NOAM
Je rentrai chez moi en courant, mon sac à dos au-dessus de la tête. Maigre moyen de me protéger de la pluie.
Jetant mon sac sur le sofa dans le salon, je retirai mon pull et passai prendre de quoi manger à la cuisine.
Une mélodie retentit au premier étage et je levai les yeux au plafond, perplexe. Adrien avait pourtant abandonné le piano depuis longtemps...
A pas de loups, je me rendis jusqu'à la chambre de mon frère et collai mon oreille contre la porte. Je connaissais cet air pour l'avoir entendue une bonne centaine de fois mais j'étais bien incapable de mettre un nom dessus. J'attendis qu'elle se termine pour frapper.
- Entre Noam, grogna Adrien de l'autre côté.
Je souris malgré moi en ouvrant. Il était debout devant son piano et...
Mon frère poussa un soupir à fendre l'âme et je pinçai les lèvres pour ne pas rire. Je m'assis ensuite sur son lit, prenant soin d'écarter les partitions éparpillées dessus. J'aurais été bien en peine de les déchiffrer alors je ne regardais que les titres. God save the Queen, Souvenir russe, Wherever you will go, Numb et même Can you feel the love tonight.
Adrien s'assit devant son piano, dos au clavier.
- Explique-toi. Je sens que tu meurs d'envie de t'épancher.
Je lui résumai la situation en quelques mots. Habituellement, mon imprudence l'énervait et je voyais dans son regard une lueur meurtrière. Pas cette fois-ci.
- Donc, conclus-je. Achillia est vraiment très près de découvrir qui je suis. Enfin, qui est Kensei, ajoutai-je comme si la situation n'était pas assez claire à ses yeux.
Il parla avec calme ce qui me fit me poser des questions. Mon frère habituellement si grincheux était parfaitement serein... Qu'est-ce qui avait bien pu causer ce changement... ?
-Tu m'écoutes ? Grogna-t-il.
Je revins sur Terre.
-Pardon, Ad. Tu disais ?
- Je ne vais pas te répéter encore une fois de lui dire la vérité puisque de toute évidence, tu ne m'écoutes pas.
Je m'installai à table et commençai à écrire. Assis par terre devant le téléviseur du salon, Adrien jouait avec une balle de tennis, l'air de s'ennuyer à mourir.
- Noam, pourquoi tu n'utilises pas le téléphone comme tout le monde ?
Je lui lançai un regard noir tout en rayant une phrase. Il haussa les épaules, prit une bande dessinée traînant sur le rocking-chair et s'allongea sur le sofa. Je n'avais aucune envie de bavarder. Au vu des aveux que je devais faire à Achillia, je trouvais mes phrases plates, creuses, insignifiantes. Je n'arrivais pas à traduire mes pensées sur le papier. Peu importait la tournure de mes phrases, elle serait fâchée, peut-être même blessé que j'ai joué la comédie tout ce temps.
- Pourquoi tu ne lui proposerais pas un rendez-vous ?
Je me retournai vers mon frère mais ne lui répondis pas tout de suite.
En effet, c'était une idée.
Toute l'après-midi, j'avais écouté différents groupes de rock pour me détendre. The Fray et Sugar Ray surtout. C'était mon unique remède contre l'anxiété. J'évitais de penser à la réaction qu'aurait Achillia en me voyant et les conséquences qui en découleraient.
Dans une heure, ma vie était sur le point de changer. J'espérais pour le mieux.
La sonnerie du téléphone du salon me sortit de ma rêverie.
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Rien que nous
ParanormalNoam aurait pu être un lycéen comme les autres. Il aurait pu prétendre ne pas aimer la belle et mystérieuse Achillia et ignorer son tout nouveau don de voyager dans le temps. Mais ne commet-on pas les pires folies par amour ? A l'image de ses héros...