Routine familiale

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J'avais entendu beaucoup de mes amis parler de leurs vies de couple.  Parfois, c'était comme s'ils étaient en osmose complète et d'autre fois,  leurs partenaires leur tapaient sur le système.  Et encore pas pour des choses très importantes comme la différence de religion ou de culture, non. Pour des trucs insignifiants mais délétères comme le tube de dentifrice utilisé n'importe comment ou la vaisselle mal rangée dans l'évier.  Après près d'une semaine de cohabitation où Caleb passait plus de temps  avec nous que chez lui,  je commençais à entrevoir ce dont mes amis me parlaient et qui restait du domaine de l'abstrait pour moi.

En petite amie attentive, j'avais fait de la place dans mes tiroirs et dans mes placards pour les affaires que Caleb ramenait petit à petit à la maison.  Le problème était que lui tout comme moi avions nos tocs de rangement,  là où moi je rangeais par fréquence d'utilisation, lui il rangeait par degré de nécessité.  Et on avait clairement pas la même notion de ce qui était nécessaire.  Après être enfin rentrée de ma journée de travail, prête à prendre ma douche je me retrouvais à chercher mon démaquillant dans l'armoire à pharmacie. Utilisant ce produit tous les jours, je l'avais placé sur l'étagère du haut bien en évidence.  Je ravalai un grognement avant de sortir en trombe de la salle bain.

Je trouvai Caleb dans la chambre de Sam, couchés tous les deux à plat ventre sur parquet, un album photo devant eux. Caleb lui racontait des anecdotes en rapport avec les photos qu'il lui montrait. Je m'appuyai à l'embrasure de la porte, attendri avant de me rappeler du motif qui m'amenait. Mais il fallait que je me calme. Je ne voulais surtout pas faire une scène devant Sam. Je me raclai la gorge puis me lançai.

- Caleb?

Ils tournèrent la tête comme un seul homme vers moi. Je fus frapper par la similitude de leurs prunelles. Leurs regards me déstabilisèrent un moment. Il haussa les sourcils, interrogateur.

- Où est-ce que t'as mis mon démaquillant?

Il fronça les sourcils perplexe comme si c'était la première fois qu'il entendait parler de ce terme. Je travaillais presque 15 heures par jour, il ne croyait tout de même que le magnifique teint frais que j'affichais était naturel. Comme il paraissait toujours un peu perdu, Sam se pencha vers lui pour lui chuchoter quelque chose.  Mais vu que mon fils n'avait pas encore des capacités de discrétion je l'entendis distinctement.

- Le truc qu'elle passe sur son visage pour retirer son rouge à lèvre.

Merci Sam. Il y en a au moins un qui n'est pas complètement ignare. Caleb ne peut tout de même pas me faire croire qu'il ignore tout des astuces féminins.

- Ah ce truc, il prenait trop de place alors je l'ai mis sur l'étagère du bas derrière ton champoing, déclara-t-il d'un ton ingénu.

Je fermai les yeux pour essayer de rester calme et inspirai fortement pour après expirer.  Cet exercice me calma un peu.

- Tu ne peux pas entrer dans mon armoir et tout arranger à ta guise. Il y a une certaine logique dans la disposition de chacun des mes produits. J'utilise mon démaquillant tous les jours, tu entends tous les jours.

- Comment pouvais-je le savoir? Tu as tellement de produits qu'il ne me reste presque plus de place pour les miens.

Non mais quoi! Je lui fis les gros yeux puis désignai Sam qui suivait notre échange avec intérêt.

- Ta mère et moi, on doit aller régler un truc.  Je reviens tout de suite d'accord?

Notre fils hocha la tête, quoique un peu perdu.  Je lui fis un sourire pour le rassurer avant d'entraîner Caleb dans la cuisine bien plus éloignée de la chambre de Sam. Il fallait qu'on mette au point quelques trucs. Dès que je me sentis assez loin des oreilles sensibles de mon petit garçon je le lâchai.

RasinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant