ACHILLIA
En ouvrant la porte, je vis les chaussures de Priam dans l'entrée.
- Je suis là, annonçai-je.
- Et moi ici, répondit mon frère depuis le salon.
Je souris en le voyant devant le téléviseur, manette en main mais m'assombris aussitôt en me rappelant l'avoir vu dans le restaurant.
- Tu es rentré depuis longtemps ? Où étais-tu ?
- J'étais chez un copain. Je suis rentré depuis peu.
Mensonge.
J'hésitai à lui poser des questions mais décidai finalement de ne pas insister.
Lundi matin, en retard comme à mon habitude, j'ouvris les volets. Aucune enveloppe ne se trouvait sur le rebord de ma fenêtre et je soupirai, déçue.
- A ce soir, Priam ! m'exclamai-je en enfilant mes baskets.
- Hum, répondit-il du salon.
En ouvrant la porte, je tombai sur Noam, le poing levé.
- Noam !
Il baissa le poing et sourit.
- On est synchro aujourd'hui.
- Oui, acquiesçai-je en refermant derrière moi. Je pensais que tu serais resté auprès de ton père. Comment va-t-il ?
- Ça va. Il se remet vite.
- Tant mieux.
- Et toi, comment s'est passé ton dîner ?
- Kensei a eu un imprévu, j'ai dîné seule mais c'était délicieux. La serveuse a été très gentille.
Il hocha la tête et le silence se fit durant le reste du trajet jusqu'au lycée. Quelque chose semblait le chagriner mais je n'osais pas lui demander quoi.
Une scène tournait en boucle dans ma tête : Priam qui dînait au restaurant avec un homme d'affaires mystérieux. Etait-il possible que je me sois trompée ? Pouvait-il seulement s'agir de quelqu'un qui lui ressemble ? Pourquoi m'aurait-il menti ? Pourquoi fréquenterait-il un homme d'affaires ?
Noam étant déjà préoccupé par ses propres problèmes, je n'allais pas en rajouter.
- Je..., commença mon ami.
- Oui ?
- Non...rien, je... baffouilla-t-il, j'ai préparé deux Bentô, nous pourrons faire comme la semaine dernière.
- Avec plaisir.
- Je suis désolé que ta soirée de samedi ait été gâchée.
Je secouai la tête.
- Ce n'est pas ta faute.
Il eut un regard étrange, indéchiffrable. Puis, il est redevenu silencieux et pensif. Lui qui était si joyeux habituellement, le voir morose me serrait le cœur.
Dans le hall, nous avons croisé Adrien mais il a fait comme si nous n'existions pas. L'ambiance était du tonnerre en ce moment avec les frères Chance... En même temps, me dis-je, je serais moi aussi de mauvais poil si ç'a avait été un membre de ma famille qui s'était retrouvé à l'hôpital.
La matinée passa en un éclair et avant que j'aie eu le temps de m'en rendre vraiment compte, Noam et moi étions sur le toit de la gare en train de manger.
- Félicitations, Chef ! Ce que tu as préparé est un véritable régal !
Il haussa les épaules en rougissant, imperceptiblement.
- Adrien m'a un peu aidé.
Je croquai une rondelle de concombre.
- A la maison, c'est Priam qui cuisine la plupart du temps. C'est un vrai cordon bleu, souris-je.
Priam...
Je me mordis les lèvres, hésitante. Devais-je parler à Noam de mon frère ? A quoi cela servirait-il ? Qu'est-ce que cela changerait ? Que penserait-il de moi si je lui disais que je doutais de mon propre frère ?
Je m'apprêtai à ouvrir la bouche, lorsqu'il prononça d'une petite voix :
- Jasmine.
Je haussai les sourcils.
- Quoi ?
- Elle était à l'hôpital samedi soir, déguisée en serveuse. Elle m'a dit quelque chose de vraiment étrange.
Je fronçai les sourcils, attendant la suite. Voilà qui expliquait l'attitude distraite de mon ami et pourquoi il n'était pas très loquace depuis le début de la matinée.
- Qu'est-ce qu'elle t'a dit ?
- Qu'il y avait un traître parmi mes proches.
- Je vois, grimaçai-je. Ce n'est pas très rassurant.
- La seule personne dont je sois réellement proche, ajouta-t-il dans un souffle, est près de moi en ce moment même. Je sais que ce n'est pas toi, Achillia.
Je levai brusquement la tête, sentant mes joues s'empourprer. Etait-il en train de me faire une déclaration cachée ? Il avait été très solennel et je voyais bien à son regard qu'il ne plaisantait pas.
Ne trouvant rien de plus spirituel, je répondis :
- Ah... merci.
Mentalement, je me tapai sur la tête avec une petite massue. Quelle idiote !
Ma réaction le fit sourire. Après avoir rangé nos Bentô vide dans son sac à dos, il se releva et me tendit la main. Je la pris sans hésiter.
- Noam, ferme les yeux, dis-je sur une impulsion.
Il s'exécuta et je plantai un rapide baiser sur sa joue. Il ouvrit de grands yeux surpris qui me donnèrent envie d'éclater de rire mais je me retins.
- A... Allons en... en cours, balbutia-t-il.
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Rien que nous
ParanormalNoam aurait pu être un lycéen comme les autres. Il aurait pu prétendre ne pas aimer la belle et mystérieuse Achillia et ignorer son tout nouveau don de voyager dans le temps. Mais ne commet-on pas les pires folies par amour ? A l'image de ses héros...