𝟥 | 𝒸𝒽𝒶𝓅𝒾𝓉𝓇𝑒 𝒹𝒾𝓍-𝓃𝑒𝓊𝒻

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Bonne lecture !

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Allongé dans son lit, la main posée contre celle d'Iwaizumi, Oikawa passait en revue ce qu'il pouvait sentir dans la forêt. Les yeux fermés, il voyait les animaux se nourrir, les écureuils ramasser toutes sortes de glands afin d'aller les placer dans leur nid, les biches courir devant le danger. Il entendait le vent et le clapotis de la rivière, le soleil qui faisait craqueler les feuilles les plus sensibles, et la pluie qui arrivait dans de lourds nuages, au fond du ciel.

Lorsqu'il se concentrait, Oikawa Tooru pouvait ressentir tout ça. Et à l'intérieur de lui même, le sommeil l'appelait.

– Tu ne parles jamais beaucoup, souffla-t-il à Hajime, les yeux fermés.

Ce dernier lisait un vieux livre de sorcellerie, aux pages cornés et à la tranche striée. Il ne lui accordait même pas un regard, mais laissait depuis le début sa main posée sur la couverture du lit, alors même que lui était assis sur la moquette.

– Tu sais toujours ce que je pense.

– Peut-être, mais les autres ne savent pas. Bokuto se demande si la présence de Kei-chan ne te dérange pas. Et Kuroo et Daishou pensent que tu t'ennuies, ici.

Une léger sourire triste étira les lèvres d'Iwaizumi.

– Pour quelqu'un qui n'est pas censé pouvoir lire dans les pensées, tu as l'air plutôt bien informé.

Oikawa ouvrit légèrement les yeux, et lui lança un coup d'œil brillant. Son cœur effectua deux battements rapides, puis ralentit.

– Alors ? La présence d'un humain ne te dérange vraiment pas ?

– Ce n'est pas vraiment un humain. Et en plus, je m'en fiche. C'était il y a longtemps, j'ai oublié.

– Moi non.

Sa voix s'était faite un peu plus forte et sévère.

– Moi je n'ai pas oublié ce qu'ils t'ont fait. Et je veux t'entendre le dire.

Hajime ne dit rien pendant quelques secondes, puis soupira. Il referma son épais ouvrage, puis se tourna vers le lit. Les cernes d'Oikawa augmentait de jour en jour.

– Non, il me dérange pas. Et je ne m'ennuie pas ici : je trouve juste... que tout est très paisible, et ça fait du bien.

– Tu leur diras ?

– Si tu veux.

Oikawa sourit. Ses doigts se repérèrent autour de la mains d'Iwaizumi, et il lâcha un souffle un peu plus fort que les autres.

– Il commence à faire froid, dit-il.

Hajime tourna la tête vers l'extérieur, et regarda le soleil du début de printemps. Les températures commençaient doucement à monter, mais il ne fit pas de commentaire.

– Tu veux une couverture ?

Oikawa ne répondit que d'un vague hochement de la tête, et ferma à nouveau les yeux.

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Keiji regardait l'un des chemins qu'il empruntait souvent, avant.

Cela faisait quelques semaines qu'il était là, et il avait fini par en perdre le compte : aucun jour ne se démarquait plus d'un autre, et il n'appréhendait plus le retour de quelqu'un, pas plus qu'il ne comptait les dates et les jours de la semaine.

Pas de pain à acheter, pas de viande à aller vendre, pas de messe le dimanche ; cette liberté avait un goût aussi sucré que les gâteaux que le sorcier lui offrait discrètement, parfois.

Dans une inspiration salvatrice, Keiji descendit de l'arbre sur lequel il s'était perché, et prit la direction de l'ouest. C'était une route connue, qu'il avait déjà prise de nombreuses fois.

Son esprit, aussi en paix qu'embrouillé, désirait de l'air, dur calme, et un moment pour réfléchir.

Et son corps, tremblant, ne voulait que retarder l'échéance.

L'échéance du moment où ce beau groupe se rendrait compte qu'il n'était qu'un humain comme les autres, avec ses défauts et son égoïsme croissant.

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Des bisous !

Somewhere to go || BokuAkaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant