Epilogue

84 6 2
                                    

Il faisait chaud ici, la chaleur de juillet remplissait chaque magasin, chaque appartement, chaque maison. Les gens avaient tellement chaud que la ville avait décidé de distribuer des brumistateurs d'eau gratuitement. La canicule était rude et très dure à supporter pour les personnes agées. La piscine municipale était remplie et atteignait à la première heure sa capacité maximale, et devait forcer certaines personnes bien trop habituées à quitter la piscine pour laisser la place à d'autres personnes.

Cette après-midi on avait décidé de se voir, une dernière fois, toute la bande, c'était une des journées les moins chaudes de juillet, la température contournait les 30 degrès, c'était plus agrèable que les deux dernières semaines. On se voyait tous chez Lucas, plus grand, plus confortable et surtout, il y avait une pièce alimentée de la clime, incroyable sensation en ce temps insupportable et une grande piscine dans le jardin. Je devais prendre un bus, encore quelque chose qui avait changé grâce à la canicule, c'était devenu gratuit. En soit, moi, j'avais une carte d'abonnement, mais en ce temps, attirer du minde était important, la mairie avait donc décidé cette nouvelle réforme. Entre plusieurs cartons de déménagement je trouvais ma paire de converse, je l'enfilais et partait.

Le trajet se fit rapidement, heureusement que la musique existe, un vrai bonheur dans les transports, ça évite beaucoup de choses, l'ennuie, les enfants qui pleurent, les gens qui parlent trop forts au téléphone car ils pensent qu'ils sont tous seuls, on va pas se mentir ça évite aussi que quelqu'un nous parle. Arrivé dans la rue de Lucas, je me mets à marcher plus vite en pensant à la douce température qui va faire irruption sur ma peau. Ca ne loupe pas, je franchis le pas de la porte restée ouverte et sens la fraîcheur sur moi. Quasiment tout le monde est là et ça me fait plaisir d'arriver en dernier, pour une fois. C'est vrai, quand t'arrives en dernier c'est à toi de tcheker tout le monde, mais là voir tout le monde réunit quand ça fait un moment que c'est pas arrivé ça fait réellement plaisir et on pense plus aux choses désagréables, surtout aujourd'hui en ce jour si spécial.

Soana était là avec son enfant, qui avait pratiquement trois ans bientôt, il était né le jour où Théo et Louise étaient partis vivre à Londres, mauvais timing comme on dit. Théo avait eu un diplôme dans son BTS de commerce qu'il avait repris dans la rentrée qui suivait ce qui avait changé notre vie. Il avait rapidement obtenu un job dans une grande enseigne de yaourt, il adorait ce qu'il faisait et se donnait à fond, personne ne l'avait vu comme ça, il était devenu sérieux, enfin c'était toujours notre Théo, quelques joints, quelques bières par-ci par-là mais il était devenu un vrai adulte. Ca avait aussi beaucoup responsabilisé Louise qui était peu mature, il faut dire ce qui est. Grégory était triste que son meilleur ami soit pas là pour la naissance de son fils, alors au bout d'une semaine là-bas, ils sont revenus en avion pour passer quelques jours en leur compagnie, Théo avait été demandé comme parrain, on avait fait une grosse soirée pour fêter ça.

La bande commençait à se diviser, dans le sens où chacun prenait enfin son envol.

Le petit Gwendal courrait partout, ils avaient choisis un prénom breton pour « toujours se rappeler des années passées ici, avec la bande, et tout ce qu'ils ont pu vivre ici, même s'ils partaient vivre ailleurs ». J'ai trouvé ça touchant. Il allait bientôt faire sa première rentrée, à Toulouse, ils avaient décidé d'aller là-bas pour que Grégory trouve un emploi rapidement, apparement le taux de chômage était un des plus faible là-bas, moi, j'attendais de voir si c'était vraiment le cas.

Dans un coin de la piéce assis par terre, son téléphone branché à une prise, Jéremie tapotait sur son tel, Lucas à ses côtés, il devait l'aider à faire quelque chose. Lucas lui allair rester à Rennes, continuer son master en journalisme qu'il avait entreprit et sûremen partir à l'étranger ensuite, il avait de la chance, ses parents étaient relativement aisés et il pouvait faire vraiment tout ce qui lui plaisir, et tant mieux pour lui, personne le jalousait. Jérémie, lui, c'était une autre histoire, il s'était mis à fond dans la musique et ça marchait vraiment pas mal en ce moment donc il allait sûrement bouger sur Paris ou quelque chose du genre.

