𝟣 | 𝒸𝒽𝒶𝓅𝒾𝓉𝓇𝑒 𝒹𝑒𝓊𝓍

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Bonne lecture !

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Au bout d'un long moment, ses pieds devinrent douloureux.

Les bottes noirs que lui avait un jour ramené sa mère lui avait toujours fait mal aux pieds tant elles étaient lourdes. En temps normal, il mettait de petites chaussures légères lorsqu'il partait crapahuter dans les bois, mais aujourd'hui il s'était dit que peut-être cela représentait une occasion – une dernière.

Reprenant son souffle, Keiji trébucha sur une racine et s'étala de tout son long sur un tapis de feuilles mortes. Son pantalon en toile se déchira, et il sentit du sang couler le long de son mollet.

Encore quelques pas. Quelques pas et j'arrête.

Il se releva en tremblant, dans le silence de la forêt.

Un hurlement – bien plus proche qu'il ne l'avait jamais été – le fit avancer.

Juste quelques pas.

Il essaya de faire attention où il mettait les pieds, les yeux ternes et rivés sur ses chaussures. Le sang de son genou tachait la toile déjà sombre et étrangement, cette pensée s'accrocha à lui.

Tâche. Tâche. Tâche. Sang. Sang. Sang.

Soudain, alors même qu'une petite voix lui chuchotait à l'oreille d'avancer encore un peu plus, il aperçut une lumière au loin. Pas très forte, mais assez remarquable dans l'obscurité de la forêt.

Je suis loin du village. Il ne peut pas y avoir quelqu'un. C'est impossible.

Était-ce un feu ? Il espérait que ça ne soit pas le cas. Sans attendre, Keiji avança plus rapidement, fonçant vers cette dernière. Son pull était assez fin, pourtant il n'avait pas froid : en cet instant, il espérait sincèrement ne pas être obligé de faire demi-tour afin d'aller prévenir les villageois qu'un feu se dirigeait vers eux. Il avait beau ne pas les aimer, il y avait tout de même quelques personnes qui sortaient du lot, comme Saeko par exemple.

Mais lorsqu'il déboucha sur ce qui lui parut être une clairière, ce ne fut pas un feu qu'il trouva – bien que pendant une seconde, il douta de ce fait. Des dizaines de lumières volaient dans le ciel, à quelques mètres du sol, tournoyant rapidement comme de petites étoiles. Au centre, il crut distinguer une ombre – une personne – qui se tenait là, immobile et les yeux fermés, entourée de toute cette lumière qu'il semblait suspendre au-dessus du sol par ses paumes relevées face au ciel.

C'était impossible.

Sans même savoir ce qu'il faisait, et comme un papillon attiré par une lumière ardente, Keiji fit un pas en avant. Il leva sa jambe, frôla la terre de sa botte, et reposa son pied. Une branche craqua sous son poids. Immédiatement, les lumières s'éteignirent, la chaleur disparue, et il se retrouva à nouveau dans le noir.

Il se figea, leva son regard vers le ciel – la lune – puis balaya à nouveau la prairie du regard.

Keiji sursauta et recula de trois pas.

– Qui es-tu ?

L'inconnu était arrivé devant lui, à quelques centimètres à peine, si rapidement et silencieusement – il était certain de ne rien avoir entendu ! – que cela lui paraissait... impossible.

L'homme inclina légèrement la tête sur le côté, et ce geste donna l'impression à Keiji qu'il se tenait face à un animal nocturne, un hibou curieux et perturbé. Puis il remarqua ses cheveux blancs et gris, ses yeux or, ses bras larges et ses épaules fortes, et sentit une peur incontrôlable lui serrer la poitrine.

Somewhere to go || BokuAkaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant