28

4 1 0
                                    

ACHILLIA

Traverser le temps

avec la magie de la pensée

et t'aimer encore

Kensei


"Très chère Achillia,

Je songe depuis un moment à te dire la vérité.

Je crois que l'heure des révélations a sonnée.

Je te propose de nous retrouver ensemble au restaurant Oki'

le 5 février à 20 heures, table 19.

Tu sauras enfin qui je suis."


Je poussai un cri de joie, comme si je venais de gagner au loto et embrassai l'enveloppe, tout excitée. Kensei me proposait un rendez-vous !

Priam leva le nez de son bol de céréales, les yeux encore tout ensommeillés. Nous n'étions pas en avance ni l'un ni l'autre mais peu importait.

Je passai en vitesse à la salle de bains et revins l'embrasser sur le front, le poème-lettre de Kensei toujours en main.

- A ce soir, petit frère. Sois sage.

Il grogna qu'il n'était plus un gamin et je refermai la porte d'entrée derrière moi, toute joyeuse. J'avais hâte d'en parler à Noam. Au moment même où je pensais à lui, mon portable sonna.

- Achillia, où es-tu ?! les cours commencent dans dix minutes !

- Je sais, je sais !

- Ne bouge pas, j'arrive !

L'instant suivant nous étions tous les deux au lycée, devant la classe. Par chance, il n'y avait personne pour voir mon teint vert-nausée.

- Merci, Noam... dis-je, une fois la sensation de vertige dissipée.

- Qu'est-ce que c'est ? chuchota Noam.

Je tenais encore la lettre-poème de Kensei à la main.

- Ça, c'est une bonne nouvelle, répondis-je, un sourire jusqu'aux oreilles. Kensei me propose un rendez-vous.

- Vraiment ?

Je hochai la tête avec vivacité.

- Oui ! Je trépigne d'impatience d'être à samedi.

- Tu n'as pas peur qu'il ne soit pas comme tu l'imagines ?

- Qui qu'il soit, je suis sûr qu'il me plaira, affirmai-je avec fermeté.

L'estomac noué, je mis presque vingt minutes pour me rendre au restaurant Oki' avec mes talons vertigineux. Je n'étais plus du tout sûre de la tenue que j'avais choisie pour cette soirée spéciale. Une robe-bustier en satin rouge ce n'était peut-être pas idéal pour un restaurant japonais ? Et si Kensei me trouvait ridicule, ou pire, vulgaire ?

L'établissement se trouvait à l'angle d'une rue du quartier Ouest de la ville. Très discret, je l'avais repéré grâce aux lampions en papier rouges suspendus à l'enseigne. Deux petits pandas très mignons étaient peints sur les portes en verre ce qui me fit sourire. Kensei me connaissait assez pour savoir que cela me plairait. Sur le côté, il y avait une statuette de Bouddha qui tenait une plaque avec une inscription en chinois qui signifiait certainement « Bienvenue ».

Ignorant les palpitations de mon cœur, j'entrai... pour ressortir aussitôt.

- Ce n'est pas possible, murmurai-je en regardant à travers la porte.

Rien que nousOù les histoires vivent. Découvrez maintenant