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NOAM

J'acquiesçai, attentif, et elle débuta sans préambule :

- Tout a commencé, il y a quatre ans. Mes deux parents, en bons policiers, poursuivaient un couple de tueurs qui conduisait une voiture volée. A un moment, ils ont perdu le contrôle du véhicule et ont percuté un camion de plein fouet. La voiture a explosé et ils ont été carbonisés. Mes parents ignoraient qu'il y avait un enfant sur la banquette arrière, ce sont les pompiers qui l'ont extrait de la voiture, une fois arrivée sur les lieux de l'accident. Il était gravement blessé mais il avait survécu. Mes parents ont décidé de l'adopter car ils se sentaient responsable. Je l'ai aimé dès l'instant où ils me l'ont présenté. A dix ans, Priam était haut comme trois pommes mais avait déjà un sacré caractère ! Mais même s'il est un peu brusque parfois, il sait la différence entre une bonne et une mauvaise action. Il a eu tant de mal à faire table rase du passé...

J'attendis qu'elle poursuive son récit mais sa phrase resta en suspens. Je voyais à son regard qu'elle était submergée par une grande vague de souvenirs.

Je levai le doigt timidement pour prendre la parole. Je commençai avec douceur :

- Les parents de Priam étaient des tueurs, d'accord. Tu n'as pas envie que Augustin le crie sur tous les toits, ce que je comprends parfaitement. Seulement, Priam n'a pas choisis ses origines, Augustin ne peut pas lui faire payer pour les crimes que ses parents ont commis. Alors...

Une larme roula sur sa joue et je compris aux tremblements de ses lèvres que la situation était bien plus grave que je ne l'estimais.

- Priam a déjà tué, Noam.

Sous le choc, je ne parvins pas à aligner deux mots. Achillia faisait preuve d'un sang-froid étonnant. A sa place, j'aurais sûrement perdu la tête.

- Priam n'avait que neuf ans lorsque son père lui a demandé d'abattre un homme, ajouta-t-elle. Le pauvre enfant aura cette mort sur la conscience pour le restant de ses jours.

De sombres pensées se bousculaient dans ma tête. La tristesse de mon amie était palpable et je ne pouvais rien y changer. Je me sentais aussi malheureux pour son petit frère qui n'avait pas eu de chance. Achillia voulait le protéger de son passé, cela faisait-il d'elle sa complice ? Dans sa situation, comment aurais-je réagi ?

- J'aime mon frère, Noam, continua-t-elle, sans se rendre compte de mon trouble. Je ne veux pas le perdre. Nous allons partir. Je ne voulais pas te le dire car je savais que tu essayerais de me retenir.

- Où comptes-tu aller ? demandai-je, la gorge sèche.

- Je ne sais pas encore.

Le désespoir me serra le cœur. Tout allait de travers.

- Quand... ?

- Le plus tôt possible.

Sa réponse me fit l'effet d'une gifle.

Ce que je ressentais pour elle allait bien au-delà de toutes ces révélations. Le lui dire l'empêcherait-elle de s'éloigner ?

- Hum. Il y a comme une odeur d'âmes en détresse dans le coin !

Achillia se retourna et je suivis son mouvement.

- L'Enchanteresse aux Tic Tac !

- La Fée Clochette ! m'exclamai-je en même temps que mon amie.

Elle se tenait sur la dernière marche de l'escalier et nous devions nous dévisser le cou pour la regarder. Elle avait toujours ce sourire bienveillant.

- Tu la connais ? s'écria Achillia, les yeux ronds.

- Elle... Elle était infirmière à l'étage où j'étais hospitalisé. Et toi, comment tu la connais ?

Rien que nousOù les histoires vivent. Découvrez maintenant