Somewhere to go || BokuAka

𝟤 | 𝒸𝒽𝒶𝓅𝒾𝓉𝓇𝑒 𝒹𝒾𝓍

Bonne lecture !

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La foule toute entière semblait avoir les yeux rivés sur lui.

Keiji, le regard vissé sur le bout de ses chaussures, marchait dans l'ombre de sa mère au milieu des allées. Parfois, la jeune femme s'arrêtait devant l'un des stands, souriait au vendeur ou à la vendeuse, puis achetait quelque chose : une pomme, un légume, un morceau de viande, ou même quelques fois des vêtements.

Il avait arrêté de se demander comment elle obtenait cet argent depuis longtemps. Sa mère savait obtenir ce qu'elle voulait des gens, et il savait bien qu'avant de la quitter, les hommes qu'elle fréquentait lui offraient bien des choses.

– Keiji, que penses-tu de ce tissu ? Il t'irait bien, non ?

Le brun ne répondit rien, mais elle ne semblait pas attendre de réponse, de toute façon. Elle se retourna vers la jeune fille qui tenait le stand avec un grand sourire. Ils échangèrent quelques mots, mais il ne les entendit pas, bien trop perturbé par les personnes qui le frôlaient dans son dos, lui touchant les épaules et la taille sans qu'il ne puisse rien faire.

Lorsque sa mère glissa sa main dans la sienne, un sourire mutin aux lèvres, elle l'entraîna à travers la foule comme si elle dansait avec elle.

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Keiji regardait la lune, les pieds plongés dans l'eau froide de la rivière.

Il frissonnait, inspirait profondément, et fermait les yeux régulièrement pendant quelques minutes.

Il était parti par la fenêtre en entendant le souffle régulier de sa mère dans son dos. Il partageait ce lit depuis sa naissance, mais la sensation de quelqu'un a ses côtés était encore beaucoup trop étrangère et aléatoire.

Seul mot d'ordre : ne pas s'habituer. À rien.

Les lèvres de Keiji se serrèrent, et il sentit sa gorge lui faire mal. Il n'avait passé qu'une nuit là-bas : un manoir perdu, des gens étranges. Kuroo n'avait pas l'air de beaucoup l'aimer, Oikawa était particulier, et Hinata n'avait pas l'air bien difficile.

Bokuto. Son visage apparut derrière ses paupières closes, et Keiji rouvrit les yeux. Il secoua la tête.

Un manoir, au milieu des bois, peuplé par des créatures incroyables. Keiji avait du rêver : tout ce qui s'était passé était impossible. Purement impossible. Il était parti pour mettre fin à tout ça, pour se faire avaler par la forêt, pour se faire dévorer par les loups qu'il entendait tous les soirs.

Si ça se trouvait, il était déjà mort.

Il ferma à nouveau les yeux, et remua ses jambes dans l'eau. Un courant d'air balaya le rebord de la rivière.

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Une mèche tomba au sol, et la mère de Keiji rit joyeusement.

– Saeko est toujours aussi gentille, dit-elle en remouillant ses cheveux à l'aide sur petite carafe d'eau. Elle m'a offert un gâteau pour toi, alors que j'étais juste partie chercher un peu d'alcool.

Le gâteau en question était posé sur le plan de travail de la cuisine. Keiji l'avait senti, le ventre tordu, et avait failli pleurer : du sucre, mais un estomac incapable d'avaler quoi que ce soit.

Le sol était jonché de cheveux, et sa mère ne cessait de parler.

– Et j'ai revu Ed, pour le pain : il a presque réussi à me vendre ses nouvelles pâtisseries, le salaud.

Sa mère connaissait tout le monde, et tout le monde connaissait sa mère. Quand elle était là, ils étaient tous adorables avec elle : des rires, des sourires, de petits cadeaux. Ils lui demandaient des nouvelles de Keiji, comme si ce dernier ne venait pas de temps en temps dans le village, et qu'il n'était pas purement ignoré.

Dès qu'elle disparaissait, les habitants se souvenaient soudain qu'elle n'était pas qu'une femme belle et gentille, avec de longues robes et des cheveux soyeux. Elle était avant tout une jeune mère, malheureuse avec sa vie, prisonnière de son besoin d'attention et de sa beauté toujours aussi éclatante.

Elle coupa une nouvelle mèche, et Keiji sentit un courant d'air dans son cou.

Sa mère était comme ça : elle coupait tout, puis essayait de recoller les morceaux. La plupart du temps, ça marchait.

Mais pas toujours.

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Des bisous !