Ca faisait un an que Lia n'était pas revenue ici, depuis son départ en fait, mais elle était bel et bien là, à côté de sa soeur, encore plus belle qu'avant, un rouge à levres rouge couvrait soigneusement ses lévres, un peu de noir sur ses yeux les mettez parfaitement en valeur. Elle était habillée d'un jean et d'un petit haut blanc avec des boutons, ses cheveux blonds avaient légérement poussés depuis la dernière fois et ça lui allait parfaitement bien. Même en ayant toujours préféré sa sœur physiquement, je l'ai toujours trouvé magnifique. Lia, elle, était partie aux Etats-Unis voir son père, pour renouer les liens j'imagine, elle avait continué ses études de médecine puis était partie faire médecin là-bas, dans un hôpital il me semble. Elle était très heureuse et nous envoyait une carte postale pour chacun de nos anniversaire depuis qu'elle était partie. Elle n'avait retrouvé personne, à notre grand desespoir, chaque fois qu'elle revenait ici elle passait par la tombe d'Alias y déposer quelques fleurs et surtout beaucoup de larme. Le deuil, même trois ans plus tard était toujours compliqué, la plaie ne s'était toujours pas refermée.

- Salut tout le monde, je commence à tcheker tout le monde. Je fais un petit bisou sur le front de Gwendal.

Tout le monde me dit bonjour, je m'assois à côté de Lucas et Jérémie. Ils m'expliquent que Jérémie est en train de gérer une meuf, plutôt mignonne d'après Lucas. Ils se seraient recontré à une soirée plutôt récente. Jérémie avait laché l'affaire depuis longtemps avec Lia, quand il avait compris que rien ne pouvait se mettre entre son amour pour Alias et elle.

Le jour de sa mort, on était tous comme ça, chez Théo et Louise, entourés de bières et de joints, on jouait à fifa quand Louise reçu un appel de Lia. Elle s'est directement éloignée, sans doute car elle avait directement compris qu'il y avait quelque chose qui n'allait pas. On avait mis pause sur notre match, tout le monde sentait qu'un truc n'allait pas. Elle arrêait pas de répéter « arrête de pleurer, calme toi, je comprends pas ce que tu dis » puis un moment, elle n'a plus rien dit, les larmes ont commencées à couler d'elle même sur ses jolies joues. Théo les essuyait au fur et à mesure, elle a raccroché sans un mot de plus. Elle nous a regardé et a dit d'un regard vide et d'un ton mort « Alias est mort, une voiture l'a renversé » puis elle est allée dans sa chambre. Je crois qu'à ce moment là, personne n'y croyait, on arrivait pas à réaliser ce qui se passait. Soana a appelé Alias, sûrement car elle n'y croyait pas, pour réaliser. Le téléphone sonnait, mais personne ne répondait au bout du fil, les larmes lui montérent aussi aux yeux. Un silence s'installa, un lourd silence, que personne n'osait briser, et personne ne voulait briser à la fois.

Lucas envoya un message à Lia du genre « reviens le plus vite possible ici, on veut te soutenir dans cette épreuve, on t'aidera pour l'enterrement » un truc comme ça. Finlement ce soir là, personne ne s'était vraiment rendu compte de ce qu'il se passait, c'était la phase du déni, à part peut-être Louise qui avait eu sa sœur au téléphone. C'est au cours des jours suivants qu'on s'est rendu compte, Lia était rentrée ici, elle ne sortait plus de chez sa sœur, passait ses journées à pleurer. Lucas restait souvent avec elle pour la soutenir, dormait avec elle pour la calmer dans ses cauchemars. Elle revoyait le corps d'Alias par terre, avec du sang. Depuis il allait souvent aux Etats-Unis pour la voir et on se doutait donc tous qu'une fois qu'il partirait à l'étranger comme il l'avait dit, il irait la rejoindre

- Alors Kiyane t'as choisis ce que tu fais l'année prochaine finalement ?

- Je déménage, je vais pas loin de ma famille maternelle à côté de Mulhouse, j'ai trouvé un travail dans un magasin de disque, on verra bien où le vent me portera ensuite, je réponds.

Je voulais pas leur dire au revoir, mais changer d'air, voir autre chose me fera du bien, et puis tout le monde est déjà parti ou prêt à partir et je ne veux pas rester seul ici.

L'après-midi se passa bien, on sentait une ambiance un peu nostalgique, les au revoir étaient proches, ça se sentait. Tout le monde se fit un calîn et on partait tous au fur et à mesure, les larmes aux yeux, une page de ma vie se tournait.

Timide mais terribleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant