𝟧 | 𝒸𝒽𝒶𝓅𝒾𝓉𝓇𝑒 𝓉𝓇𝑒𝓃𝓉𝑒-𝒹𝑒𝓊𝓍

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Bonne lecture !

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Akaashi se présenta devant la porte de Bokuto quand la neige se transforma en pluie.

Il mit quelques minutes avant de toquer, et se contenta de fixer le bois pendant un moment : son cœur battait fort dans sa poitrine, et Keiji hésita longuement. À faire demi-tour, à abandonner, à s'occuper de ses propres problèmes.

Mais la culpabilité d'ignorer Bokuto alors même que c'était lui qui l'avait trouvé, qui l'avait ramené, qui lui avait donné un lit et un toit, une sorte de famille un peu étrange et très bruyante : il prit une grande inspiration.

Dans son dos, Kenma apparut quelques secondes, comme s'il traversait seulement le couloir. Il chuchota :

— Je ne sais pas de quoi tu as peur, mais rester planté ici n'y changera rien.

Puis il disparut, et Keiji observa le couloir vide avec un restant de sursaut dans les veines. Il finit par poser sa main droite sur son torse, là où se trouvait son cœur, puis leva la gauche. Il tapa trois fois.

Les yeux tournés vers ses pieds et sur les chaussons épais que Daishou lui avait donné, il attendit en silence, jusqu'à ce que la porte s'ouvre doucement dans un grincement. Bokuto ne sembla pas surpris de le trouver là : il afficha le même petit air triste que celui qu'il revêtait depuis des jours, et s'écarta pour le laisser entrer.

— T'es le seul qui toque, ici, dit-il comme une réponse à la question silencieuse d'Akaashi. C'était pas difficile à deviner.

À l'intérieur de la pièce, il faisait étrangement chaud et Keiji fit quelques pas avant de s'arrêter en plein milieu. Il déglutit.

— Bokuto-san, dit-il à voix haute, et cela lui parut étrange.

Ça faisait un moment qu'il n'avait pas dit son nom directement, et il grimaça. Son corps était tendu, comme s'il savait parfaitement qu'il avait fait une bêtise.

En se rendant compte qu'il l'aimait beaucoup trop, Keiji avait essayé de limiter : moins il le voyait, moins Bokuto était gentil avec lui, moins il l'entendait parler avec ce ton enjoué et ce sourire presque innocent, il s'était dit qu'en essayant de réduire leurs interactions, alors le sentiment passerait.

Il avait commencé à l'ignorer, puis s'était retrouvé piégé : sans pouvoir s'arrêter à moins de donner une explication. Et il n'en avait pas.

Mais à présent, Oikawa et Daishou avait été clair. Il fallait qu'il demande de l'aide.

— Je....

— Oikawa m'a raconté. Dans les grandes lignes.

Keiji pinça ses lèvres.

— Oh. D'accord.

Bokuto s'assit sur son lit. Il y avait encore plus de livres par terre, et toute la pièce était dans un bazar impressionnant.

— Si je ne t'ai pas tout de suite proposé mon aide, expliqua-t-il en détournant le regard, c'est que je ne voulais pas t'imposer quoi que ce soit.

Dehors, il pleuvait des cordes et cela tapait presque violemment sur les vitres de la chambre. Keiji se souvenait de ses nuits ici, de la sensation si nouvelle d'un lit aussi confortable, de draps aussi doux, d'un corps plus grand que le sien à côté de lui. Keiji avait dormi avec sa mère toute sa vie leur leur petit maison de deux pièces, et même s'il n'était ni petit ni fragile, Bokuto était tout de même plus grand et plus musclés. Plus imposant.

À présent, il paraissait si déçu et triste : la culpabilité le frappa tellement fort que les mots s'échappèrent de sa bouche.

— Je suis désolé.

Ses mains tremblèrent.

— Je suis vraiment désolé je...

— Akaashi ?

— Je sais que j'ai été... méchant. Et que je vous dois tout, et que je ne suis qu'invité et que j'ai sûrement du vous blesser, mais je ne savais pas comment agir, et vous êtes celui dont j'étais le plus proche et tout à coup —

Cela n'avait aucun sens : il ne pouvait pas expliquer sans parler de la raison principale.

