𝟣 | 𝒸𝒽𝒶𝓅𝒾𝓉𝓇𝑒 𝒽𝓊𝒾𝓉

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Bonne lecture !

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Oikawa regardait le vent qui balayait les feuilles des arbres, depuis le porche du manoir.

Assis sur les marches, tirant distraitement sur les manches de sa chemises blanches, il mordilla sa lèvre inférieur avec sa canine la plus pointue. Derrière lui, Daishou fit deux pas avant de se laisser tomber à ses côtés.

– C'était bizarre, hein ?

Oikawa hocha lentement la tête.

– Je n'avais pas vu d'humains depuis longtemps. Depuis... des années.

– Il leur ressemble ? Je veux dire, ils sont tous comme lui ?

Dans sa mémoire pleine de brume et de vide récurant, les pensées d'Oikawa se perdirent. Il inspira profondément, respira l'air de la forêt. D'un battement de cils, il fit taire tous les esprits alentour : il ne voulait plus les entendre.

– Non. Les humains brûlent et tuent. Ils ne valent pas mieux que nous, et pourtant... ils le pensent. Ce garçon là, il ne cherche qu'un endroit où aller.

– Tu veux dire qu'il n'a pas de maison ? Mais je croyais....

– C'est pas ce que j'ai dit.

Daishou pencha la tête sur le côté. Ses yeux de loup brillaient presque ainsi, dans la lueur de la fin de matinée. Oikawa sourit.

– Une maison n'existe que s'il y a quelqu'un pour t'accueillir, tu ne penses pas ? Tu considérerais toujours ce manoir comme ta maison si Kuroo n'y était plus ?

Daishou fronça le nez et détourna le regard. Il détestait quand quelqu'un lui rappelait son lien avec Kuroo, quand des mots étaient mis sur les sentiments, quand il ne pouvait pas simplement faire semblant.

Quand quelqu'un lui rappelait que Kuroo était tout pour lui, et inversement.

– Non, répondit-il.

– Pour lui, c'est pareil. Ce garçon veut simplement un endroit où quelqu'un l'accueillera. Les humains ne sont qu'une créature de plus dans ce monde.

Ses lèvres s'étirèrent, dévoilant ses longs crocs blancs comme la lune.

– Mais bon : pour lui, je suis prêt à faire un effort. J'adore les personnes qui ne sont pas comme tout le monde.

Une phrase flotta entre eux, jusqu'à ce que Kuroo vienne bougonner sur le manque de place dans son immense chambre.

Un peu comme vous. Vous êtes ma famille.

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Bokuto le ramena jusque chez lui dans un grand silence, s'adaptant à ses pas bien plus petits que les siens. Souvent, il regardait derrière lui pour vérifier que Keiji le suivait bien, et dégageait le chemin en soufflant aux branches de s'écarter. À un moment, le brun trébucha sur une racine, et fut étrangement rattrapé par un buisson de feuilles vertes.

Au bout de plusieurs longues minutes, ils parvinrent enfin à la lisière de la forêt. Devant eux, sa petite maison se dressait au milieu des mauvaises herbes.

– C'est ici que tu habites ? demanda soudain Bokuto.

Sa voix avait une inflexion que Keiji ne reconnut pas.

– Oui.

Il fit un pas en avant.

– Merci de m'avoir ramené. Et encore une fois, pardonnez-moi pour le dérangement.

Étrangement, lui faire ses adieux le rendit quelque peu triste. Bien sûr, il ne laissa rien paraître.

Lorsque Bokuto tourna les talons, seule l'image de son large dos resta dans l'esprit de Keiji.

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Fin de la première partie  🍃

Somewhere to go || BokuAkaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant