𝟤 | 𝒸𝒽𝒶𝓅𝒾𝓉𝓇𝑒 𝓃𝑒𝓊𝒻

1.6K 243 12
                                    

Bonne lecture !

___________________

Keiji fit encore un pas en avant, passa au-dessus d'une racine qui dépassait du chemin, puis lança un regard déçu à la lune qui commençait à se lever dans le ciel. Un loup hurla, bien loin de là où il se trouvait, et il ne put retenir un soupir.

Ce manoir était décidément introuvable.

Frissonnant sous l'air frais qui avait recouvert la forêt, il fit demi-tour et reprit le chemin de chez lui. Une brume épaisse l'empêchait d'apercevoir ses pieds encore une fois douloureux, mais au moins ils ne saignaient pas. De simples cloques.

Au bout d'un moment, ignorant ses douleurs, il se mit à courir afin de sentir le vent s'infiltrer sous le fin tissu de sa chemise blanche. La forêt lui parut tout de suite plus claire, plus lumineuse. Dans le coin de sa vision, il put apercevoir des animaux l'observer avec curiosité, suivant sa course à ses côtés parfois.

Lorsqu'il était enfant, Keiji adorait se promener dans la forêt. La journée, sa mère n'était jamais là, mais veillait pourtant bien à ce que son fils parte pour l'école que donnait le prêtre du village. Le petit brun lui disait donc au revoir le matin, puis partait explorer la forêt toute la journée. Il ne savait même plus à quoi ressemblait le curé de l'époque.

Ainsi, il savait comment aller au ruisseau du nord. Il connaissait le chemin le plus court pour se rendre à la falaise de l'ouest. Il n'ignorait pas l'endroit où se trouvait le marécage qui menaçait d'engloutir l'imprudent qui s'y risquerait.

Alors, une fois Bokuto disparut dans la forêt, Akaashi avait fini par se demander comment il avait fait pour ne jamais tomber sur cet immense manoir. C'était tout simplement impossible, si bien qu'il s'était mis en quête de le retrouver, lui et ses habitants. Une magie, des protections ? Il n'y avait pas cru. Car en y repensant, en se remémorant ces quelques instants qu'il avait passés avec ces êtres fantastiques, il en était venu à la conclusion que jamais encore il n'avait ressenti cette petite chaleur discrète au milieu de son ventre.

En dépassant la lisière, il ne fut pas étonné de voir qu'aucune bougie à la lumière vacillante n'éclairait l'intérieur des pièces.

__________________

Le bord du lit se pencha légèrement, mais Keiji ne bougea pas. Il attendit quelques secondes, puis la sentit venir se coller à lui. Sa peau était chaude, presque brûlante, et ses larmes mouillèrent son cou lorsqu'elle y enfuit sa tête.

Ses bras autour de son torse lui firent presque mal alors que sa mère murmurait :

– Il n'y a que toi, Keiji.... Que toi au monde....

Il ferma les yeux et l'écouta sangloter dans la nuit.

_____________________

Sa mère ne parla pas pendant les deux jours qui suivirent. Son regard morne se posait parfois sur lui, alors qu'il lui servait les plats qu'il venait de préparer, ou bien alors lorsqu'il la forçait à prendre un bain, le tonneau de fer de la salle de bain rempli d'eau que Keiji venait de faire chauffer.

Puis, à l'aube du troisième jour, alors que son fils rentrait d'une chasse où il n'avait malheureusement rien attrapé, son arc à la main, il trouva sa mère dans la cuisine, pimpante, et un grand sourire aux lèvres. Quand il entra dans la pièce, elle se retourna vers lui, ses longs cheveux noirs volants autour de son visage rayonnant.

– Keiji, chéri !

Ses bras l'entourèrent avec amour tandis qu'il se tendait sous ses vêtements trop larges.

– Il faudrait couper ces cheveux, déclara-t-elle avec une moue boudeuse en touchant ses mèches sombres du bout des doigts. Je vais te le faire après déjeuner, ce matin il faut absolument que tu m'accompagnes au marché !

Alors nous sommes dimanche, pensa Keiji. Cette idée le fit trembler.

Pourtant, lorsqu'elle le fit revêtir de meilleurs vêtements, il ne broncha pas et la suivit sagement.

__________________

Des bisous !

Somewhere to go || BokuAkaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant