Toute la vérité, rien que la vérité

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Dans ce chapitre sera abordé des thèmes sensibles comme l'abus sexuel et la consommation de drogue. Âme sensible s'abstenir. Vous êtes prévenus sur ce bonne lecture! 😊

À travers mes paupières mi-closes, j'observais mon père se tordre les doigts avec nervosité. Je gardais obstinément le silence attendant qu'il daigne déballer son histoire. Je n'arrivais tout simplement pas à le voir comme un homme capable de tromper sa femme. Ce n'était pas le genre de la maison. Mon père encensait le devoir conjugal.

- Tu dois avoir des tonnes de questions. Je suppose que Betty est passée te faire son petit numéro de repentie qui veut se rapprocher de sa fille. Après toutes ces années, elle n'a pas changé d'un iota. Toujours aussi manipulatrice.

- Si tu veux tout savoir, je n'ai pas marché dans son délire. Elle ne m'inspire pas confiance. L'ADN ne fait pas tout papa.

Il sembla se réjouir de cette réponse puisqu'il esquissa un sourire ravi avant de prendre place sur le bord de mon lit. Un peu plus détendu que tantôt, il posa sur moi son regard chaleureux.

- Sache que je suis vraiment désolé que tu l'ais appris de cette manière. Mais en même temps, je suis soulagé car je ne me voyais pas t'avouer ce genre de chose. C'était tout simplement au dessus de mes forces.

- Donc, tu veux dire que si elle n'avait pas débarqué, je n'aurais jamais su qui était ma vraie mère?

- Peut-être bien, je n'en sais trop rien. Parler de ceci fait remonter des souvenirs horribles que j'aurais préférés garder enfouis. Tu comprends?

Je hochai la tête lentement, les yeux perdus dans le vide. Mon esprit était parti dans des conjectures les plus loufoques en attandant de connaître le fond de l'histoire. Je ne savais pas pourquoi je m'ingéniai à me torturer de la sorte.

- Betty a toujours été jalouse de sa grande sœur, ce n'était un secret pour personne. Elle voulait toujours avoir ce qu'avait sa soeur. Que ce soit la coupe de cheveux, le jeans tendance ou le rouge à lèvre, tout était matière à convoitise. Moi j'étais la pièce maîtresse de tout ceci. Elle ne m'avait jamais caché son envie de m'avoir et moi dans tout ceci, j'étais super gêné d'être l'objet de tels désirs de la part de la petite soeur de ma femme. Alors je m'ingéniai toujours à l'éviter quand je rendais visite à la famille à Miami. Mais comme tu t'en doutes, je n'ai pas réussi...

Il se tut un instant, perdu dans des souvenirs qui semblaient éprouvants. Je reconnaissais la sensibilité de mon père. Comme un réflexe, je déposai une main sur une des siennes crispée sur la couverture du lit. Il se détendit légèrement puis lâcha un soupir.

- Ton grand-père Jonas venait de faire un AVC, c'était deux ans avant sa mort. Lydia ne pouvait pas être auprès de lit car Bobby était à l'hôpital à cause de ses amygdales alors je suis parti seul apporter mon soutien à mon beau-père. J'avais complètement oublié le jeu sordide auquel se livrait Betty quand j'étais dans les parages. Je devais m'assurer par moi-même que Jonas allait bien pour pouvoir rassurer Lydia qui était morte d'inquiétude. Il n'y avait pas encore toutes les technologies qu'il y a aujourd'hui... Malheureusement...

Il fit une autre pause qui me mit sur des charbons ardents. Ses yeux se posèrent sur le panier contenant des bonbons, des chocolats, des sachets de thé Earl Grey et une carte de bon rétablissement signée par tous mes employés. Il fronça les sourcils puis m'interrogea silencieusement du regard.

- Comme il fallait expliquer mon absence à l'auberge, Bobby leur a dit que j'avais la crève. Ils sont vraiment géniaux. Mais n'essaie surtout pas de changer de sujet, je veux la suite de l'histoire.

- Betty était la dernière née donc elle habitait encore avec ses parents à la maison. Ta grand-mère passait ses nuits à l'hôpital donc je me retrouvais seul avec elle. Je l'évitais du mieux que je pouvais mais je ne pouvais pas faire de miracle et encore moins la faire arrêter son petit manège. Je n'aurais jamais cru qu'elle irait aussi loin, ce n'était qu'une ado avec les hormones qui faisaient des siennes. Elle s'est débrouillé pour me droguer avec une simple limonade, j'ai repris conscience nu dans son lit. C'est là qu'elle m'a dit que je lui avais sauté dessus alors que je n'avais même pas souvenir d'avoir fait un truc pareil. J'ai paniqué, bien que logiquement j'avais été la victime personne ne me croirait parce que j'étais l'homme. On ne pouvait pas être abusé sexuellement selon les croyances populaires. Ils oubliaient que pour qu'il y ait viol il fallait que l'un des parties ne soient pas consentant et moi je ne l'étais. Je n'aurais jamais pu tromper ta... je veux dire Lydia de toute ma vie. Je l'aime. Betty n'était qu'une gamine envieuse. J'ai pris mes affaires, acheté un billet à la hâte puis je suis rentré en Louisiane. Tout juste débarqué, je n'ai pas pu garder le secret, j'en ai parlé à Lydia. Elle a voulut que j'aille à l'hôpital faire des testes pour savoir quelle drogue elle a utilisé, au cas où elle voudrait m'accuser de quoi que ce soit. Je ne l'ai jamais autant aimé qu'à ce moment-là parce qu'elle n'a pas douté de moi, pas une seule fois. Mais elle ne semblait pas surprise non plus d'apprendre la nouvelle. Elle était plus énervée et triste. Mais tu sais comment elle est, pas une fois elle n'a flanché. Même pendant les résultats de mes examens. Elle s'était procurée du GHB, grâce à don dealer puisqu'elle se droguait selon ce que m'avait dit Lydia. On en a parlé à mes parents et Adélaïde, ils ont été horrifiés surtout Adélaïde. Ça lui avait rappelé ce qui lui était arrivé quelques années plutôt. Ma mère a versé des larmes en sachant que son autre enfant a été touché sans son consentement. Elle a décrété qu'elle était maudite...

RasinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant