35

2 1 0
                                    

NOAM

Sentant quelque chose vibrer sous ma joue, j'écartai l'oreiller pour prendre mon téléphone. J'étais réveillé depuis longtemps mais n'arrivais pas à me sortir du lit. Je bondis en lisant le message d'Achillia.

Moi qui avais tant espéré une semaine tranquille...

Mes recherches de la veille sur Philip Chevalier n'avaient rien donné, me décourageant plus que je ne voulais l'admettre.

Je descendis jusqu'à la cuisine d'un pas traînant.

- On se demande ce que tu fais de tes nuits, vu la tête que tu tires.

- Bonjour, Adrien.

- Maman a laissé un message sur le répondeur pour dire qu'elle découcherait. Tu le savais ?

Je fronçai les sourcils.

- Non...

Un souvenir me revint brusquement et j'ouvris de grands yeux.

- Oui !

Adrien me regarda courir jusqu'à l'entrée où le téléphone fixe était posé sur un petit meuble en marbre. J'appuyai sur la touche étoile pour écouter la messagerie.

- Vous avez quatre nouveaux messages et deux nouveaux appels en absences... annonça la voix féminine synthétique.

Je passai les deux premiers messages sans importance pour écouter le troisième.

« Bonjour, monsieur Chance. Je m'appelle Philip Chevalier, j'ai... j'ai besoin de vous voir très vite... S'il vous plaît, recontactez-moi au... »

Les yeux ronds, je notai le numéro sur le répertoire à côté du socle du téléphone. Ce Philip avait l'air jeune, dans les vingt ans peut-être, et très nerveux. Je tenais mon premier suspect.

- Noam, tu pourrais me dire ce qui se passe ?

- Ce type qui a laissé un message, il est lié à la tentative de meurtre sur notre père. J'en suis quasiment certain.

Adrien s'assombrit aussitôt.

- Tu devrais laisser la police faire son travail, Noam.

- Les policiers n'ont pas mon don. Je suis plus efficace qu'eux.

Je me téléportai juste derrière lui dans la cuisine pour appuyer ma tirade.

- Ce don ne te rend pas indestructible, tu sais ?

- Qu'importe. Je ne veux pas le neutraliser, juste lui poser des questions.

Je pris une pomme bien verte dans la corbeille de fruits et en croquai un morceau.

- J'ai vu tous les poèmes sur ton bureau. Pourquoi tu ne remets pas à Achillia ce que tu lui as écrit ? Tu devais tout lui avouer lundi dernier si ma mémoire est bonne ?

Je soupirai.

- J'ai essayé, Ad mais... ma priorité a... changé. Je dois retrouver celui qui a tenté de tuer notre père.

- Et bientôt tu mettras une cape et des collants et tu iras jouer au justicier, c'est ça ? railla mon frère avec sarcasme.

- Je suis navré mais cette joute verbale en restera là, je suis en retard.

Il m'attrapa par l'épaule avant que je referme la porte derrière moi.

- Ce pouvoir que tu as, tu dois y faire attention. Il te rend plus fort mais pas invincible, insista-t-il.

- Oui, Maître Adrien.

Les yeux dans le vague, je ruminais ma conversation avec Adrien en attendant l'arrivée de mon amie. Ce n'est que lorsqu'Achillia me tira la langue que je me rendis compte de sa présence.

Rien que nousOù les histoires vivent. Découvrez maintenant