Bonne lecture !
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Dans le ciel froid, Akaashi sentait l'air silencieux traverser ses cheveux gelés.
Ses mains crispées autour du buste d'Iwaizumi, ses lèvres sèches étirées en un sourire enfantin, il se tendit alors que le balai sur lequel il était assis faisait un looping.
Perdu au dessus de la foret, filant à toute vitesse sans but précis, Iwaizumi guidait le vol sans un mot, une expression détendue sur le visage.
En début d'après-midi, alors que Keiji revenait tout juste de sa séance d'entraînement avec Bokuto, Iwaizumi était sorti de la cuisine avec des plats chauds et volants, et un balai dans la main. Son sourire radieux, qui avait fait reculer Oikawa, avait en revanche rempli Keiji de joie alors qu'il avait hoché la tête sans y repenser à deux fois.
Et à présent, il ne regrettait rien : la sensation de voler était plus incroyable que n'importe quoi d'autre.
— Merci, souffla-t-il.
Et Iwaizumi laissa naître un sourire sur ses lèvres, juste avant de plonger.
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Devant lui, Bokuto fit apparaître une boule de feu rougeâtre. Il leva la main assez haut pour la porter devant leurs yeux, et Akaashi déglutit.
— Fais-la disparaître, dit-il. Moi, j'ai toujours eu du mal avec le feu. Mais toi, c'est le vent, non ? On va y aller petit à petit.
Il insista :
— Fais en sorte que cette boule disparaisse. Demande lui de partir. Et sois ferme.
Akaashi fixa le feu, rouge et brûlant, effrayant, dangereux. Il entendit son murmure, sentit sa chaleur.
Ses lèvres se serrèrent, et il déglutit. Ses sourcils se froncèrent, il pensa très fort :
Disparais. Laisse moi.
Le feu ne lui offrit qu'un léger crépitement, et Bokuto ordonna ;
— Encore.
Disparais, ordonna Keiji. Je n'ai pas besoin de toi, je n'ai pas besoin de vous.
— Encore.
Cette fois, le feu commençait doucement à onduler, à rétrécir. Akaashi insista, le cœur battant et les veines ardente :
Disparais, maintenant.
La boule de Bokuto se transforma presque immédiatement en une petite fumée fragile, et sa main tendue fut vide. Ils la regardèrent tous les deux avec étonnement.
Bokuto sourit de toutes ses dents.
— Whaou, laissa-t-il échapper. Je pensais pas... enfin je croyais pas... tu l'as fait du premier coup !
Sur le moment, Keiji ne vit que des bras et un sourire avenant : il se pencha en avant, trop soulagé pour réagir, et profita de l'éteinte que lui offrit le mage. Cela ne dura que quelques secondes, mais ce fut déjà incroyable.
Quand Bokuto s'éloigna, les joues rouges et l'air gêné, il bafouilla :
— Je.. désolé.
Son sourire se transforma en un petit rire nerveux, et il se détourna pour marcher vers le manoir. Keiji, lui, se contenta de l'observer avec déception, et de suivre ses traces sans un mot de plus.
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— Alors, avec Bokuto ?
Allongé sur le ventre, en plein milieu du lit de Keiji, Oikawa Tooru remua énergique ses jambes. Son sourire donna à Akaashi encore plus envie de l'ignorer.
— Ça avance. Je n'entends plus que le vent, maintenant. Les autres se contentent de... de dire les choses importantes.
Cela faisait plus d'un mois : la neige avait fondu, et Keiji se sentait mieux. L'eau ne l'appelait qu'en cas de besoin, le feu apparaissait uniquement pour le réchauffer, et la terre le guidait quand il partait se promener dans la forêt.
Le vent, en revanche, semblait vexé comme un enfant, et lui coupait régulièrement les jambes pour le faire tomber, ou venait crier dans ses oreilles dès qu'il sortait. Il ne pouvait même plus voler avec Iwaizumi, sous peine de se faire emporter au loin : Keiji dormait la plupart du temps dans le salon, car le vent enfonçait sans cesse la fenêtre de sa chambre.
— Oh, alors ça avance.
Oikawa se retourna vers lui avec un rictus.
— Oikawa...
— Au cas où tu aurais oublié, je suis empathe. Pas un simple empathe de seconde zone, non, non. Un vrai empathe, et je sais absolument tout ce que tu ressens.
Il lui mit son doigt son le nez. Dehors, la nuit était tombée depuis longtemps, et au départ Keiji avait simplement voulu récupérer quelques couvertures dans sa chambre pour la nuit. Mais Oikawa l'avait presque coincé sur place, et cela faisait une heure qu'il profitait ainsi de son lit.
— Je sais que tu as enfin oublié cette idée idiote, comme quoi tu n'avais pas ta place ici. Je sais aussi que tu es moins effrayé par tes pouvoirs, et que tu as arrêté de te dire que tu nous avais hypnotisé. Je sais que tu adores Daishou, que tu respectes Kuroo, et que tu trouves qu'Hinata et Kenma sont adorables et étrangement reposants. Oh, et comme c'est toi, je t'en veux pas d'adorer Iwa-chan. C'est normal.
Il battit des cils, et ses yeux rougirent avec malice.
— Et bien sûr, je sais aussi ce que tu ressens pour notre mage préféré. Depuis le début.
Keiji attrapa l'oreiller le plus proche, et essaya de cacher son embarras.
— Oh, allez Kei-chan, fais pas cette tête. Je suis le vampire le plus adorable qui soit : si je te dis tout ça, c'est pour quoi à ton avis ?
Akaashi n'avait aucune envie de le savoir. Il voulait qu'Oikawa arrête de parler, et le laisse un peu tranquille. Il avait enfin réussi à reparler à Bokuto comme avant, à cacher ce qu'il ressentait pour profiter d'une amitié qui lui faisait du bien.
Lui qui avait toujours été seul, avait à présent plus qu'il n'aurait jamais pu imaginer. Et il ne voulait pas perdre ça.
— Tu devrais lui dire. Tu devrais être honnête. Je suis sûr que tu n'as rien à craindre.
Parfois, Oikawa faisait ça : il lui prenait la main, avec sa peau froide comme la mort, et semblait tout savoir.
— Je suis bien, comme ça.
— C'est faux.
Cette fois, il semblait complètement sérieux.
— Et je ne comprends pas. Tu as une durée de vie limitée : Bokuto et toi, vous n'êtes pas comme nous. Il est immortel, pas toi. Vous avez déjà tellement peu de temps, alors....
Dans un soupir, Oikawa se releva. Il avait du comprendre que cela ne menait à rien, car il prit la direction de la porte.
— Tu n'es pas bien comme ça, et Bokuto non plus.
Il ne claqua pas la porte : mais dans le cœur de Keiji, ses mots résonnèrent avec force.
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Des bisous !
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Somewhere to go || BokuAka
Fanfic| Bokuto Kotaro X Akaashi Keiji | Fiction terminée | Au cœur des bois, pas si loin d'un petit village perdu au milieu des terres, un manoir se dresse au delà les arbres. C'est là que vivent les personnes dont la société ne veut pas. Là que se retro...