— Ils m'empêchent de dormir, de rentrer, de penser : ils parlent fort et je les entends parler toute la journée. Je ne contrôle plus rien du tout et c'est effrayant, Bokuto-san les éléments m'avalent et même si Oikawa m'a dit de m'imposer, que je suis humain avant tout, j'ai de plus en plus de mal à le croire et...

Sa respiration s'accéléra, et soudain Bokuto fut devant lui. Keiji fit un pas en arrière, les yeux brillants, et Bokuto fit en pas en avant, les bras tendus. Il l'attira contre lui, et le serra jusqu'à ce qu'Akaashi n'entende plus rien d'autre que les battements de son corps.

Il avait toujours froid : l'air essayait sans cesse de l'atteindre, et même si le feu s'allumait un peu partout dans la maison pour lui signifier sa présence, cela ne suffisait pas. La chaleur de Bokuto le força à se détendre.

Quand il se calma enfin, Bokuto ne bougea pas.

— Je croyais que j'avais fait quelque chose de mal, souffla-t-il non loin de son oreille. Je croyais que tu m'en voulais, ou que tout simplement tu ne m'aimais pas beaucoup. Oikawa a dit que tu m'aimais bien, avant de s'endormir, et soudain t'as arrêté de me parler.

Keiji renifla.

— Je suis désolé, répéta-t-il. Oikawa avait raison : je vous aime beaucoup. Je n'ai jamais... j'ai toujours été seul. Et tout à coup, il y a eu tant que de choses que j'ai cru... j'ai eu peur de...

Il n'arrivait pas à trouver ses mots. Et Bokuto, lui, ne pouvait lire dans ses émotions comme un vampire.

— Et récemment, je me suis demandé si la raison pour laquelle vous m'avez ramené, ce n'était pas à cause de ce sang, de cette chose qui est censé hypnotiser les autres. Est-ce que vous... m'appréciez vraiment ? Ou est-ce que je vous force à m'apprécier, d'une manière ou d'une autre.

Il entendit la respiration de Bokuto se couper, et soudain il repoussa Keiji pour le regarder dans les yeux. Cette couleur clair l'avait toujours fasciné, par rapport à son propre regard sombre.

— Je t'ai dit que j'étais mort. Qu'une sorcière m'avait ramené. Je ne suis pas un vampire, mais les pouvoirs des nymphes ne me font rien. Je suis sûr que Daishou t'a expliqué ça.

Keiji hocha lentement la tête. Il leva ses doigts jusqu'à sa joue et essuya distraitement la traîné humide que sa larme avait laissé.

— Je te vois comme tu es. Tu ne m'as pas hypnotisé. Tu n'as hypnotisé personne. Akaashi...

Il déglutit.

— Je vais t'aider à les contrôler, d'accord ? À t'imposer, à les repousser, à te couper. Je ne ressens pas tout ce que tu ressens : je ne les entends pas, je peux simplement les invoquer. Mais j'ai appris, alors tu peux faire la même chose.

Cette fois, il le lâcha complètement. Bokuto leva sa propre main, et fit exactement le même geste que Keiji, de l'autre côté : il recueillit une larme séchée, et sourit tranquillement.

— Tu n'es plus obligé de m'éviter, alors ? Je peux te parler comme avant ?

Akaashi hocha une nouvelle fois la tête. La chaleur de Bokuto était enivrante.

— Je suis désolé, répéta-t-il platement, et Bokuto secoua la tête.

Soudain, sur le lit moelleux de la pièce, Hinata apparut de nulle part avec un grand sourire.

— Le dîner est servi, et Iwa vous appelle depuis dix minutes. Si vous voulez pas vous faire taper sur les doigts, je vous conseille de descendre.

Puis il rajouta :

— Oh, et je crois qu'Oikawa vous écoutait, parce que ça fait trente minutes qu'il sourit comme un fou dans le canapé.

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Des bisous !

Somewhere to go || BokuAkaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant