Lydia et moi

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Je revins à l'auberge le sourire aux lèvres. Dès l'entrée je fis face au sourire resplendissant de Caroline qui venait tout juste d'arriver et prenait place à la réception.

- Bonjour Belle! Ça fait plaisir de te revoir. Tu as l'air d'aller mieux.

- Bonjour Caroline, oui effectivement ça va beaucoup mieux. Merci pour la carte de bon rétablissement.

- C'était rien, je suis ravie que tu sois de retour parmi nous. On s'est tous inquiété par ici.

Je rejoignis mon bureau le sourire au lèvre parce que je me rendais compte que j'étais quelqu'un, que les gens comptaient sur moi et qu'ils m'appréciaient. Mais il y avait cette petite voix mesquine qui se demandait s'ils continueraient à m'apprécier autant s'ils découvraient la vérité. L'horrible vérité. Cette vérité qui m'avait empêché de dormir la veille. Ce matin, je m'étais levé avec pour seul objectif, m'occuper l'esprit afin d'oublier. Et il n'y avait rien de mieux que de se plonger dans le travail. J'essayais de ne pas flancher face à ce poids. Il y a encore quelques temps, je n'en aurais pas eu la force. Mais depuis que j'étais revenue ici, j'avais trouvé cette assurance qui me faisait défaut. La conscience de ma propre valeur.

Je retrouvai avec un certain plaisir mon bureau que j'avais fui par lâcheté. Rien n'était rentré dans l'ordre jusqu'à présent. Mais franchement, une existence en ordre, ça existait vraiment? La vie était ainsi, parsemée d'embûches. Avec le bon mental et le bon entourage, on arrivait à les traverser avec panache. Je prenais exemple sur mon père qui avait su se relever après ce que lui a fait subir Betty. Homme ou femme, ce n'était pas le genre de chose qu'on parvenait à oublier facilement. Ça demeurait douloureux d'y penser.

Pour ne pas sombrer dans mes sombres pensées, je me hâtai de regagner les cuisines. Je m'immergeais en soupirant d'aise dans l'ambiance laborieuse de l'auberge. Il était encore tôt donc la salle du restaurant n'était pas encore prête. Les chaises étaient retournées sur les tables, les nappes encore pliées et les rideaux des grandes fenêtres en vitre, tirés. Mes serveurs étaient en train de passer un coup de balai et de nettoyer les meubles de la salle. Je fus accueillie avec une bonne humeur qui acheva de me convaincre que j'avais fait le bon choix. Je poussai la porte à double battant de la cuisine le sourire au lèvre. Aaron qui ne chômait jamais sortait croissants du four en sifflottant. Jeffrey travaillait une patte très fine avec application.

- Contente de voir que mon absence n'a pas démotivé les troupes.

Ils levèrent la tête de concert au son de ma voix. Aaron m'offrit un sourire enjoué puis quitta son poste pour venir me prendre dans ses bras alors que Jeffrey plus réservé se contentait de me servir son sourire tranquille mais qui en disait beaucoup.

- Je suis tellement heureux de te voir. Tu n'as pas si mauvaise mine que ça pour une convalescente. Bon, tu m'as habitué à une mine plus radieuse mais quelques heures en compagnie de tes employés préférés et ça n'y paraîtra plus... Tu nous a vraiment manqué, c'est Bobby qui m'a retenu de débarquer chez toi. Il paraît que t'étais contagieuse.

Il ajouta cela sur un ton qui laissait entendre qu'il était au courant de quelque chose. Ça ne pouvait être que Bobby qui avait cafté. J'imagine qu'il avait fallu trouver quelque chose de convaincant pour qu'il ne vienne pas.

- Ce n'était vraiment pas beau à voir je t'assure. Mais merci de vous être inquiété pour moi. Ça me fait tellement plaisir.

Je me joignis à eux pour faire en sorte que le petit déjeuner soit prêt pour nos clients. L'ambiance conviviale de la cuisine chassa les nuages sombres qui menaçaient de m'engloutir. Il était  hors de question que je me laisse empoisonner par des pensées parasites. Vers 11 heures, je pris la direction des écuries pour une balade à cheval. Le temps était grisâtre mais je n'en avais cure. J'avais besoin de sentir le vent dans mes cheveux, la puissance de mon cheval galopant sous mon égide. Me connecter à la nature. Ed fut heureux de me voir et proposa même de m'accompagner.

RasinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant