Rasin

Notre discrétion

Quand la sonnette retentit, je n'étais pour ainsi dire pas encore prête. Je venais tout juste d'essayer ma quatrième tenue avec un grognement de frustration. Aucune ne me convenait. C'était à croire que je n'avais rien à me mettre. Pourtant ce matin j'avais une idée précise de ce que je voulais mettre mais bon il s'est avéré que la combinaison pantalon que j'affectionnais tant était tachée de café. L'angoisse! Il fallait donc que je passe ma penderie au peigne fin pour dénicher la perle rare qui me donnerait l'air d'une femme accomplie. Pas que je considérais que pour être accomplie une femme se devait de suivre mon schéma car je trouvais que chacun avait sa façon d'appréhender la réussite. Loin de là, mais j'étais arrivée à un stade où l'on pouvait dire que j'avais atteint bon nombre de mes objectifs. Bien que les objectifs, ça se réinventaient.

J'inspectai avec une moue boudeuse une robe pin-up qui épousait mes formes avec une perfection qui frisait l'indécence. Un peu trop sexy pour un dîner en famille. Je le réserverait pour un tête à tête avec Caleb. Je suis sûre qu'il allait adorer me voir la porter et me l'enlever aussi par la même occasion. En parlant de ce dernier, il fit irruption dans notre chambre, les sourcils froncés. Lui avait fait simple, mais en même temps il n'avait pas besoin de grand chose pour être canon.

- Tes parents sont là, je les ai laissé avec Sam. Ça fait une heure que tu te promènes en sous-vêtements là-dedans, qu'est-ce qui se passe?

- J'arrive pas à me décider. Mais attends, tu pourrais m'aider. J'ai besoin d'un avis extérieur mais s'il te plaît soit objectif.

- Peut importe ce que tu portes, t'es canon de toute façon.

- Ah non, tu ne t'en tireras pas avec des flatteries. Au mieux choisis pour moi, ajoutai-je en montrant la penderie aui débordait et les vêtements éparpillés sur le lit et les fauteuils.

Il soupira lourdement puis promena son regard autour de lui. Les sourcils froncés, il paraissait plutôt concentré pour cette tâche on ne peut plus banale. Pas si banale puisque j'avais été obligée de lui demander son aide. Il finit par prendre une jupe évasée grise m'arrivant au dessus des genoux  et un chemisier blanc. Classe, hyper classe même.

- Tu vois, mon petit styliste personnel. Tu peux retourner à ton rôle d'hôte, je serai là dans quelques minutes.

Je le gratifiai d'un baiser sur la joue avant qu'il s'en aille un sourire satisfait sur les lèvres.  Bon il était plus que temps que je me confronte à mes parents. J'enfilai mes vêtements rapidement, le rendu final paraissait plutôt satisfaisant. C'était avec un sourire immense que je rejoignais le salon. D'après les voix, tout le monde était déjà là. Je m'arrêtai un moment, inquiète quand à l'issue de la soirée. Sans que je puisse le contrôler ma respiration commença à se faire plus laborieuse. Je m'appuyai contre le mur du couloir souffrant d'un violent vertige. Je faisais une crise de panique! Ce n'était vraiment pas le moment alors que ma famille et celle de Caleb m'attendait à quelques pas d'ici. Je me forçai à penser à la bouille d'ange de Sam et à son père qui comptait sur moi pour qu'on puisse faire un grand pas en avant pour notre famille. Je devais être forte pour eux. Ce n'était qu'une simple formalité à passer. Je n'étais plus cette adolescente impulsive,  totalement submergée par ses émotions. Peu à peu, ma respiration se calma. La tête rejetée en arrière je comptais à rebours dans ma tête. Dès que le décompte s'arrêtait, je recommençais.

Un instant plus tard, je pénétrai dans mon salon sereine. Mes parents aborèrent un air interrogateur quand ils me virent. Ils devaient se demander en quel honneur ce dîner en famile, surtout qu'on était à une semaine de Thanksgiving. Les parents de Caleb que je n'avais pas vu depuis quelques temps se levèrent pour me saluer.

- Tu es absolument resplendissante Belle.

- Merci beaucoup Quentin, tu es très élégant également.  Je suis tellement heureuse que vous ayez accepté mon invitation.