𝟦 | 𝒸𝒽𝒶𝓅𝒾𝓉𝓇𝑒 𝓋𝒾𝓃𝑔𝓉-𝓈𝒾𝓍

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Bonne lecture !

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– Pourquoi moi ? demanda Kuroo en haussant un sourcil.

Keiji retint un rougissement, et fut pour une fois bien content qu'Oikawa soit endormi pour les semaines à venir. Cela faisait quelques jours qu'il évitait Bokuto comme la peste, trop gêné par une découverte qu'il avait faite et qu'il ne pouvait décidément pas garder pour lui. Ou en tout cas, pas si discrètement.

Il l'aimait bien. Un peu trop peut-être.

– Iwaizumi reste auprès d'Oikawa toute la journée, Daishou a encore été transformé en statue de pierre, Hinata et Kenma ne peuvent pas quitter le manoir, et Bokuto.... est occupé.

Kuroo laissa échapper un rictus moqueur.

– Occupé, oui bien sûr.

Il soupira.

– Bon, très bien. Même si je reste persuadé que tu pourrais y aller seul. T'es pas le genre de personne à avoir besoin d'un chaperon.

– Merci.

– Ouais. Allez, va chercher ton manteau. Il caille dehors.

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La petite maison était exactement comme dans son souvenir. Seule au milieu des mauvaises herbes, elle paraissait abandonnée.

Keiji descendit du dos de Kuroo, puis lui demanda de rester caché. Ce dernier lui répondit par un grognement qui voulait clairement dire qu'il n'avait de toute façon aucune envie de l'accompagner plus loin.

En arrivant devant la porte, il inspira un grand coup, puis tapa trois coups. Aucune réponse ne lui parvint.

En tirant de sa poche la petite clé en fer qu'il avait emportée avec lui, Keiji sentit soudain son cœur battre à tout rompe dans sa poitrine. Les charnières grincèrent sur elles-mêmes, puis il pénétra à l'intérieur.

Le salon était obscur et plein de poussière, et Akaashi ne put retenir le soupir soulagé qui le prit.

Sa mère n'était pas là. Elle ne l'était plus depuis un moment. Peut-être avait-elle enfin trouvé un homme capable de l'emmener loin d'ici ? Son fils disparu, il ne lui restait plus rien qui la retenait.

Il s'avança jusqu'à leur chambre, puis ne put s'empêcher de sourire en voyant que ses affaires avaient bel et bien disparu.

Cette fois, il était vraiment libre.

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Akaashi regarda la surface de l'eau gelée, sur laquelle il marchait.

La rivière, qui en temps normal ne se figeait jamais à cause des courants, se glaçait à chacun de ses pas.

— Pourquoi je vous entends ? demanda-t-il, la tête basse.

Un vent souffla, un sifflement qui sonna comme une véritable voix à ses oreilles.

— Mais avant, contredit-il, je n'entendais rien du tout. J'étais... tout seul.

Il avança encore de quelques pas, puis s'arrêta. L'eau remua, puis forma un rond de glace autour de ses chaussures. Il se faisait tard, et Bokuto allait encore s'inquiéter. Il s'inquiétait tout le temps récemment, surtout lorsque Keiji rentrait tard.

Était-ce car Oikawa ne pouvait plus être là pour sentir tout ce qui se passait ? Pour revenir tout le monde, si jamais l'un d'eux n'allait pas bien ?

— J'ai l'impression de devenir comme la vieille dame à côté de l'église, celle qui finissait par parler aux murs. Elle est morte trois semaines plus tard.

Le vent souffla a nouveau, et l'eau remua presque violemment. Il afficha un air triste.

— Je ne suis pas sûr de comprendre ce que vous me dites. Vous parlez tous en même temps.

En vérité, il savait bien que personne ne parlait. Mais ces choses qui résonnaient dans sa tête ne pouvait pas être simplement... dans sa tête.

— Je sais que c'est depuis que je vis ici. Est-ce que c'est le manoir ? Est-ce que ce sont eux ? Je deviens...

Le mot particulier résonna, et il pinça les lèvres. Akaashi n'aimait pas ça : il n'aimait pas être étrange. Ça lui plaisait, en quelque sorte, d'être l'humain. Ça lui plaisait, autant que ça lui prouvait qu'il n'était pas comme eux.

Si finalement il n'était pas aussi humain qu'il le croyait, alors plus rien ne l'empêchait d'ouvrir les yeux et d'aller parler à Bokuto.

— Je dois rentrer, dit-il d'une voix faible. Mais je reviendrais. D'ici là, essayez de trouver une réponse pour moi, s'il vous plaît.

Il ne sut même pas à qui ces mots étaient adressés.

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Des bisous !

Somewhere to go || BokuAkaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant