𝟥 | 𝒸𝒽𝒶𝓅𝒾𝓉𝓇𝑒 𝒹𝒾𝓍-𝓈𝑒𝓅𝓉

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Bonne lecture !

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La bibliothèque du manoir était immense. Keiji ne mit pas longtemps à le comprendre. Les longues allées remplies de livres colorés l'attiraient indéniablement, et il avait fini par s'y rendre souvent. Il allait près de la fenêtre, au bout d'une allée, et s'installait sur le sol.

Ce fut par un jour de pluie, alors qu'il lisait difficilement un livre d'images, que Daishou le trouva.

– Tu sais qu'il y a des tables ? Et des chaises ? Il y a même des fauteuils, si tu veux.

Keiji releva la tête et rencontra les yeux sombres du nouvel arrivant.

– Daishou-san ? dit-il.

– Daishou. Ou Suguru pour toi. Mais Daishou-san ? Sérieux, on dirait presque que je suis un vieillard.

Il vint s'asseoir à ses côtés, dans le renfoncement de l'une des étagères.

– Daishou, se rectifia-t-il. Vos – tes... tes cheveux, ils sont naturellement verts ? Comme ton pelage ?

Ce dernier haussa les sourcils, étonné par la question.

– Oui. Oui, ils sont naturellement verts. À l'époque, ils – ils m'ont dit que c'était une sorte malformation.

Il lui fit un clin d'œil.

– En fait, le mot exact était plus « malédiction », mais bon. Maintenant, je trouve que c'est encore mieux pour se fondre dans la forêt.

Il se pencha sur lui. Daishou sentait bon les fleurs et les sous-bois.

– Tu aimes les livres d'images ? Je ne crois pas t'avoir déjà vu lire autre chose.

Keiji sentit ses joues chauffer légèrement.

– Je ne... je ne suis pratiquement jamais allé à l'école du village. Je ne sais pas très bien lire.

À son grand étonnement, Daishou lui offrit un sourire.

– Tu n'as pas à avoir honte, tu sais ? C'est Oikawa qui m'a appris à écrire. Je peux t'aider si tu veux.

– C'est vrai ?

– Bien sûr. Et puis au moins peut-être que toi tu auras de meilleurs goûts littéraires que Kuroo. Une vraie catastrophe.

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Akaashi regardait la rivière, deux mètres plus bas.

L'eau était profonde à cet endroit, il le savait à présent, et le vent n'était pas fort. L'après-midi commençait doucement à se réchauffer, et il prit une inspiration détendue.

L'air portait l'odeur des belles senteurs de la nature, et parfois en se concentrant il avait l'impression d'entendre les arbres chanter. Le vent, l'eau, les nuages, la pluie. Il aimait beaucoup courir sous la pluie.

En contre-bas, la rivière l'appelait. Il la regardait, un sourire aux lèvres, et finit par poser ses pieds plus proche du vide encore. Il inspira une nouvelle fois, puis soudain ses bras s'écartèrent et Keiji se laissa tomber.

La chute fut rapide : un battement de cils, et il touchait l'eau froide avec ses pieds. Son corps fut presque immédiatement recouvert, et à sa grande surprise, l'eau l'accueillit en son sein sans un bruit. La fraicheur dans son dos, sur ses jambes, ses cuisses et ses bras : Keiji resta quelques secondes au fond de l'eau, jusqu'à sentir ses poumons réclamer de l'air.

D'une impulsion depuis le fond de la rivière, il regagna la surface.

Keiji flotta au centre de l'eau pendant un moment, fixant le ciel bleu qui apparaissait au milieu de la cime de ces arbres immenses.

Avant, il avait parfois ressenti ça : une sensation de quiétude, chaque fois qu'il rejoignait la forêt, qu'il entrait dans l'eau glacée, ou qu'il s'approchait d'un champ de cultivateur. C'était agréable, normal, connu : de petits moments de joies, de relâchement, ou son souffle redevenait calme et où son cœur battait presque avec entrain.

A présent, depuis qu'il était arrivé dans ce manoir, il avait l'impression que les sensations étaient décuplés. Que la nature tentait parfois de lui parler, mais qu'il était encore bien trop sourd à ses appels.

Il lança un regard en direction de ses vêtements, abandonnés sur les rochers. Keiji secoua la tête, puis replongea dans la rivière. Au loin, aucun hurlement de loups ne l'appelaient pour manger.

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Des bisous !

Somewhere to go || BokuAkaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant