Gwendolyn comme une bébé canard et le prince imite le roi Hiram pour se préparer à monter sur le trône. Un couple parfaitement assortis, c'est pourquoi je suis aussi ennuyée d'être encore retenue ici. Je n'ai pas reparlé avec Ezra depuis qu'il m'a accordé un peu plus de liberté. J'ai bien sur pris soin d'éviter le prince et les endroits où je pourrais le croiser. Je l'ai vu qu'une seule fois alors qu'il se baladait avec Séleste. Celle-ci ne cessait de parler et j'ai feins d'être trop absorbée par mon livre pour remarquer leurs présences.

La reine a elle-même demandée à ce que je la rejoigne pour le thé. Cette fois, j'ai simulé un mal de tête terrible pour éviter de me retrouver entre elle et Séleste. C'est la seule façon que j'ai trouvé de refuser sans que cela paraisse comme une confrontation pour sa majesté.

Séleste quant-à elle, n'est pas venu me voir une seule fois. Mon amie, si je peux toujours l'appeler ainsi, loge dans une chambre près de la mienne mais n'a pas daignée venir me voir une fois même après que j'ai eu le droit de circuler librement dans le palais. Je ne sais comment réagir, j'ai l'impression de ne plus la connaitre du tout. J'ignore où est passé cette jeune femme à qui je pouvais tout dire mais une chose est certaine, ce n'est pas la même que celle qui tente de séduire le prince.

Mon père a également répondu à ma lettre mais sa réponse m'a fissuré le cœur. Il ne pourrait être plus comblé que je sois retenu au château. Il semble croire que cela est un signe d'un engagement futur. Il aurait même demandé au prince s'il devait lui faire parvenir mes effets personnelles. Je lui ai pourtant rappelé la situation et mon sentiment à ce sujet mais il ne semble rien vouloir comprendre. J'ai reçu plusieurs missives de lui mais je n'ai osé les ouvrir de peur qu'elle me brise complètement.

La seule chose qui me permet de tenir le coup, ce sont les lettres que je reçois de mes camarades. Les correspondances de Charlotte sont celle que je préfère. Liana me tiens au courant des dernières fiançailles ou de nouveaux potins alors que ceux de Charlotte illumine ma journée. Elle me parle de son quotidien et me raconte les maladresses de son mari. La petite sœur de monsieur Archibald semble être devenue une confidente en qui elle a entièrement confiance. Monsieur Ashton a acheter un nouveau piano au bonheur de Charlotte qui y joue tous les jours. Il me tarde de recevoir la prochaine à la fin de la journée. Elle est si heureuse! J'imagine son sourire éblouissant à chaque nouvelle péripétie qu'elle me raconte. Ce que j'aimerais avoir quelque chose à lui raconté! J'aimerais pouvoir lui dire comment je me sens réellement, à quel point j'étouffe. À quel point j'aimerais pouvoir sortir de la citadelle non seulement qu'une journée, pouvoir me rendre dans les bois et être consolée par Tamara. Je souhaiterais lui parler d'Aaron, de l'étrange situation qui s'est passer entre lui et moi, de ce qu'il m'a fait ressentir...

Je referme brusquement le livre que je tiens entre les mains. Zara se réveille en sursautant. La servante qui m'a été attitré a peu d'occasion de se divertir avec moi. Je lis toutes la journée et ne m'adresse qu'à elle rarement. Je devine que cela doit être ennuyant pour elle, mais me faire servir par une autre personne m'est inhabituel. Je doute pouvoir m'y faire. Je fais appel à elle seulement pour me rapporter quelque chose de la cuisine puisque je n'ai pas le droit d'y mettre les pieds.

K: Zara, est-ce que tu pourrais me chercher des petits gâteaux à la cuisine?

Z: Avant le diner? La cuisinière a préparé une immense quantité de poissons pour le repas.

K: Très bien alors, je vais continuer mon livre...

Z: Je reviens dans un instant!

Aussitôt dit, aussitôt fait! Zara bondit hors du fauteuil et cours presque jusqu'à la sortie. Cette pauvre femme est restée assise toute la journée à attendre que je réclame quelque chose. Je suis loin d'être distrayante et je ne peux m'empêcher de penser qu'elle serait plus captivée par son rôle si elle avait dû s'occuper de Séleste à la place.

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