Le problème quand on planait sur un petit nuage parfait c'était qu'une chute douloureuse nous attendait au tournant. Planer était un euphémisme devant mon état d'esprit. C'était un peu difficile de décrire l'allégresse que je ressentais en ce moment. J'avais l'impression d'avoir pris un truc psychotrope qui me faisait voir la vie en rose. La vieille chanson d'Edith Piaf que Mamie Rosa aimait écouter se jouait dans ma tête. Je commençais à comprendre la chanson de Beyoncé, Drunk in love.
Même l'odeur du crottin de cheval dans les écuries n'arrivait à y changer quoi que ce soit. Je m'appliquais à nettoyer l'endroit en compagnie d'Ed et d'un garçon qu'il engageait quand il avait trop de travail sur le bras. C'était un gamin qui vivait en foyer d'accueil voulant se faire quelques sous. D'après Ed, ce n'était pas un mauvais garçon juste un peu brisé par la vie. Son attitude défensive en attestait grandement. On termina rapidement de nettoyer les écuries. J'étais fourbue mais satisfaite, je laissai le soin à Ed de payer le jeune Mathias et regagnai l'auberge. Je me devais de prendre une douche dans les plus brefs délais. J'avais pris une clé d'une chambre rez-de-chaussée en prévision de ça. Cette dernière donnait sur la terrasse. L'une de nos meilleures chambres, souvent réservées par des couples. J'emmènerais bien Caleb ici pour une soirée coquine, les grands-parents de Sam seront heureux de le garder aussi longtemps qu'on le voudra.
Je me glissai rapidement sous l'eau chaude. La saison chaude était définitivement passée et on approchait tout doucement de l'hiver. Bien qu'il ne fera jamais aussi froid qu'à New York ici. En fait les températures étaient même plutôt clémentes. Je me devais de penser à la fête de Noël qu'on organisait tous les ans pour les employés. Évidemment les clients présents étaient toujours conviés. L'événementiel n'avait aucun secret pour moi, cette fête promettait d'être grandiose.
Douchée, je trouvais cela inconcevable de remettre les mêmes vêtements que tout à l'heure. Mais je n'avais pas de rechange dans cette chambre alors je devais faire avec. Je rejoignis mon bureau tout de suite pour remédier à cela.
- Tu as pris une douche? Demanda Bobby en levant les yeux de son ordinateur.
- Ouais, je puais à mort.
J'ouvris un placard dans lequel je fourrais tout et n'importe quoi à la recherche de quoi mettre. Je trouvai un bas de jogging et un t-shirt qui ferait l'affaire. Je fis une des portes du placard servir de paravent pour m'habiller.
- Ça donne quoi cette recherche d'appartement? On dirait que tu n'as pas vraiment envie de quitter la maison...
- Je ne veux pas précipiter les choses. J'ai des exigences assez particulières.
- Tu n'es donc pas pressé d'avoir l'indépendance après laquelle tu courais? M'enquis-je en enfilant tant bien que mal le jogging après m'être débarrassé de mes vêtements.
- Si mais je veux trouver la maison de mes rêves. J'en ai les moyens autant le mettre à profit. J'ai une visite pour demain, ça te dirait de venir avec moi. En plus, elles ne sont pas en ville.
- C'est d'accord. Puis de toute façon, ton futur lieu de vie doit avoir mon aval. Manquerait plus que tu te dégotes un taudis.
Il afficha une grimace scandalisée.
- Sérieusement, tu me prends pour qui soeurette?
Je regagnai mon bureau vêtue comme si je me trouvais chez moi. L'avantage d'être son propre patron me direz-vous. Je me laissai tomber sur mon confortable fauteuil sous l'oeil vigilant de Mamie Rosa, enfermée dans une vieille photographie au côté de mon grand-père. J'attrapai le cadre qui se trouvai sur mon bureau pour contempler le visage un brin sévère de la jeune femme qu'était ma grand-mère. Et le regar que grand-père posait sur elle était tout bonnement incroyable. On sentait tout de suite toute la force de son amour pour elle.
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Rasin
ChickLitRetourner dans ce trou paumé de la Louisiane n'a jamais fait partie des priorités d'Annabelle mais dans sa famille, on ne désobéi pas à un mort surtout lorsqu'il s'agit de votre grand-mère préférée. Alors la revoilà de retour à la tête de l'auberge...