NOAM
Une semaine.
Cela me rendait fou.
Sept jours qu'elle était dans le coma.
A l'hôpital, je ne pouvais la voir que quinze minutes par jour. C'était si douloureux de la voir branchée à tous ces tuyaux !
La sonnerie retentit enfin, signalant la fin du cours. Devant le lycée, Adrien m'attendait.
- Rentre sans moi, je vais à l'hôpital.
- Je viens avec toi, Noam, dit Adrien. C'est mon amie aussi.
Je me reculai.
- Non. Ne t'avise pas de me suivre.
- Noam...
- Laisse-moi tranquille ! criai-je.
Quelques élèves nous dévisagèrent avant de monter dans le bus. Il n'avait pas encore démarré que je courais déjà à toute vitesse. Prenant les petites rues, j'arrivais à l'hôpital en moins de temps qu'il ne faut pour le dire, ou presque.
Achillia n'avait pas bougé de son lit, évidemment. Sa peau avait perdu son hâle naturel et elle était pâle comme la mort. Je m'assis sur la chaise, réprimant mon envie de la toucher. Les médecins avaient été très clairs à ce sujet, les personnes dans le coma étaient particulièrement sensibles aux germes.
- Bonjour, Achillia.
C'était mon petit rituel quotidien. Commencer par la saluer. J'avais lu quelque part que les comateux entendaient ce qui se passait autour d'eux. Elle savait donc que je ne l'avais pas laissée une seule journée.
- Reviens-moi, Achillia. Je ne sais plus quoi faire. Je ne suis plus le même. La haine grignote mon cœur petit à petit, je le sens. Il n'est plus qu'un infime morceau de chair. Il va finir par disparaître si tu ne reviens pas.
Je me tue et patientai dans l'espoir qu'un miracle se produise et qu'elle ouvre les yeux. Nothing.
- Je voulais te garder avec moi à la maison, Achillia. Ad m'a convaincu de t'amener ici. Avant que je ne le fasse, je t'ai embrassé. Je voulais que tu réagisses comme l'autre nuit...
Je ris amèrement.
- Que faut-il que je dise pour que tu te réveilles ? Je suis désolé de t'avoir abandonné. C'était un accident. Je ne savais pas que la téléportation te rendait malade. Bon sang... si seulement je pouvais prendre ta place ! Je n'ai plus goût à rien ces derniers temps. Il faut que tu reviennes. Je n'ai pas réussi à sauver Priam et ça me rend fou de penser que je vais peut-être te perdre aussi. Je ne suis pas prêt pour ça. On commençait tout juste à être proche...
J'essuyai mes yeux du revers de ma manche et déposai une enveloppe sur la table de nuit.
- C'est de la part de Kensei. Peut-être préféreras-tu lui parler à lui plutôt qu'à moi.
Depuis que sa sœur était dans le coma, Priam rendait la vie d'Adrien infernale. J'avais tendance à oublier que je n'étais pas le seul à souffrir dans cette histoire. Je repris plus calmement.
- L'anniversaire d'Achillia est dans deux jours. Tu veux bien m'aider pour les préparatifs ?
- Compte sur moi.
- Merci.
Sur ce, je me téléportai à l'étage.
- Jasmine, appelai-je.
Un ange passa.
- Jasmine ! répétai-je en criant presque. Je sais que vous me surveillez ! Montrez-vous !
Les secondes s'écoulèrent.
- JASMINE !
Elle se matérialisa enfin. Son visage était grave contrairement à l'accoutumé.
- Je sais ce que tu vas me demander Noam et je ne peux pas accepter.
- Pourquoi ?
- L'esprit d'Achillia est coincée dans une... faille temporelle et son corps a mal encaissé ta dernière tentative de téléportation. Je ne peux ni t'y emmener ni la ramener. Tu as trop usé de ton pouvoir. Mais... si le souvenir d'Achillia est trop douloureux, je peux... effacer ta mémoire.
Je n'en revenais pas de sa proposition. L'idée même m'était insupportable.
- C'est hors de question ! Il y a forcément une autre solution ! Vous vous êtes bien gardée de me parler de cette faille temporelle quand vous m'avez offert ce pouvoir ! Achillia a déjà tellement souffert, elle ne méritait pas ça !
- C'est à elle de revenir, Noam. C'est mon dernier mot.
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Rien que nous
ParanormalNoam aurait pu être un lycéen comme les autres. Il aurait pu prétendre ne pas aimer la belle et mystérieuse Achillia et ignorer son tout nouveau don de voyager dans le temps. Mais ne commet-on pas les pires folies par amour ? A l'image de ses héros...